Magazine Moyen-Orient

« La désunion kurde aide à comprendre pourquoi, encore au XXIe siècle, il n’y a pas de Kurdistan indépendant »

À quand l’arrivée des populations kurdes en Syrie remonte-t-elle ?

Michael M. Gunter : Les racines kurdes en Syrie sont très anciennes. Par exemple, le grand château de l’époque des Croisades, le Krak des Chevaliers, situé entre Homs et Tartous, édifié au XIIe siècle, est appelé « Hisn al-Akrad » en arabe, c’est-à-dire le « château des Kurdes ». Saladin (1138-1193), le plus célèbre de tous les Kurdes et souverain ayyoubide, est enterré dans la Grande Mosquée de Damas. Dans le nord-ouest d’Alep, il y a les Monts kurdes (Kurd Dagh), qui constituent une région de peuplement kurde en Syrie ; les deux autres étant au nord, vers Kobané, et au nord-est, la Djézireh, contiguë des espaces de peuplement kurde en Turquie et en Irak. Avec une population de 184 231 habitants selon le recensement de 2004, Qamichli est la plus grande ville kurde de Syrie et généralement considérée comme la « capitale » du Rojava (« Kurdistan occidental »). Environ 20 % des Kurdes de Syrie – dont la population est estimée à 2 millions en 2017 – vivent dans les quartiers à dominante kurde d’Alep (Cheikh Maqsoud, Ashrafiyya, Shar) et de Damas (Zorava, Djebel al-Rizz, Rukn al-Din). Nombre de ces Kurdes de la Djézireh syrienne ont fui la Turquie à la suite de la rébellion du cheikh Saïd Piran (1865-1925) en 1925. Les événements en Turquie ont considérablement influencé la « question kurde », tant pour la population en milieu urbain que pour les tribus en zone rurale (1).

Jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale (1914-1918), les Kurdes vivant en Turquie et en Syrie étaient sous la domination de l’Empire ottoman. La frontière qui venait d’être tracée entre la Turquie et la Syrie par les puissances occidentales (traité de Sèvres de 1920) n’avait que peu de sens pour les tribus kurdes du nord du pays. En effet, bien que la nouvelle dyade ait placé les membres d’une même tribu sous l’autorité de deux administrations différentes (française et turque), cela eut pour effet de les séparer sans rompre leurs liens. Mais le fait que certains Kurdes syriens aient d’abord vécu en Turquie a fourni un prétexte aux autorités syriennes indépendantes pour priver de leurs droits nombre de Kurdes établis ensuite en Syrie. De nos jours, beaucoup de Kurdes vivant de chaque côté de la dyade syro-turque ne s’affichent pas comme étant de ces pays : ceux de Turquie se disent « en dessous de la frontière », ceux de Syrie « au-dessus ».

Qu’est-ce qui distingue ou rapproche les Kurdes de Syrie de leurs compatriotes établis dans les pays voisins (Irak, Turquie, Iran) ? Quelle a été l’importance de la diaspora kurde ?

Les Kurdes ont toujours été divisés par les montagnes et les vallées qui les séparent. En 1695, le poète Ehmedê Xanî (1650-1707) appelle à l’unité kurde dans Mem u Zin : « Si seulement l’harmonie régnait parmi nous, si nous ne devions obéir qu’à un seul d’entre nous, il réduirait à l’état de vassaux Turcs, Arabes et Perses, tous autant qu’ils sont. » La désunion kurde aide à comprendre pourquoi, encore au XXIe siècle, il n’y a pas de Kurdistan indépendant. Le fait que les Kurdes vivent dans quatre États différents depuis la fin de la Première Guerre mondiale les a divisés encore plus et selon différentes perspectives.

