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La Chine change-t-elle de posture stratégique ?

Par Alexandre Sheldon-Duplaix, service historique de la défense (3). Article publié dans DSI n°123, mai-juin 2016.

Le 31 décembre 2015, l’Armée Populaire de Libération (APL) (1) a entrepris une 11e réorganisation (2) qui semble libérer la marine et l’armée de l’air de la tutelle de l’armée de terre. Plus simple, la nouvelle structure favorise une réaction rapide à une crise, en particulier outre-mer. Les trois services seront appuyés par la Force des missiles (4) (conventionnels et nucléaires) – anciennement la Seconde Artillerie – et par la toute nouvelle Force de soutien stratégique (5), qui contrôle l’espace et le spectre électromagnétique.

En mettant sur cale un second porte-avions, en construisant une première base à Djibouti et en évoquant la possibilité de conclure des alliances, la Chine semble changer de posture stratégique pour défendre ses intérêts au-delà de son espace régional. Cette évolution coïncide avec l’initiative écono- mique d’une « route maritime de la Soie pour leXXIesiècle»enocéanIndien,parallèlement à la « route de la Soie pour le XXIe siècle » sur le continent eurasiatique, l’une et l’autre ren- forçant l’influence de la Chine sur les routes de l’Afrique et de l’Europe.

La 11e réforme de l’APL

En novembre 2013, à l’occasion de la 3e session plénière du 18e comité central du parti, le président Xi Jinping jetait les grandes lignes de la 11e réforme de l’APL : « Nous allons chercher à résoudre les problèmes liés au développement de la défense nationale et des forces armées [en] approfondissant l’ajustement et la réforme de l’organisation administrative et de son personnel ». L’objectif est « d’optimiser la taille et l’organisation de l’armée, de l’ajuster et d’améliorer l’équilibre entre les services et les branches pour réduire les institutions et les personnels non combattants (6) ». En septembre 2015, à l’occasion de la parade militaire à Pékin, il annonçait une réduction de 300 000 hommes des effectifs de l’armée, pour ramener les effectifs totaux à deux millions après la dissolution d’unités équipées d’armements obsolètes et le départ de personnels non combattants (7).

À partir de décembre, les sept régions militaires [军区] sont remplacées par des « théâtres de guerre » [战区] appelés « commandements de théâtre » sur le site en anglais du ministère de la Défense (8). Le comité central annonce la création d’un commandement des opérations interarmées (9) sous les ordres de la Commission militaire centrale. Le chef du nouvel état-major interarmées est nommé chef d’état-major (10) [参谋长] alors que son prédécesseur au sein de l’ancien département de l’état-major général devient chef de l’état-major général [总参某长] (11). Chacun des cinq théâtres remplaçant les sept régions militaires possède également un com- mandement interarmées des opérations (12). Xi Jinping explique que les nouveaux commandements de théâtre seront dirigés par la Commission militaire centrale, indépendamment de la chaîne de commandement administrative qui va de la Commission militaire centrale aux états-majors de chaque service et descend jusqu’au niveau des unités (13). La création d’un « départe- ment des opérations outre-mer » au sein de la Commission militaire centrale vise à coordonner et accélérer les déploiements de troupes outre-mer (14). Le 1er février, la Commission militaire centrale nomme les commandants et commissaires politiques des cinq théâtres. Les experts américains Kenneth Allen, Dennis Blasko et John Corbett pensent que l’ordre de préséance placerait l’Est en premier [东部], devant le Sud [南部], l’Ouest [西部], le Nord [北部] et le Centre [中部] (15). L’Est et le Sud sont responsables des conflits de souveraineté en mer de Chine de l’Est face au Japon et à Taïwan et en mer de Chine du Sud.

Trois « services » et deux « forces »

La nouvelle organisation compte trois services [军/ 军种], l’armée de terre, l’armée de l’air et la marine, et deux forces [部队], la Force des mis- siles et la Force de soutien stratégique. Le 31 décembre 2015, une cérémonie marquait la création de ces deux forces, ainsi que celle du nouveau commandement de l’armée de terre. La désignation comme « Force des missiles » de l’ancienne Seconde Artillerie correspondrait à un souci de transparence (16). Comme par le passé, la Commission militaire centrale a l’autorité pour déclencher le feu nucléaire. Certains analystes pensent que la Force des missiles contrôle également les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). Mais comme la marine est qualifiée de « service stratégique » dans le livre blanc de 2013, on peut considérer qu’elle contrôle l’emploi des SNLE sous les ordres directs de la Commission militaire centrale.

