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Le Brésil à la dérive

À l’approche des élections générales d’octobre 2018, l’ampleur de la criminalité qui frappe le Brésil risque de le faire vaciller, le nombre d’homicides n’étant que l’arbre qui cache une forêt beaucoup plus vaste de corruption, d’inefficacité administrative et de mauvaise gouvernance, révélée par le scandale « Lava Jato ».

De passage en concert à Paris, le 17 mars 2018, les artistes brésiliens Gal Costa, Gilberto Gil et Nando Reis ont brièvement rendu hommage à Marielle Franco, conseillère municipale assassinée mercredi 14 mars en plein centre de Rio de Janeiro. De retour d’un rassemblement pour la promotion des femmes noires, la voiture qui la transportait a été prise en chasse par un véhicule ; les assaillants ont ouvert le feu ; la conseillère a été atteinte de plusieurs balles à la tête ; son chauffeur a également été abattu et son assistante a été blessée. A priori, les balles utilisées pour cet assassinat, et donc les armes, auraient été volées aux services de police. Spécialiste de la lutte contre les violences policières à l’encontre des populations déshéritées, issue elle-même d’une favela, son nom ne fait que s’ajouter à la très longue liste des personnes décédées de mort violente au Brésil, y compris 193 autres élus locaux assassinés ces cinq dernières années, comme rapporté par la presse brésilienne, comme le maire de Candeias do Jamari (État du Rondônia), Francisco Vicente de Sousa, ou Jucely Alves Arrais, conseillère municipale d’Aiuaba (État du Ceará), tous deux assassinés en 2017.

En réalité, le Brésil est de plus en plus confronté à une véritable guerre interne qui ne dit pas son nom, entre des groupes criminels plus ou moins organisés, des escadrons de la mort travaillant pour leur compte ou pour des commanditaires, des Brésiliens qui se font justice eux-mêmes et répondent ainsi aux carences des services publics de sécurité et de justice, et des forces de sécurité qui oscillent entre des opérations coup de poing inefficaces et ultra-violentes et une passivité s’expliquant par l’ampleur des problèmes auxquels elles font face.

Concrètement, l’insécurité est particulièrement répandue dans le Nord-Est brésilien (où l’État du Sergipe détient le record de criminalité du pays), les favelas et les abords des grandes métropoles, et certains États du bassin amazonien (la ville d’Altamira, ville champignon de l’État amazonien du Pará, née de la construction du barrage hydroélectrique de Belo Monte, détient le record d’homicides par habitant du pays en 2017). En 2017, douze femmes étaient assassinées chaque jour au Brésil, sept personnes sont assassinées chaque heure et un policier est tué en service toutes les 54 heures. Le nombre d’homicides au Brésil, avec plus de 61 000 décès estimés, dont 5332 pour le seul État de Rio de Janeiro, est à lui seul supérieur pour 2017 à l’ensemble des homicides de tous les pays membres de l’OCDE, Union européenne et États-Unis inclus, soit 12 % du total mondial des homicides, Syrie comprise, alors que le Brésil ne représente que 2,75 % de la population mondiale ; ce qui est vingt fois supérieur au taux français d’homicides par habitant.

Sans aller jusqu’au coup d’État militaire pour rétablir l’ordre, formule bruyamment privilégiée en septembre 2017 par un officier de l’armée brésilienne, le général Antônio Hamilton Martins Mourão, Secrétaire pour l’Économie et les Finances de l’armée de terre, depuis déchu de son poste (1), le Brésil doit agir au plus vite pour limiter les effets délétères de cette insécurité croissante, car il joue clairement là sa place de grande puissance régionale et mondiale au XXIe siècle.

Cette crise de sécurité de très grande ampleur est toutefois la résultante de l’absence de traitement des problèmes structurels du pays les plus criants, en particulier la persistance d’inégalités socio-économiques parmi les plus élevées du monde, l’omniprésence d’une culture de la violence héritée de la période coloniale portugaise et la faiblesse de l’esprit civique qui traverse toutes les couches de la société brésilienne.