Les Kurdes de Syrie constituent la part la moins importante des Kurdes du Moyen-Orient ; environ 2 millions de personnes, comparés aux quelque 7 millions en Irak et autres 7 millions en Iran et aux 18 millions en Turquie. La diaspora est donc aussi la plus modeste. Parmi les leaders kurdes syriens les plus connus, on peut citer les frères Bedirxan, originaires de Cizre, en Turquie. Ils étaient les petits-fils de Bedirxan Beg (1802-1866), dernier dirigeant de l’émirat de Botan, dans le sud-est de l’actuelle Turquie. Chacun d’entre eux est devenu un intellectuel de renom, notamment en faveur du nationalisme kurde. Tous étaient reconnus comme des Kurdes syriens, bien qu’ayant vécu un temps parmi la diaspora. Djeladet (1893-1951), par exemple, a contribué au développement d’un alphabet kurde en y mêlant le latin, tandis que Kamuran (1895-1978) est devenu auteur, éditeur et enseignant de kurde à Paris. Dans les années 1960, il fut le porte-parole auprès des Nations unies de Mustafa Barzani (1903-1979), fondateur du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) d’Irak. Thurayya (1883-1938) a publié à Istanbul un journal bilingue kurdo-turc appelé Kurdistan et fut l’un des initiateurs du Parti transnational kurde Khoybun (« Sois toi-même » ou « Indépendance »), créé à Bhamdoun (Liban) en octobre 1927 par des intellectuels kurdes issus de l’aristocratie en exil.

La France a établi un mandat sur la Syrie (1920-1946) et le Liban (1920-1943), tandis que le Royaume-Uni s’établissait en Irak (1920-1932) et en Palestine (1920-1948). Quel a été l’impact de cette présence étrangère sur la société syrienne, et la kurde en particulier ?

Bien que le concept de mandat, sous l’égide de la Société des Nations (SDN), fût une manière voilée de poursuivre une politique colonialiste, cela ouvrit progressivement la voie vers l’indépendance. L’Irak l’a acquise en 1932, la Syrie en 1946. Sous le mandat français, l’identité nationale kurde, encore en gestation, ne représentait pas une menace aux yeux d’une identité arabe ancrée. En Syrie, les Kurdes disposaient de droits politiques et culturels, comme en témoignent, entre autres, l’émergence d’une modeste société civile active dans des structures sociales et politiques, l’usage permis de leur langue et de publications en kurde, ou encore le recrutement de Kurdes au sein de l’armée et de l’administration. Un certain nombre de tribus et d’« aghas » (propriétaires terriens) acceptaient également de se plier aux autorités françaises, la décentralisation n’affectant pas leur autorité traditionnelle.

D’un autre côté, il est vrai que certains Kurdes ont pris part aux mouvements de rébellion contre le mandat. Durant les années 1930, ils ont activement défendu l’idée d’un gouvernement autonome, à la fois contre la tentative française de laisser s’installer dans leur espace des Arabes sunnites, mais aussi pour afficher leur refus de toute forme de gouvernement centralisé. Après leur arrivée, les Français avaient entrepris de favoriser les Kurdes de manière à renforcer leurs prétentions dans la région. À cet égard, le plan « Terrier » fut, en 1920, une proposition des Français pour inciter les Kurdes à restreindre leurs ambitions territoriales à la seule province de Djézireh, au lieu de chercher à créer des liens avec d’autres enclaves kurdes dans le pays.

En outre, les autorités françaises accordèrent au parti Khoybun le droit de poursuivre ses activités hors de Syrie, et ce durant des années après sa création en 1927. De plus, les Kurdes qui avaient émigré de Turquie et qui étaient désormais établis en Syrie vivaient là depuis les années 1920, à l’époque où les Français leur avaient délivré des cartes d’identité. Ces Kurdes étaient donc déjà des citoyens syriens au moment de l’indépendance en 1946. Le fait de leur retirer le statut de citoyen pour les requalifier d’« ajanib » (étranger) ou de « maktoumeen » (caché, occulté) constituait dès lors une violation flagrante du droit international, en particulier en matière de nationalité et de succession, mais aussi au regard des conventions internationales.

Les Kurdes ont-ils toujours été marginalisés par le pouvoir syrien ?