Avant janvier2016, l’APL s’identifiait à l’armée de terre, dominant les autres services, l’armée de l’air et la marine, qui lui étaient subordonnés au travers des quatre départements de l’état-major général, de la logistique, de l’armement et du travail politique. Après janvier 2016, l’armée de terre paraît abaissée au même rang que les autres services, même si, dans la pratique, elle continue à écraser, au moins par ses effectifs, tous les autres services (17). Les quatre anciens départements sont divisés en quinze départements fonctionnels directement rattachés à la Commission militaire centrale : sept départements ou bureaux, trois commissions et cinq bureaux ou agences (18). Xi Jinping impose un nouvel état-major des forces armées avec une structure centrale qui lie la Commission militaire centrale, les états-majors de chaque service et les forces. Avec cette réorganisation, la Commission militaire centrale non seulement assure le commandement opérationnel, mais prend le contrôle de l’administration de l’APL, mettant un terme à la relative autonomie des quatre anciens départements (19).

Gagner une guerre informatisée

Selon Yin Zhuo, la mission principale de la Force de soutien stratégique consiste à appuyer les opérations de combat pour permettre à l’APL de « gagner un avantage régional dans une guerre spatiale, cybernétique et électromagnétique ». La Force de soutien stratégique répond au besoin d’opérations opposant des systèmes d’information à d’autres systèmes d’information. Gagner une guerre informatisée se substitue à l’objectif de gagner une guerre mécanisée (20). Les missions incluent « la détection et la poursuite de buts spatiaux, la reconnaissance, la navigation, la gestion du système de sa- tellite de navigation Beidou, des moyens de reconnaissance spatiaux, et la défense de l’espace électromagnétique et cybernétique » en temps de guerre comme en temps de paix (21).

L’APL maintient un double système de hiérarchie avec le rang d’une organisation et le grade de l’officier qui la dirige. Avant la réforme de 2016, les responsables des quatre départements étaient membres de droit de la Commission militaire centrale tandis que les commandants en chef de la marine, de l’armée de l’air et de la Seconde Artillerie étaient promus au choix, car leurs services avaient un rang inférieur, équivalent à celui des régions militaires (22). Après la réforme de 2016, les deux vice-présidents et les huit membres de la Commission mili- taire centrale nommés à l’occasion du 18e congrès en 2012 conservent leur position. Xu Qiliang, le vice-président de la Commission militaire centrale, exhorte la commission de la discipline à persévérer dans la lutte contre la corruption après l’exclusion des deux anciens vice-présidents, Guo Boxiong et Xu Caihou (23).

Libérer la marine pour mieux défendre la souveraineté

Le 23 mars, Xi Jinping s’adresse à l’Université nationale de défense pour insister sur la nécessité de former les commandantsàla guerre interarmées. Il lui demande également de prépa- rer des théories militaires qui soient actuelles, innovantes et originales (24). Selon Song Zhonping, « la simplifica- tion de la structure de commandement peut garantir une réponse plus rapide à l’avenir (25) ».

Daté du 4 janvier 2016, un article du Global Times lie la réforme de l’armée chinoise aux conflits de souveraineté, expliquant que la marine sort grande gagnante (26). Pour le chercheur Li Jie, « la réforme améliore le statut de la marine au sein des forces armées chinoises, permettant le retrait des armements navals obsolètes et leur remplacement par de nouvelles armes et une amélioration des capacités de combat ». De plus, « la réforme militaire va augmenter le degré de coopération entre l’armée, la marine et l’armée de l’air (27) ». De fait, la marine mène des exercices de plus en plus complexes et ambitieux. Abandonnant leur provincialisme, les trois flottes s’entraînent ensemble au-delà de la « première chaîne d’îles ». Après un grand exercice inter-flottes autour du Japon en décembre 2014, une centaine de bâtiments ont été déployés en mer de Chine méridionale les 26 et 27 juillet 2015 pour appuyer les opérations de débarquement des « Marines ».

