La question de la prolifération nucléaire est considérée comme primordiale mais n’est citée que trois fois dans le document. Au passage, s’il est question de défense antimissiles, c’est soit de théâtre et en mettant en avant la nécessité de disposer d’une capacité de détection, soit dans le cadre de l’OTAN. La menace de la prolifération nucléaire est bien moins citée que le terrorisme, reconnu au passage comme mode d’action.

On notera l’apparition dans le lexique stratégique des « menaces hybrides », uniquement considérées comme devant être le fait d’acteurs non-étatiques et devant s’entrevoir dans des phases de transition. Fréquemment traitées dans DSI elles nécessitent, paradoxalement, une réelle masse de combat pour leur traitement, en plus de modes de combat voire de structures adaptés. A l’aune de l’histoire, elles sont un mode de combat en soi et non le résultat d’une transition dans l’emploi de la force.

Au surplus, on peut sans doute douter de la pertinence de cette interprétation face aux exemples historiques et quasi-étatiques (Hezbollah, Polisario, Serbes de Bosnie, LTTE) voire étatiques (en Chine, les forces côtières ou les milices « de dissuasion populaire de troisième génération » ; l’Allemagne nazie durant la bataille de Berlin). Par ailleurs, pour nombre de groupes irréguliers, les opérations hybrides sont un mode de combat en soi, impliquant une stratégie des moyens propre ayant des ramifications dans les domaines du combat mais aussi en termes de stratégie médiatique ou d’influence.

Au-delà, la cyberdéfense est largement prise en compte, bien plus qu’en 2008. Les problèmes potentiels vont du renseignement adverse par le biais des réseaux jusqu’à la possibilité future de destruction de nos infrastructures ; le spectre retenu est donc le plus large qui soit. Pour contrer les problèmes rencontrés, il s’agira de déterminer l’origine des attaques (une gageure en la matière), d’organiser la résilience de la nation mais aussi de pouvoir répondre par des actions offensives.

Plus largement, le rôle du renseignement est conforté, y compris par un meilleur partage des capacités entre les divers organismes, la place du coordonateur (comme de l’Assemblée nationale, en matière de contrôle) sera renforcée. On notera que la fonction stratégique « anticipation », dont la pertinence avait fait débat en 2008, est conservée, devenant même la première des fonctions stratégiques.