Selon un recensement réalisé en 1962, le décret 93 classifiait environ 120 000 Kurdes, soit à l’époque environ 20 % de la population kurde de Syrie, comme « ajanib » ; dès lors, ils n’étaient pas autorisés à voter, ni à accéder à la propriété, ni à bénéficier d’emplois dans la fonction publique. On leur distribuait des cartes d’identité de couleur rouge, indiquant qu’ils n’étaient pas des citoyens syriens. Quelque 75 000 autres étaient des « maktoumeen », sans droits civiques. Le gouvernement syrien ayant arbitrairement constitué ces catégories, les proches d’une même famille, nés qui plus est dans un même village, pouvaient être classés différemment. Les pères, par exemple, étaient « ajanib », alors que leurs enfants restaient des citoyens à part entière. Ce phénomène a même concerné des personnalités – tel le général Tawfiq Nizam al-Din, jadis chef d’état-major de l’armée – à qui l’on a retiré le statut de citoyen et que l’on a, dès lors, condamnées à demeurer dans un vide juridique. Ces individus se sont alors retrouvés dans l’impossibilité de voyager légalement, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays (démarche qui requérait un passeport ou une carte d’identité), d’être propriétaires, de se marier, de participer aux élections…

Les enfants ont aussi fait les frais de ces mesures. Bien qu’ils aient officiellement accès à l’éducation – mais pas dans leur langue maternelle –, le statut d’apatride n’a fait que leur compliquer la tâche pour intégrer le lycée ou l’université. Ceux d’entre eux qui y sont parvenus n’arrivaient toutefois pas, ensuite, à trouver du travail dans leur domaine. Les enfants « maktoumeen » ne recevaient aucun diplôme du secondaire ; ils étaient donc de fait privés d’accès à des études supérieures. En conséquence, certains usèrent de subterfuges, comme utiliser le nom de leurs proches possédant une carte d’identité syrienne, pour passer outre ces obstacles. Le secteur de la santé publique leur était également fermé, les obligeant soit à payer des sommes exorbitantes auprès de prestataires privés, soit à s’en dispenser. Là aussi, de nombreux Kurdes se servaient de la carte d’identité d’amis.

Les choses changent-elles avec l’arrivée au pouvoir du Baas en 1963, puis avec le soulèvement de 2011 ?

Malgré des promesses de remédier à la situation, peu de choses avaient été entreprises jusqu’au déclenchement de la guerre civile en mars 2011, au moment où le gouvernement fut forcé de réévaluer son attitude envers les Kurdes et d’abolir certaines formes de marginalisation, sans garantie pour autant que celle-ci ne soit pas réinstaurée dès lors que Bachar al-Assad (depuis 2000) aurait remporté la guerre.

Après que le Baas a pris le pouvoir, le projet nationaliste arabe de restreindre les droits des Kurdes fut accentué par la création d’une « ceinture arabe », destinée à exproprier les Kurdes de leurs terres, le long de la frontière turco-irakienne, et de repeupler cette zone en y installant les Arabes qualifiés de « loyaux ». On notera à cet égard que la découverte, en septembre 1956, de ressources pétrolières dans la région, en particulier à Rumeilan, a probablement été une autre motivation. Ainsi dépossédés de leurs terres, les Kurdes étaient forcés soit de quitter la Syrie pour le Liban, soit de trouver un autre endroit en Syrie pour vivre. Une fois les zones kurdes évacuées, celles-ci étaient rebaptisées avec des noms arabes. Le plan ne fut mis à exécution qu’en 1973 en raison de problèmes techniques, et l’arabisation suspendue en 1976.

En 1967, les écoles commencèrent à omettre véritablement l’existence d’une identité kurde. Un décret de 1977 alla même plus loin en tentant d’effacer la présence historique des Kurdes en Syrie en remplaçant les noms non arabes de certains lieux : Kobané devint Aïn al-Arab, Serekaniye fut transformé en Ras al-Aïn, Derek en Al-Malikiyah, etc. Deux décrets en 1989 ont interdit l’usage du kurde sur le lieu de travail et lors de festivités, comme les mariages. En 1992, un autre décret interdisait l’enregistrement d’enfants portant un prénom kurde, politique qui était déjà officieusement pratiquée depuis des années. En mai 2000, la résolution 768 sommait les centres culturels kurdes, les librairies et toutes autres activités similaires impliquant l’usage de la langue kurde de fermer. Le 10 septembre 2008, le décret 49 entérina la loi 41 du 26 octobre 2004 qui avait pour but de réguler la possession, la vente et la location de terres en région frontalière. Ce décret fut perçu par les Kurdes comme un énième renforcement des politiques arabes pour les déposséder de ce qui leur revenait de plein droit.