Le 28 juillet, la marine semblait effectuer son premier exercice conjoint avec la Seconde Artillerie, devenue depuis la Force des missiles. Commentant l’événement, l’amiral Yin Zhuo expliquait que l’exercice était destiné à tester les capacités des missiles « tueurs de porte-avions (28) ». Répétant en décembre l’entraînement inter-flottes de l’année précédente, la flotte du Sud (« forces rouges ») s’opposait aux flottes de l’Est et du Nord (« forces bleues ») qui simulaient un groupe aéronaval américain (29). Le 23 janvier 2016, le commandant en chef de la marine, l’amiral Wu Shengli, accompagné du commissaire politique Miao Hua, observait le quatrième exercice transrégional des « Marines », cette fois-ci au Xinjiang, dans le désert de Gobi. Comme l’explique le capitaine de vaisseau Zhang Junshe, chercheur à l’institut de recherche de l’académie navale de l’APL, les « Marines » doivent pouvoir intervenir loin de la mer : « Comme nous avons étendu nos intérêts nationaux aux intérêts outre- mer, les menaces ne concernent pas seulement les eaux environnantes, mais peuvent également surgir dans d’autres directions, plus éloignées. (30) »

Urgence imminente des intérêts outre-mer

Selon le chercheur Chen Xiangmiao, les questions de souveraineté ne représentent qu’un « volet secondaire » de la nouvelle stratégie maritime du pays, car « une marine puissante protégera non seulement le territoire, mais aussi les intérêts maritimes et la réputation internationale de la Chine (31) ». En mai 2015, le Bureau d’information du Conseil d’État publiait un nouveau livre blanc sur la stratégie militaire précisant que les « intérêts à l’étranger [sont devenus] […] un problème imminent ». Le document souligne que « les intérêts nationaux de la Chine » [« 中国的国家利益 »], sont plus vulnérables outre-mer. En réponse à ces menaces, le document indique que « les forces armées participeront activement à la fois à la coopération régionale et à la sécurité internationale pour sécuriser efficacement les intérêts ultramarins de la Chine(32) ». Parallèlement, Pékin reconnaît la montée en puissance de ses forces. Le livre blanc sur la stratégie militaire de mai 2015 précise que « la constitution de forces armées puissantes est une mission stratégique pour la modernisation de la Chine et une garantie de sécurité pour [son] développement pacifique […] ». Dans le même document, les autorités admettent développer sa puissance maritime : « Il est nécessaire pour la Chine de se doter d’une force navale proportionnelle avec ses intérêts de sécurité […] pour protéger la sécurité de ses routes maritimes stratégiques et de ses intérêts à l’étranger (33) ». Abandonnant l’explication originelle d’assurer la défense aérienne au-delà de la première chaîne d’îles et dans la mer de Chine du Sud, les auteurs chinois justifient le porte-avions pour protéger le « commerce extérieur » du pays (34).

En 2011, Pékin envoyait une frégate en Méditerranée pour escorter les ferries grecs qui évacuaient ses ressortissants de Libye. En 2015, la marine réalisait sa première évacuation de ressortissants au Yémen pour les conduire à Djibouti. Interviewé par Global Times, le capitaine de vaisseau Zhang Junshe en minimisait la signification géostratégique en expliquant que la Chine pratique une politique de non-interférence dans les conflits locaux, que les bâtiments et aéronefs chinois obtiennent d’abord l’assentiment du gouvernement légitime – et dans le cas du Yémen, de l’opposition armée – pour ces missions. Avec la création d’un département des opérations outre-mer au sein du bureau opérations du nouvel état-major interarmées, la Commission militaire centrale se substitue à la marine pour traiter directement ces opérations. En mars 2016, Tan Zhiwei, le directeur du tout nouveau bureau, participait à un exercice de planification avec le Royaume-Uni, anticipant des coopérations futures (35).

Porte-avions et capacités de projection

Depuis plus d’une décennie, les experts chinois évoquent la question de la « puissance maritime », admettant que la protection des intérêts chinois impose le développement d’une flotte de « haute mer » (蓝水). En septembre 2012, le président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao assistaient à la cérémonie de mise en service du premier porte-avions chinois, le Liaoning, l’ancien Varyag soviétique, suivie deux mois plus tard par le premier appontage d’un chasseur J-15 Black Shark, la copie chinoise de l’avion de combat naval soviétique Su-33 Flanker. Le 31 décembre 2015, le ministère de la Défense confirmait la construction du premier porte-avions national, leType-001A. Interrogé sur le nombre de porte-avions dont la Chine aurait besoin, Zhang Junshe a cité l’exemple indien pour répondre qu’« un pays comme la Chine a théoriquement besoin d’au moins trois porte-avions pour s’assurer qu’un d’entre eux est toujours disponible ». Autre confirmation des ambitions océaniques, la marine se dote de huit pétroliers ravitailleurs Type-903 de 20 000 tonnes, et lance la construction des premiers bâtiments de soutien Type-901 de 45 000tonnes, quadruplant ses moyens de ravitaillement en haute mer (36).

