La réussite économique de la République populaire s’accompagne de fortes inégalités, notamment entre villes et campagnes, mais aussi au sein même des villes. Pourtant, le développement profite à la population : selon la Banque mondiale, alors que la Chine comptait 17,2 % de pauvres en 2010, ce chiffre atteignait 3,1 % en 2017.
En Chine, les inégalités sociales liées à la croissance restent à un niveau élevé, selon les chiffres officiels. En 2016, le coefficient de Gini, l’un des plus utilisés pour mesurer l’inégalité dans la distribution des revenus sur une échelle de 0 à 1, s’est établi à 0,461. Les pays les plus égalitaires ont un indice de l’ordre de 0,2 (Danemark, Suède, Japon) contre 0,6 pour les plus inégalitaires (Brésil, Guatemala, Honduras). S’il est en recul en Chine depuis 2008, année où le pays a enregistré un pic à 0,49, il reste à un niveau élevé, signe d’inégalités sociales persistantes. Alors que le fossé entre les villes et les campagnes est important, l’ampleur de ces inégalités est une source de mécontentement au sein la population et de préoccupations pour Pékin. Le revenu annuel net des habitants ruraux s’est établi en 2016 à 12 363 yuans (environ 1 570 euros), tandis que celui en zone urbaine s’élevait en moyenne à 33 616 yuans par personne (près de 4 300 euros) (cf. cartes).
Les inégalités entre la Chine rurale et la Chine urbaine ne se limitent pas aux revenus. Les urbains bénéficient plus souvent de logements sociaux et d’une couverture sociale plus étendue, notamment en matière de retraite. Les plus pauvres et les plus vulnérables se trouvent avant tout parmi les agriculteurs et les retraités des zones rurales ainsi que chez les travailleurs migrants (migongs), ayant fui les campagnes pour chercher un emploi dans les métropoles de l’est et du sud-est chinois et qui vivent en ville avec un certificat de résidence rurale, les privant de nombreux droits.
Si pour minimiser l’importance statistique du nombre de pauvres dans le pays, le gouvernement chinois a fixé à 2 300 yuans de revenus annuels le seuil de pauvreté (soit 1 dollar par jour), là où celui habituellement reconnu (par la Banque mondiale notamment) est de 1,90 dollar par jour, le nombre de pauvres a chuté, passant de 775 millions de personnes en 1980 à 30 millions en 2017. Alors que les revenus par habitant sont les plus élevés à Shanghai, avec 58 988 yuans en 2017 (7 500 euros), et à Pékin (7 275 euros), le gouvernement tente d’apporter son soutien aux provinces de l’ouest, encore loin derrière la Chine littorale en matière de développement.
Cet interventionnisme se lit notamment dans la politique du « Go West » depuis le début des années 2000 et dans le programme de la nouvelle route de la soie depuis 2013. Tous deux ont, entre autres, pour objectif de désenclaver et dynamiser les provinces majoritairement rurales de l’ouest et du sud-ouest en s’appuyant sur de nouvelles infrastructures et sur des métropoles à fort rayonnement, comme Chongqing. Les autorités tentent également de trouver un équilibre entre l’encouragement de l’urbanisation et le développement des campagnes. Signe d’un début de rééquilibrage, depuis plusieurs années, les revenus des résidents des zones rurales progressent plus rapidement que ceux des urbains (+ 6,2 % en campagne et + 5,6 % en ville en 2016).
Cartographie de Laura Margueritte