Or, le Brésil va voter les 7 et 28 octobre prochains pour élire un nouveau président, ses parlementaires, les gouverneurs et les assemblées législatives des États fédérés. Ces élections sont cruciales, bien qu’elles risquent surtout de montrer l’ampleur du désarroi de l’électorat brésilien à la suite des révélations du scandale politico-financier tentaculaire Lava Jato débuté au printemps 2013 et l’incapacité des candidats déclarés à offrir un programme de redressement crédible au pays. Pour mémoire, l’opération Lava Jato (« lavage express ») est une enquête de la police brésilienne débutée en mars 2014. Elle concerne d’abord une affaire de corruption et de blanchiment d’argent impliquant notamment la société pétrolière publique Petrobras et le conglomérat privé de travaux publics Odebrecht. Elle s’est depuis étendue à toute la classe politique et entrepreneuriale brésilienne. Elle est dirigée par le juge Sérgio Moro. Elle n’a fait que révéler l’ampleur et la profondeur de la corruption au Brésil.

Le Brésil est-il réformable ?

Cette question est presque aussi ancienne que le Brésil contemporain lui-même et les rapports pour réformer le Brésil abondent, à l’exemple de celui publié par le PSDB, parti de centre-droit, en février 2017, « Reformar o Brasil » (2), mais ils sont rarement mis en œuvre. Colonie longtemps négligée du Portugal, terre d’aventuriers parfois de la pire espèce, réceptacle du trafic d’esclaves le plus long du nouveau monde (l’esclavage n’a été aboli qu’avec la loi d’or du 13 mai 1888 et le Brésil fut le dernier des États du continent américain à le faire) et le plus massif, avec au moins cinq millions d’Africains déportés dans le cadre de la traite négrière, le Brésil s’est développé de manière chaotique, sans toujours disposer des assises les plus nécessaires à un État moderne en matière d’infrastructures, d’établissements scolaires et universitaires ou de services publics. Il fallut attendre les guerres napoléoniennes et l’exil de la famille royale portugaise à Rio le 8 mars 1808 pour voir enfin se créer la première banque du Brésil, la presse royale (sorte de journal officiel), une académie militaire, deux écoles de médecine, une bibliothèque royale, etc.

Ce passé, pour ne pas dire ce passif, a lourdement pesé dans l’histoire contemporaine brésilienne. Malgré différents élans réformateurs, de l’empereur Pedro II au XIXe siècle jusqu’aux plus récents présidents Getúlio Dorneles Vargas (1934-1945 et 1951-1954) et Juscelino Kubitschek de Oliveira (1956-1961), le Brésil a gardé encore aujourd’hui bien des éléments structurels les plus négatifs de ce passé pouvant expliquer les problèmes les plus criants d’aujourd’hui. Ainsi, les 1 % de Brésiliens les plus aisés (environ deux millions de personnes) disposent de plus de richesses que les 50 % les plus pauvres (environ 103 millions d’habitants). Encore plus grave, entre 2004 et 2014, près de trente millions de Brésiliens sont certes sortis de la pauvreté selon la Banque mondiale, mais, depuis 2016, près de quatre millions d’entre eux sont retombés sous le seuil fatidique de 140 Réais par mois (36 euros), considéré comme seuil de pauvreté au Brésil. Le chômage officiel, qui avoisinait les 4 % de la population active avant la crise, approche 11,8 % début 2018, après avoir enregistré un record à presque 13 % en 2017. Cette pauvreté est particulièrement forte et concentrée dans les États du Nordeste, là où se trouvaient historiquement les plus grandes et les plus anciennes cultures de plantation utilisant de la main-d’œuvre servile. Comme dans les années 1950, le Nordeste déshérité continue de voir ses populations fuir vers les grandes métropoles du Sud, pourtant déjà lourdement engorgées, où les derniers arrivants retrouvent les problèmes de criminalité et de trafics de drogue.

Le poids de l’histoire, l’ampleur des inégalités et le caractère extensif de la corruption, pas seulement au sein de la classe politique et administrative, mais aussi dans toute la population brésilienne (3), rendent évidemment sceptique quant à la capacité du Brésil de se réformer. Certaines formes de criminalité finissent même par laisser indifférents de nombreux Brésiliens, tant l’impunité est grande. Cette faiblesse de la lutte contre les actes criminels explique par exemple l’importance de la « culture du viol », qui est endémique au Brésil.
Or, l’état des relations sociales au Brésil est d’autant plus dramatique qu’aucun dirigeant politique brésilien n’a jamais vraiment essayé de s’attaquer massivement aux problèmes structurels du pays les plus lourds depuis les années 1930 et la dictature de l’Estado Novo (« État nouveau ») avec la création de l’ordre des avocats, des premières grandes lois sociales sur le travail, du code des eaux, du code forestier, etc. Le rappel de cette époque n’est donc pas franchement un signe de bonne santé démocratique pour le Brésil des années à venir, même si certains auteurs ont pu parler de « dictature démocratique » (4) pour qualifier cette période allant de 1930 à 1945.