Parallèlement, la Chine se dote de six grands bâtiments amphibiesType-071, d’abord conçus pour acheminer des troupes vers Taïwan, mais déployés régulièrement pour les patrouilles antipiraterie dans le golfe d’Aden et pour des escales en Europe. Évoquant des rumeurs sur la conception d’un porte- hélicoptèresType-081, l’expert Shi Bin appelle de ses vœux le développement d’un « navire d’assaut amphibie muni des capacités complètes de combat pour la haute mer, avec des installations aéronautiques spacieuses pour effectuer des opérations anti-sous-marines et de déminage (37) ». Début mars 2016, la marine chinoise admettait au service le dock flottant autopropulsé Huachuan-1, conçu pour porter assistance à un bâtiment en difficultés pouvant déplacer jusqu’à 30 000 tonnes. La marine construit aussi le Donghaidao, sa première barge semi-submersible, capable de transborder des marchandises et des équipements sur un hydroglisseur à coussin d’air pour gagner le rivage. Le contrôle d’un port n’est plus nécessaire pour mettre à terre des matériels lourds.

Des bases à l’étranger ?

La création d’une base navale chinoise à Djibouti était évoquée dès avril 2015 par le président djiboutien, Ismaël Omar Guelleh. Citant le site américain foreignaffairs​.com, Global Times prétend que Washington aurait tenté en vain d’en dissuader l’ancien protectorat français. Citant un travailleur chinois à Djibouti, le journal affirme que les présences française, américaine, japonaise et maintenant chinoise à Djibouti constituent un facteur de stabilité pour le pays, la manne financière des locations d’installations créant de nombreux emplois. Officiellement, la future base doit per- mettre de ravitailler les flottilles antipiraterie. Depuis 2008, la Chine a dépêché 22 flottes et plus de 60 bâtiments dans le golfe d’Aden et dans les eaux somaliennes pour escorter 6000 bâtiments (38). Le capitaine de vaisseau Yang Huawen, du nouveau commandement du « théâtre nord », explique que la base de Djibouti permettra un « ravitaillement régulier et économique (39) ». La base fera partie du port commercial de Doraleh, construit par une société chinoise et l’investissement s’élèverait à 590 millions de dollars. La Chine réalise aussi un aéroport international et un chemin de fer pour relier Djibouti à Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, ainsi qu’un gazoduc qui permettra à ce pays d’exporter du gaz vers la Chine via le port de Djibouti. De fait, la présence chinoise apportera un nouveau revenu à la petite république, 100 millions par an pour la location de la base, selon International Business Times (40).

Depuis octobre 2013, la Chine promeut une « route maritime de la soie pour le XXIe siècle » [« 21 世纪海上丝绸之路 »], qui encourage des investissements dans les ports de l’océan Indien « le long du chemin » [« 一路一带 »] vers l’Europe. Certains analystes américains, indiens et japonais y voient la matérialisation d’un « collier de perles » [« 珍珠链 »], qui permettrait à la Chine de constituer un réseau de bases navales autour de l’océan Indien sous le couvert d’entreprises commerciales, notamment en Birmanie, au Bangladesh, au Sri Lanka, au Pakistan, à Djibouti (41). Global Times dénonce cette interprétation, soulignant que la base de Djibouti assurera simplement le ravitaillement de la flottille antipiraterie (42). Zhang Junshe explique que Djibouti ne saurait être comparée aux bases américaines qui constituent « de véritables têtes de pont pour faire pression et intervenir dans les pays avoisinants (43) ». De fait, le choix chinois de s’implanter à Djibouti, à côté de trois bases américaines ou d’alliés des États- Unis, paraît témoigner d’une volonté de transparence, voire d’une intention de coopération.

Une nouvelle stratégie d’alliances ?

