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Donald Trump : un président à la tête d’un empire économique

Contre toute attente, l’homme d’affaires et candidat républicain Donald Trump a été élu 45e président des États-Unis le 8 novembre 2016. Au-delà de son programme ou de sa forte personnalité, l’individu interpelle par sa fortune estimée à plus de 3 milliards de dollars, son patronyme étant devenu une marque. Mais de quoi Donald Trump est-il le patron ?

Donald Trump est un homme riche. Selon la dernière enquête du magazine Forbes de septembre 2016, sa fortune personnelle est estimée à 3,7 milliards de dollars (environ 3,5 milliards d’euros). Le journal précise cependant qu’il a perdu 800 millions de dollars en un an, ce que conteste l’intéressé, qui évalue sa richesse à 10 milliards de dollars.

Un héritier ambitieux

Homme d’affaires ambitieux, le nouveau président est à la tête de la Trump Organization, conglomérat de plus de 500 sociétés dont il est l’unique ou le principal propriétaire. C’est dans le secteur de l’immobilier que le groupe a fait sa réputation grâce à d’imposantes constructions aux États-Unis (immeubles, palaces, hôtels, casinos, golfs) et à l’étranger (Inde, Turquie, Uruguay, entre autres) (cf. carte). Cette réussite fut un argument de campagne pour le républicain, qui démontrait ainsi sa capacité à diriger tout en créant de l’emploi dans le pays. Mais l’empire Trump ne fut pas fondé par Donald, et les projets n’ont pas tous été une réussite.

La Trump Organization a été créée en 1923 par sa grand-mère, Elizabeth Christ Trump (1880-1966), pour gérer les investissements immobiliers du mari de cette dernière, Frederick Trump (1869-1918). C’est avec son fils, Frederick (1905-1999, dit Fred et père de Donald), qu’elle dirige ce qui se nomme alors l’Elizabeth Trump & Son. Ensemble, ils investissent dans l’immobilier new-yorkais, notamment à Brooklyn et dans le Queens. Fraîchement diplômé en économie de l’université de Pennsylvanie, le jeune Donald (né en 1946) commence à y travailler en 1968 avec l’objectif de faire croître l’entreprise. Soutenu par les fonds et les réseaux familiaux, il multiplie les acquisitions foncières à Manhattan, la partie la plus aisée de New York, puis décide d’investir dans le secteur des casinos. Sa stratégie s’avère payante : selon les estimations, la Trump Organization pèse un milliard de dollars dès la décennie 1980. Le nom de Trump est associé à la réussite, à l’image du nouveau siège que Donald inaugure en 1983 sur la 5e Avenue de New York : la Trump Tower, haute de 58 étages.

Les premières difficultés arrivent au début des années 1990 avec la crise du secteur immobilier. Le groupe s’est endetté à hauteur de 9 milliards de dollars et la dette personnelle de son dirigeant s’élève à 975 millions. Donald Trump est obligé de céder une partie de ses propriétés et de restructurer la dette de son groupe. Mais le magnat en profite pour diversifier ses activités en faisant du nom familial une marque commerciale dans le transport aérien (Trump Shuttle), l’alcool (Trump Vodka), les jeux de société (« Trump : The Game »), la presse (le magazine Trump), l’alimentation (Trump Steaks), l’éducation (Trump University), la téléréalité (The Apprentice), l’édition (certains livres sont de vrais best-sellers, vendus à plusieurs millions d’exemplaires) ou le sport (Trump Tour de cyclisme). Toutes ces activités ne connaissent pas le succès – Trump disparaît des kiosques en 2009 après deux ans d’existence ; Trump Shuttle s’arrête en 1992 après cinq années d’activité, entre autres – mais, selon Forbes, la marque rapporterait 125 millions de dollars par an au milliardaire, un chiffre que ce dernier estime à 3 milliards.

Risques de conflits d’intérêts

Le nouveau président parviendra-t-il à se consacrer à ses fonctions politiques ? Une partie de la presse américaine évoque de possibles conflits d’intérêts. En effet, une fois élu, Donald Trump a confié ses activités à une structure financière indépendante le privant de tout droit de regard sur son groupe, mais y a judicieusement placé ses enfants aux postes de direction. De plus, les premiers actes du président élu inquiètent : au cours d’un entretien le 12 novembre 2016 avec Nigel Farage, figure du parti indépendantiste britannique UKIP, Donald Trump lui aurait demandé de militer contre l’installation d’un projet de parc éolien en Écosse, dans une zone où… le milliardaire détient un golf.

Par ailleurs, le niveau d’endettement de la Trump Organization crée un risque de dépendance vis-à-vis des institutions financières. Depuis 1998, Donald Trump a obtenu 2,5 milliards de dollars de prêts de la Deutsche Bank pour financer ses activités. Or la banque allemande est mise en cause aux États-Unis pour son rôle dans la crise de 2008 et risque une lourde amende pouvant aller jusqu’à 15 milliards de dollars. L’administration Trump sera-t-elle plus indulgente avec le créancier du président ? La question mérite d’être posée, et d’autres s’imposeront, car les ramifications de la holding qui chapeaute les activités du milliardaire, n’étant pas cotées en Bourse, restent entourées de mystère. 

Cartographie de Laura Margueritte

Article paru dans Carto n°39, janvier-février 2017.
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