Le Brésil peut-il affronter ses problèmes structurels les plus criants ?

La crise économique déclenchée en 2008 a fait voler en éclat la réussite des progrès sociaux réalisés durant les présidences de Fernando Henrique Cardoso (1995-2003) et de Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2011), en particulier la réduction des inégalités sociales au travers de la stabilisation monétaire du Real d’une part, et de la mise en place de programmes sociaux intégrateurs comme la Bolsa familia (5) d’autre part. Héraut de la lutte contre la pauvreté et les inégalités, « idole des favelas », Luiz Inácio Lula da Silva est aujourd’hui menacé d’être incarcéré après le rejet à l’unanimité par le Tribunal supérieur de justice le 6 mars 2018 de son recours. Il est entre autres accusé d’avoir accepté un luxueux appartement en bord de mer d’une entreprise de construction impliquée dans le gigantesque scandale Lava Jato, ce qu’il a toujours nié. Une nouvelle fois candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2018 pour le parti des travailleurs (PT), ce qui n’a fait qu’aggraver la crise politique en cours au Brésil et l’impression très répandue du « tous pourris jusqu’à la moelle » (o sistema está podre até a medula), l’ancien président Lula da Silva s’est vu refuser le bénéfice de l’Habeas Corpus par la Cour suprême du Brésil le 4 avril 2018, après un vote décisif de Carmen Lucia, présidente de la Cour, en sa défaveur. Le dispositif d’Habeas Corpus lui aurait permis de rester libre le temps d’épuiser tous ses recours, y compris devant le tribunal de deuxième instance de Porto Alegre qui l’avait condamné en janvier 2018 à une peine de prison de douze ans et un mois. Sa situation personnelle est donc clairement un facteur supplémentaire d’instabilité politique et sécuritaire, au point d’avoir contraint Carmen Lucia à lancer un appel au calme national à ses partisans dès le lundi de Pâques, avant que la Cour suprême ne se soit formellement prononcée, car ses partisans rejettent l’exclusion de l’ancien président Lula da Silva de la campagne électorale à venir.

À ce stade de la campagne, Luiz Inácio Lula da Silva étant a priori hors jeu, l’élection présidentielle se joue donc entre deux personnalités diamétralement opposées, Jair Messias Bolsonaro, candidat conservateur, membre du parti social-chrétien (PSC) et ancien capitaine d’artillerie originaire de la ville industrielle de Campinas, dans l’État de São Paulo, crédité jusqu’en avril 2018 de 18 à 21 % des voix dans les sondages, et Marina Silva, écologiste et ancienne adhérente du parti des travailleurs (PT), issue d’une famille très modeste d’Amazonie et soutenue par différents mouvements évangélistes. La lecture de leurs deux programmes montre qu’il existe effectivement une volonté de changement, ou du moins de faire bouger les choses, parmi les candidats putatifs de l’élection présidentielle, sans qu’il soit possible à ce stade de tirer la moindre conclusion quant à leurs capacités à mener d’éventuelles réformes, ni même d’anticiper vers lequel de ces deux candidats, ou même d’autres candidats encore non déclarés, pourrait se porter l’électorat brésilien.

À titre d’exemple, la droite conservatrice brésilienne, opposée au gouvernement de centre-droit de l’actuel président Michel Temer – qui ne se représente pas du fait de son impopularité extrême – appelle au nettoyage par le vide des institutions publiques, tout en montrant dans ses votes les plus récents au Congrès une réticence à voter des réformes proposées par la présidence Temer, comme la réforme de l’assurance maladie en janvier 2018 présentée par le ministre en charge de ce dossier, Henrique Meirelles.

Quelle que soit l’issue des élections, il est effectivement à craindre que les dirigeants brésiliens ne soient guère en capacité de redresser le pays à court ou moyen terme (6). L’amélioration réelle de certains indices macroéconomiques en 2017, comme l’inflation passée de 8,7 % à 3,7 %, ou la croissance passée d’une récession de 3,6 % en 2016 à une croissance positive de 0,6 % en 2017, pour 2,3 % attendus en 2018, risque au contraire de conduire à repousser les réformes de fond et à continuer d’utiliser l’armée comme expédient pour stabiliser ponctuellement certaines villes ou certains États. L’armée est ainsi déployée à Rio de Janeiro depuis le 16 février 2018 pour tenter de rétablir l’ordre et réduire le nombre d’homicides, mais la vie quotidienne sur place ne permet pas de voir d’amélioration significative, les gangs contrôlant toujours les principales favelas.