Pour autant, les chercheurs de l’université de Jiaotong travaillant en liaison avec la société des chemins de fer chinois appellent à la constitution d’une seconde base navale dans le port pakistanais de Gwadar, bientôt relié à la ville frontalière de Kashgar, au Xinjiang, par une voie ferrée, et à une alliance plus étroite avec le Pakistan pour permettre à ce pays de vaincre le terrorisme, qui menace aussi la Chine. Ces chercheurs pensent que « si la Chine renforce l’intégration de son économie avec celle du Pakistan [par le chemin de fer], Gwadar pourrait devenir le port occidental de la Chine, comparable à Shanghai ou Ningbo ». Les auteurs expliquent qu’en construisant une base navale à Gwadar, « la Chine pourrait apporter une réponse efficace et rapide à toute menace pour ses intérêts émergents au Moyen-Orient ». Enfin, ces chercheurs estiment qu’une base militaire à Gwadar augmenterait considérablement la confiance et la coopération avec les autres partenaires économiques dans la région : le Sri Lanka, le Bangladesh, la Birmanie. En sécurisant le Pakistan et en permettant à l’Inde d’utiliser les chemins de fer pakistanais pour exporter vers l’Iran, l’Asie centrale, la Turquie et l’Europe, Pékin pourrait aussi rallier New Delhi (44).

Faisant écho à cette proposition, Yan Xuetong, le directeur de l’Institut des relations internationales à l’université Tsinghua, suggère que la Chine abandonne sa politique de non-alignement pour former des alliances à l’étranger à l’instar des États-Unis, s’inspirant d’un modèle qui a été très bénéfique pour Washington (45). Publiée dans Global Times, son interview laisse entrevoir que Pékin pourrait réviser sa politique de non-alignement après l’échec de l’alliance soviétique en 1960. Citant le Pakistan, également allié des États-Unis, Yan Xuetong observe que « si la Chine pouvait s’allier avec chaque allié des États-Unis, il y aurait beaucoup moins de difficultés entre les deux [pays] ». Sans citer le partenaire stratégique russe, Yan Xuetong anticipe des difficultés si la Chine décide de s’allier avec des adversaires des États- Unis. Il note que Pékin et Washington tentent de masquer leurs différences en prétendant être amis alors qu’ils sont adversaires. La coopération est alors la seule manière d’empêcher la compétition de devenir plus sévère. Yan Xuetong comprend la réorientation de la stratégie des États-Unisvers le Pacifique, pour préserver l’hégémonie américaine. Le problème naît de la rencontre de leurs intérêts fondamentaux avec ceux de la Chine. Yan Xuetong propose d’admettre la réalité de cette compétition et d’améliorer les relations pour qu’elle soit plus saine. Selon lui, le piège de la guerre est évitable, comme Moscou et Washington l’ont démontré dans leurs relations. Interrogé sur le type d’alliance que la Chine pourrait rechercher, Yan Xuetong évoque la proposition chinoise de former une alliance régionale antiterroriste avec l’Afghanistan, le Pakistan et le Tadjikistan, deux des trois pays étant également allés des États-Unis (46).

Article publié dans DSI n°123, mai-juin 2016

Notes

(1) Les forces armées chinoises comprennent l’Armée Populaire de Libération (APL), la police armée du peuple (PAP) et la milice.

(2) La 11e réforme selon Kenneth Allen, Dennis J. Blasko, John F. Corbett, « The PLA’s New Organizational Structure : What is Known, Unknown and Speculation (Part 1) », China Brief, vol. 16, no 3, 4 février 2016.

(3) L’auteur remercie le Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques (CSFRS) pour le soutien apporté à ses recherches.

(4) PLA Rocket Force.

(5) PLA Strategic Support Force.

(6) Xi Jinping, How to deepen reform comprehensively, Foreign Language Press, 2014.

(7) Xinhuanet, 3 septembre 2015.

(8) « Battle zone Command » ou « Theater Command », Allen, Blasko, Corbett, art. cit.

(9) Joint Operation Command Authority.

(10) « Chief of Staff », Allen, Blasko, Corbett, art. cit.

(11) « Chief of the General Staff », op. cit.

(12) Theater Joint Operation Command System.

(13) Xinhuanet, 26 novembre 2015.

(14) Yao Jianing, « PLA sets up Overseas Operations Office to strengthen overseas rapid reaction », China Military

Online, http://​eng​.chinamil​.com​.cn/​n​e​w​s​-​c​h​a​n​n​e​l​s​/​p​la- daily-commentary/2016-03/25/content_6977517.htm.

(15) Allen, Blasko, Corbett, art. cit.

(16) Kou Jie, « PLA reform highlights strong navy », Global Times, 4 janvier 2016.

(17) Dong Zhaohui, « China upgrades missile force, adds space and cyber war forces », http://​english​.chinamil​.com​.cn/​n​e​ws- channels/photo-reports/2016-01/01/content_6840094.htm.