Bien que ces mesures n’aient pas toujours été appliquées, et que les Kurdes soient parvenus à les contourner, l’existence de telles lois faisait écho aux politiques hostiles de l’État pour les marginaliser. Et peu de choses filtraient sur leur sort, comparé à leurs compatriotes vivant dans d’autres pays du Moyen-Orient ; ils ont ainsi été oubliés.

En outre, les articles 10, 11, 15 et 20 de la Constitution du Baas ont fourni un caractère exclusif au nationalisme arabe, écartant tout groupe social ou politique qui ne partagerait pas ses idées. Même si Michel Aflak (1910-1989), l’un des fondateurs du parti, a reconnu que des minorités ethniques existaient au sein de la nation arabe, il arguait du fait que les Kurdes souhaiteraient rester parmi la nation arabe, car cela assurerait leur bien-être. Les Kurdes étaient donc tolérés dès lors qu’ils acceptaient le principe du nationalisme arabe. En réalité, les baasistes vinrent à considérer les Kurdes comme des étrangers, donc comme une menace. Le parti lui-même fut progressivement réduit après novembre 1970, lors de l’arrivée au pouvoir de Hafez al-Assad, qui en fit une simple façade destinée à la propriété personnelle de sa famille d’origine alaouite.

La justification théorique à ces mesures iniques trouve son origine dans un document écrit et publié le 12 novembre 1963 par le lieutenant Mohamed Talal Hilal, alors responsable de la police politique syrienne dans la province de Djézireh. Dans Étude nationale, politique et sociale de la province de Djézireh (en arabe), les principaux points abordés se révèlent éclairants pour comprendre pourquoi les Kurdes sont tant marginalisés. On peut en retenir quelques-uns :
• « Les sirènes de Djézireh font appel à la conscience arabe pour sauver cette région, la purifier et la nettoyer de cette salissure historique [les Kurdes] afin de préserver les richesses de ce territoire arabe. »
• « Les peuples tels que les Kurdes – qui n’ont pas d’histoire, pas de civilisation, de langage ou d’origine ethnique – sont prompts à la violence et à la destruction, comme le sont tous les peuples vivant en montagne. »
• « La question kurde, telle qu’ils l’abordent, est devenue une tumeur bénigne pour la nation arabe et doit être éradiquée. »
• « Ils [les Kurdes] sont soutenus par les impérialistes depuis que les objectifs de ces voyous du Moyen-Orient sont devenus les mêmes que les leurs. »
• « Les impérialistes tentent de légitimer la question kurde comme ils ont légitimé celle de l’État d’Israël. »
• « La question kurde est la menace la plus dangereuse envers la nation arabe, en particulier la Djézireh et le nord de l’Irak. La situation évolue de manière comparable à ce que le sionisme avait fait avant la création d’Israël. Les Kurdes de Djézireh ont tenté d’empêcher l’armée syrienne d’intervenir au nom de l’Irak contre Mustafa Barzani. »
• « Les Kurdes de Turquie vivent au nord de la ceinture kurde de la Syrie. Les Kurdes de ces deux pays sont frères de sang, et nombre de leurs proches sont répartis sur toute la Turquie, la Syrie et l’Irak. Ils sont aux frontières, et parés à n’importe quel moment à rendre concret leur rêve d’un Kurdistan. »
• « En dépit de leurs différences, les tribus kurdes de Djézireh sont unies et influencées par une seule idée, celle de la race kurde, et c’est ce qui les encourage à croire à la possibilité d’un grand Kurdistan. »
• « Les Kurdes ne sont pas comme les Arabes, sur les plans ethnique, psychologique et physiologique. »

La partie kurde de Syrie possède des ressources pétrolières ; cette donnée influence-t-elle les rapports entre le peuple kurde et le pouvoir central à Damas ? Par ailleurs, comment la guerre contre l’organisation de l’État islamique (EI ou Daech) a-t-elle impacté la société civile kurde ?