Vers une mondialisation de la criminalité brésilienne ? Le Brésil, refuge pour djihadistes ?

Une enquête récemment menée à Cracolandia (7), quartier de São Paulo ravagé par le trafic de drogue, par Bertrand Monnet, directeur de la Chaire « Management des risques criminels » de l’EDHEC, a montré que depuis la grande révolte des prisons brésiliennes de 1993, la criminalité s’est organisée et professionnalisée, sur le modèle de mafias étrangères plus anciennes et depuis longtemps internationalisées. Mais, pour le Primeiro Comando da Capital (PCC) rencontré par Bertrand Monnet à plusieurs reprises, comme pour les gangs en plein développement de la région de Rio de Janeiro, comme le Comando Vermelho (CV) – Commando rouge – ou celui des Amigo des Amigos (ADA), qui possèdent aussi leur « Crackoland », leur terrain de chasse traditionnel ne suffit plus. L’étendue de ces réseaux, couplée à la montée en puissance de la production de crack brésilien tiré de la cocaïne, donne en effet aux principaux groupes criminels brésiliens une puissance financière, la capacité de s’exporter et des ambitions pour s’ouvrir de nouveaux marchés en Europe ou en Amérique du Nord.

Des ponts criminels existent déjà très largement entre le Brésil et l’Afrique occidentale (8) et constituent une véritable alternative à la voie plus ancienne des Caraïbes. La Guinée-Bissau, la Gambie, les îles du Cap-Vert ou le Mali, pour ne citer que ces quatre États, sont des plateformes d’arrivée sur le continent africain de la drogue brésilienne. Le passage du crack vers l’Europe, à travers l’Afrique subsaharienne, au milieu des opérations militaires qui opposent forces occidentales et mouvement djihadistes, fait craindre le pire en matière de financement des mouvements islamistes au travers de l’utilisation des trafics de drogues venues du Brésil et font des navires de croisière (9) ou des bateaux utilisés pour le passage des migrants en Méditerranée des ponts probables des drogues brésiliennes vers les mafias italiennes du Mezzogiorno.

La faiblesse de la réaction des autorités brésiliennes, malgré quelques opérations spectaculaires comme celle ayant conduit à démanteler un réseau opérant du Brésil vers plus de trente pays en mai 2014, montre aussi à des acteurs tiers que le Brésil peut être accueillant pour des organisations criminelles à visée politique cherchant à masquer leurs activités ou ayant besoin de se faire oublier pour une période limitée.

L’arrivée de réfugiés des Proche et Moyen-Orient au Brésil depuis 2013, soit un peu moins de 2300 Syriens selon les autorités brésiliennes, la création en parallèle de groupes salafistes au Brésil, comme A Religião Verdadeira venu d’Allemagne, essentiellement dans les États du Paraná et de São Paulo, et l’existence en nombre croissant de convertis brésiliens, à l’exemple de Zaid Mohammad Abdul-Rahman Duarte, né Marcos Mario Duarte (10), montrent que des organisations chassées du Proche-Orient pourraient potentiellement se mettre à l’abri au Brésil, au point d’ailleurs d’attirer récemment l’attention du général John Kelly, directeur de la Homeland Security américaine, sur cette question. Les autorités brésiliennes, du fait de menaces terroristes sur les Jeux olympiques de l’été 2016, ont d’ailleurs renoncé à accueillir 100 000 réfugiés syriens comme elles s’y étaient précédemment engagées et des parlementaires brésiliens pointent désormais la possibilité de devoir faire face à une menace islamiste dans un proche avenir si rien n’est fait pour surveiller le nombre de centres islamistes actuellement en pleine croissance. Cette inquiétude s’est traduite par la diffusion, sur la chaîne parlementaire brésilienne, en juillet 2016, d’un programme de la CREDN (Commission des affaires étrangères et de la défense nationale de la chambre basse) sur cette question (11) et ce thème est devenu un sujet d’étude pour l’équivalent de l’École de guerre brésilienne, dans le cadre du « Programa de Pós-Graduação em Segurança Internacional e Defesa (PPGSID) da Escola Superior de Guerra (ESG) ».