(18) Yao Jianing, « PLA sets up Overseas Operations Office to strengthen overseas rapid reaction », China Military Online, 25 mars 2015, http://​eng​.chinamil​.com​.cn/​n​e​w​s​-​c​h​a​n​n​e​ls/ pla-daily-commentary/2016-03/25/content_6977517.htm.

(19) Jérome Doyon, Mathieu Duchatel (dir.), « Xi’s Army : Reform and loyalty in the PLA », China Analysis, European Council for Foreign Relations (ECFR), mars 2016.

(20) NIDS, China Security Report, « The Expanding Scope of PLA Activities and the PLA Strategy », National Institute for Defense Studies, Japan, 2016, p. 9.

(21) Qiu Yue, Yao Jianing, « Expert : PLA Strategic Support Force akey force to win wars », China Military Online/People’s Daily Online, 6 janvier 2016.

(22) Allen, Blasko, Corbett, art. cit.

(23) Ouyang, « Senior Chinese military official stresses clean army », Xinhua, 3 mars 2016, http://eng. chinamil​.com​.cn/​n​e​w​s​-​c​h​a​n​n​e​l​s​/​c​h​i​n​a​-​m​i​l​i​t​a​ry- news/2016-03/03/content_6938939.htm

(24) Yao Jianing, « President Xi stresses training capable commanders for joint warfare », 23 mars 2016, http:// eng​.chinamil​.com​.cn/​n​e​w​s​-​c​h​a​n​n​e​l​s​/​c​h​i​n​a​-​m​i​l​i​t​a​ry- news/2016-03/23/content_6973886.htm.

(25) Kou Jie, op. cit.

(26) Ibidem.

(27) Ibidem.

(28) Xinhua, « Second Artillery Corps can be used against enemy aircraft carrier : Yin Zhuo », 28 juillet 2015.

(29) Alexandre Sheldon-Duplaix, « Integrating the forces : The PLA Navy as a first step », China Analysis, ECFR, mars 2016, p. 11-13.

(30) Zhang Tao, « Expert : Marine Corps’ overall combat capability needs to be enhanced », China Military Online, 26 janvier 2015.

(31) Kou Jie, art. cit.

(32) Xinhua, « China’s Military Strategy », 26 mai 2015, http://​www​.chinadaily​.com​.cn/ china/2015-05/26/content_20820628_3.htm.

(33) Ibidem.

(34) Phoenix TV, 军情观察:海权战略催生中国航空母舰

(组图) [Military observation: the birth of the Chinese aircraft carrier sea power strategy (Photos)], fei123. com, http://m.fei123.com/1250000/1249244.shtml.

(35) Ibidem.

(36) Ibidem.

(37) Wen/Liu Li [文/刘怡], 浅析我国两栖舰艇未来的发展[working on the future development of amphibious ships], 【龙行】[Dragon] ; http://club. mil​.news​.sohu​.com/​s​h​i​l​i​n​/​t​h​r​e​a​d​/​3​g​c​b​t​t​2​8​vdu.

(38) Mathieu Duchâtel, Alexandre Sheldon-Duplaix, « China’s “imminent issue” : Djibouti and overseas military interests », Commentary, ECFR, 25 mars 2016. http:// www​.ecfr​.eu/​a​r​t​i​c​l​e​/​c​o​m​m​e​n​t​a​r​y​_​c​h​i​n​a​s​_​i​m​m​i​n​e​nt_ issue_djibouti_and_overseas_interests4069.

(39) Huang Jingjing, Dong Zhaohui, « China’s logistic hub in Djibouti to stabilize region, protect interests »,Global Times, 15 mars 2016.

(40) Ibidem.

(41) Christopher J. Pherson, « String of Pearls : Meeting the challenge of China’s rising power across the Asian Littoral », Strategic Studies Institute, juin 2006.

(42) Huang Jingjing, Dong Zhaohui, art. cit.

(43) Ibidem.

(44) Phoenix TV, Southwest Jiaotong University, the Center for Strategic Studies of Chinese high-speed rail, Duke University [西南交大中国高铁战略研究中心主任; 中巴铁路有何重大战略意义: 助中国奠定陆权战略[What is the Pakistan Railways’ strategic significance to help China lay a land rights strategy?] ; http://m.fei123.com/1250000/1249170.shtml.

(45) « Alliances can prevent greater conflicts between China, US », entretien avec Yan Xuetong, Global Times, 31 mars 2016.

(46) Ibidem.

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