Les réserves de pétrole situées dans les régions kurdes de Syrie ont joué un rôle important lors des combats entre les Kurdes et l’EI. À l’heure où Bachar al-Assad a vraisemblablement remporté la guerre civile qui fait rage depuis mars 2011 (avec l’aide de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais), ces réserves représenteront pour le régime une motivation supplémentaire pour réintégrer les zones à dominante kurde.
Toutefois, la bataille remportée par les Kurdes contre Daech – avec le soutien aérien et le conseil militaire des États-Unis et, dans une moindre mesure, celui de la France – leur a permis d’établir une zone de facto autonome dans le nord de la Syrie. Ce succès militaire des Kurdes syriens a aussi pu aboutir grâce à un accord avec Damas qu’aucun conflit ouvert n’aurait lieu. Le soutien américain, indispensable, a fait forte impression tant sur Damas et ses alliés que sur la Turquie ; il a également eu pour effet d’inscrire les États-Unis au cœur d’une équation à laquelle le régime de Bachar al-Assad devra porter attention dans ses considérations postconflit.

Le président américain, Donald Trump (depuis 2017), a un temps voulu retirer ses troupes du nord de la Syrie. Quelles seraient les conséquences pour les groupes armés kurdes ?

Donald Trump a ajouté des incertitudes à ce sujet lorsqu’il a déclaré, en mars 2018, que 2 000 des soldats américains déployés pourraient quitter la Syrie – 4 000 membres des Forces spéciales seraient au Kurdistan syrien. Il a également ordonné au département de la Défense de geler les 200 millions de dollars d’aide prévus pour la reconstruction, notamment dans l’est du pays (à majorité kurde). Cette décision a pris de court – et surtout contredit – les proches conseillers du président, tout comme les alliés des États-Unis. Toutefois, l’EI serait composé de plus de 14 000 combattants en Syrie (et à peu près 17 000 en Irak), information qui a incité l’administration Trump à faire marche arrière en septembre 2018.

Par ailleurs, les États-Unis et la Turquie sont parvenus à un accord, en juin 2018, selon lequel les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les Unités de défense du peuple (YPG) quitteront Manbij (sous contrôle turc) pour s’installer, sous égide américano-turque, en zone occidentale ; cet accord a permis d’éviter temporairement un conflit ouvert entre les deux alliés de l’OTAN. À long terme, la menace plane. À l’image des Kurdes d’Irak, l’avenir des Kurdes de Syrie, dont l’autonomie a été chèrement acquise, semblait à la fois instable et continuellement dépendant de l’aide américaine. La stratégie fluctuante de Donald Trump envers les Kurdes non seulement a eu un effet sur l’incertitude quant à leur avenir, mais a aussi impacté les pays de la région (Irak, Iran, Turquie), les membres de l’OTAN ainsi que la Russie.

Quel regard les Kurdes portent-ils sur le panarabisme ou le conflit israélo-palestinien ?

Étant donné les politiques criminelles de l’État syrien envers les Kurdes, il ne faut pas s’étonner que ces derniers aient adopté une position farouchement antipanarabe. C’est la même chose sur la question palestinienne : les Kurdes de Syrie se sont toujours interrogés sur ce soutien et cette empathie envers les Palestiniens, alors qu’eux-mêmes sont marginalisés. Israël est souvent perçu comme étant solidaire de la cause kurde, bien que cela soit le plus souvent une manière d’affaiblir les ennemis de l’État hébreu.

Entretien réalisé par Jérôme Diaz (novembre 2018)

<strong>Géographie et démographie du peuple kurde</strong>

Note

(1) Wadie Jwaideh, The Kurdish National Movement : Its Origins and Development, Syracuse University Press, 2004. Pour en savoir plus, voir le dossier « Kurdistan(s) : Une nation, des États ?, in Moyen-Orient no 26, avril-juin 2015, p. 15-71.

Légende de la photo en première page : Cimetière de Derek (Al-Malikiyah en arabe), où reposent des combattants des Unités de défense du peuple (YPG), avril 2018. © Yann Renoult

Article paru dans la revue Moyen-Orient n°41, « Kurdistan syrien : réalité politique ou utopie ? », janvier-mars 2019.

À propos de l'auteur

Michael M. Gunter

Historien, spécialiste du peuple kurde, professeur de science politique à la Tennessee Tech University ; auteur notamment d’Out of Nowhere : The Kurds of Syria in Peace and War (Hurst, 2014 ; non traduit) et de The Kurds: A Modern History (Markus Wiener, 2016 ; non traduit)

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