La Russie est la onzième puissance économique mondiale en matière de PIB (1 578 milliards de dollars en 2017, selon la Banque mondiale), une puissance aussi remarquée tant diplomatiquement que militairement. Pourtant, la fédération connaît une répartition des richesses parmi les plus inégales de la planète.
Selon Eurostat, le taux de pauvreté s’élevait à 17,3 % en 2016 dans l’Union européenne (UE) ; il était de 13,6 % en France. Ce calcul se base sur la population vivant avec moins de 60 % du revenu médian du pays. En Russie, la méthode diffère. Sont considérées comme pauvres les personnes dont les salaires mensuels sont inférieurs au minimum vital, soit environ 140 euros. Ainsi, après être monté jusqu’à 15 % au premier trimestre 2017 à la suite de l’effondrement des cours du pétrole et des sanctions internationales, le taux de pauvreté est redescendu à 13,6 % au deuxième trimestre 2018. Cela concernerait donc 19 millions de Russes sur les 143,99 millions d’habitants (2017) ; mais, dans la réalité, on serait plus proche des 43 millions avec les critères d’Eurostat.
Le président, Vladimir Poutine (depuis 2012), a annoncé en mars 2018 son intention de réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2024. Cependant, si le nombre de pauvres a diminué de 1,1 million sur la première moitié de 2018, l’objectif sera impossible à atteindre. Car la politique actuelle ne va pas dans ce sens. Le dirigeant protège son électorat en freinant la libéralisation de l’économie russe, éloignant les investisseurs. De fait, la croissance annuelle moyenne est faible (1,5 % en 2017).
Hausse des prix et disparités
Le pays connaît également une forte inflation. Entre avril 2018 et février 2019, elle est passée de 2,4 à 5,2 %, mais reste toujours en deçà de la crise de 2015, quand elle était montée jusqu’à 14,9 % (février). L’augmentation au 1er janvier 2019 de la TVA, passant de 18 à 20 %, n’a pas arrangé la situation et nombreux sont les Russes qui se plaignent des prix élevés qui amputent un peu plus leur budget. La Russie est un État où les inégalités sont profondes. En 2018, 10 % des personnes les plus riches détenaient 82 % des richesses, un record parmi les pays développés. Cette répartition inégalitaire, accentuée par la corruption, augmente avec l’affaiblissement du cours du rouble, depuis 2014, pénalisant fortement les classes moyennes.
Le territoire reflète ces disparités. Les régions de l’est et du sud (Sibérie, Extrême-Orient, Caucase du Nord) continuent d’être plus pauvres que l’ouest et le nord. Cependant, le Centre du pays et la Volga présentent aussi des taux de pauvreté élevés. Les zones rurales et les petites villes sont plus touchées, tout comme celles de moins de 100 000 habitants par rapport aux métropoles, qui concentrent néanmoins la misère et la grande richesse.
L’importance de cette pauvreté peut également se voir dans l’espérance de vie, qui était, en 2016, selon l’OCDE, de 71,8 ans, une moyenne en dessous des pays développés comme la France (82,4 ans) ou les États-Unis (78,6 ans).
Cartographie de Laura Margueritte