L’avenir du Brésil est donc assombri par l’ampleur des défis à relever et par la faiblesse de ses autorités, discréditées par des années de mauvaise gestion et par les révélations en matière de corruption du scandale Lava Jato. Réformer le Brésil s’annonce plus que jamais difficile, d’autant que les revendications en matière de rétablissement de la sécurité vont rarement de pair avec la volonté de s’attaquer aux facteurs les plus aggravants de cette situation, de la réduction des inégalités sociales à l’établissement d’un État de droit digne de ce nom dans de multiples parties de ce pays. Les Brésiliens n’attendent pas de miracle des élections d’octobre 2018. Ils ont raison ! Malgré la protection bienveillante du Christ rédempteur, le Brésil ne peut compter que sur lui-même. Si des décisions ne sont pas prises en 2019 en matière de rétablissement d’un minimum de sécurité, le risque de voir des pans entiers de l’État brésilien échapper à tout contrôle est plus que jamais certain.

<strong>Complément statistique sur la violence et les homicides au Brésil</strong>
• De multiples rapports et études existent sur les origines de la violence et son niveau dans les villes ou les États fédérés. Le quotidien O Globo dispose par exemple d’un « Monitor da violência » quotidien pour les chiffres et l’actualité de la criminalité au Brésil (http://​g1​.globo​.com/​m​o​n​i​t​o​r​-​d​a​-​v​i​o​l​e​n​c​ia/). C’est également le cas pour le quotidien A Folha et le magazine Veija.
• Pour l’essentiel, les chiffres de la criminalité au Brésil cités dans l’article sont, entre autres, tirés de l’Atlas da violência publié en juin 2017 par l’IPEA (Institut de recherche économique appliquée, sorte d’Insee brésilien) (http://​www​.ipea​.gov​.br/​p​o​r​t​a​l​/​i​m​a​g​e​s​/​1​7​0​6​0​2​_​a​t​l​a​s​_​d​a​_​v​i​o​l​e​n​c​i​a​_​2​0​1​7​.​pdf) et de différents articles d’actualité tirés de la presse brésilienne ayant pour thème la criminalité dans ce pays.
• Outre les données indiquées dans l’article, on peut noter qu’en dehors des pays en guerre, 17 des 50 villes de plus de 300 000 habitants les plus violentes au monde sont brésiliennes. Parmi elles se trouvent (avec entre parenthèses les lettres désignant les États fédérés du Brésil où se situent ces villes), Natal (RN), Fortaleza (CE), Belém (PA), Vitória da Conquista (BA), Maceió (AL), Aracaju (SE), Feira de Santana (BA), Recife (PE), Salvador (BA), João Pessoa (PB), Manaus (AM), Porto Alegre (RS), Macapá (AP), Campos de Goycatazes (RJ), Campina Grande (PB), Teresina (PI) et Vitória (ES).
• Sur la persistance de la culture du viol dans la société brésilienne, on consultera tout particulièrement la récente étude de Cíntia Liara Engel publiée en octobre 2017 par l’IPEA « As Atualizações e a Persistência da Cultura do Estupro no Brasil » (http://​ipea​.gov​.br/​p​o​r​t​a​l​/​i​n​d​e​x​.​p​h​p​?​o​p​t​i​o​n​=​c​o​m​_​c​o​n​t​e​n​t​&​v​i​e​w​=​a​r​t​i​c​l​e​&​i​d​=​3​1​3​3​3​&​c​a​t​i​d​=​3​9​7​&​I​t​e​m​i​d​=​424).
C.-A. P.

Notes

(1) Voir l’article du quotidien A Folha sur sa destitution (http://​www1​.folha​.uol​.com​.br/​p​o​d​e​r​/​2​0​1​7​/​1​2​/​1​9​4​2​1​0​6​-​e​x​e​r​c​i​t​o​-​d​e​c​i​d​e​-​t​r​o​c​a​r​-​g​e​n​e​r​a​l​-​d​e​-​c​a​r​g​o​-​a​p​o​s​-​n​o​v​a​-​f​a​l​a​-​s​o​b​r​e​-​i​n​t​e​r​v​e​n​c​a​o​.​s​h​tml).

(2) http://​itv​.org​.br/​p​r​o​j​e​t​o​/​i​t​v​/​a​r​q​u​i​v​o​s​/​R​e​f​o​r​m​a​r​_​o​_​B​r​a​s​i​l​.​pdf

(3) Le poids des formalités administratives dans la société brésilienne, hérité de l’administration coloniale, est tel que le recours à des intermédiaires et des passe-droits pour le moindre acte de la vie courante est quasiment une question de survie. Le notaire, chargé de multiples formalités administratives, est clef pour la vie quotidienne des Brésiliens, au point d’être cité à l’article 236 de la Constitution brésilienne de 1988 (http://​www​.senado​.leg​.br/​a​t​i​v​i​d​a​d​e​/​c​o​n​s​t​/​c​o​n​1​9​8​8​/​c​o​n​1​9​8​8​_​0​6​.​1​2​.​2​0​1​7​/​a​r​t​_​2​3​6​_​.​asp) ; de même que le cartório, sorte de greffier, qui prend en charge tous les documents publics, comme l’acte de naissance, et les rend fé publica ; ce qui correspond au pouvoir d’authentifier. Il existe plus de 13 000 cartórios au Brésil.

(4) Voir entre autres la biographie de Jean-Gérard Fleury sur Getúlio Dorneles Vargas parue en 1940 chez Plon et celle de Robert Levine, Father of the Poor ? Vargas and his Era, parue en janvier 1998 chez Cambridge University Press.

(5) La Bolsa familia (« bourse familiale ») est un programme d’aides conditionnelles aux familles pauvres, souvent monoparentales, associé à certaines obligations d’éducation des enfants.

(6) Sur les causes de la crise économique brésilienne, voir C.-A. Paillard, « Comprendre la crise qui touche le Brésil », Diploweb, 22 mai 2016 (https://​www​.diploweb​.com/​B​r​e​s​i​l​-​c​o​m​p​r​e​n​d​r​e​-​l​a​-​c​r​i​s​e​.​h​tml).

(7) Voir Bertrand Monnet, « Plongée à haut risque à “Cracolandia”, l’antre du gang le plus puissant du Brésil, Le Monde, 26 mai 2017. 

(8) L’Organe international de contrôle des stupéfiants fait état dans ses différents rapports de l’importance croissante de ce trafic. Voir en particulier le rapport 2015 (https://​www​.incb​.org/​i​n​c​b​/​e​n​/​p​u​b​l​i​c​a​t​i​o​n​s​/​a​n​n​u​a​l​-​r​e​p​o​r​t​s​/​a​n​n​u​a​l​-​r​e​p​o​r​t​.​h​tml).

(9) Voir le démantèlement en mai 2017 d’un réseau de trafiquants à bord de navires de croisière en Méditerranée (https://​www​.lci​.fr/​f​a​i​t​s​-​d​i​v​e​r​s​/​l​e​s​-​t​r​a​f​i​q​u​a​n​t​s​-​t​r​a​n​s​p​o​r​t​a​i​e​n​t​-​l​a​-​d​r​o​g​u​e​-​l​o​r​s​-​d​e​-​c​r​o​i​s​i​e​r​e​s​-​e​n​t​r​e​-​l​a​-​m​e​r​-​m​e​d​i​t​e​r​r​a​n​e​e​-​e​t​-​l​e​-​b​r​e​s​i​l​-​2​0​5​2​9​0​9​.​h​tml).

(10) Barbara Lobato, « L’homme qui attire l’attention de la police fédérale », Jota, 22 juillet 2016 (https://​www​.jota​.info/​j​u​s​t​i​c​a​/​o​-​h​o​m​e​m​-​q​u​e​-​c​h​a​m​o​u​-​a​t​e​n​c​a​o​-​d​a​-​p​f​-​z​a​i​d​-​d​u​a​r​t​e​-​2​2​0​7​2​016).

(11) https://​www​.youtube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​F​Q​k​S​F​K​I​w​4​J​4​&​f​e​a​t​u​r​e​=​y​o​u​t​u​.​b​e​&​t​=​2​3​m​28s

Article paru dans la revue Diplomatie n°92, « Les marchands d’armes : Commerce, trafics, réseaux, influences », mai-juin 2018.

Légende de la photo ci-dessus : Des militaires patrouillent dans les ruelles d’une des favelas de Rio, en octobre 2017. En février 2018, le président brésilien Michel Temer décrétait le transfert à l’armée du commandement des forces de sécurité de l’État de Rio – une mesure inédite depuis le retour à la démocratie après la fin de la dictature militaire en 1985 – afin de faire face au crime organisé qui a « quasiment pris le contrôle de la ville » d’après le chef de l’État. (© Shutterstock/Antonio Scorza)

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