Magazine DSI HS

Puissance navale deux ans de mutations dans l’équilibre des forces

Deux ans se sont écoulés depuis le dernier salon Euronaval, une durée qui peut sembler courte dans l’absolu, mais qui a également vu plusieurs événements marquants dans l’évolution des marines, tant sur le plan de leurs structures de force que sur celui des équilibres régionaux de puissance. Tour d’horizon.

Des points chaudsne tiédissant que peu

C’est d’abord sur le plan conflictuel qu’il faut évaluer les mutations en cours. Celles-ci étaient largement en germe en 2016 et ces deux dernières années ne font que confirmer les tendances. C’est premièrement le cas en Europe. L’annexion de la Crimée par la Russie s’est doublée d’une plus grande activité en mer Noire, nourrie par l’arrivée de nouvelles unités dans la Flotte russe qui y est localisée. Si la marine russe opère de manière plus active dans la région, c’est également le cas des gardes-côtes de Moscou, sanctuarisant la mer d’Azov et le canal Volga-Don vers la Caspienne. Ce canal permet ainsi des bascules de patrouilleurs intéressantes au regard de la stratégie russe à l’égard de la Syrie et plus largement du Moyen-Orient – en particulier après que la Russie a fait la démonstration, dès 2015, de sa capacité à tirer des missiles de croisière depuis des patrouilleurs Buyan-M (1). Cependant, les activités russes en mer Noire les plus diplomatiquement sensibles sont le fait de l’aviation. C’est également le cas en ce qui concerne les mouvements dans l’Atlantique et en mer du Nord, où les transits russes ont augmenté en deux ans. Les passages remarqués du Kuznetsov avec ses appareils armés et en position de décollage sur le pont – un acte symboliquement inhabituel – d’octobre 2016 et janvier 2017 n’ont pas été réitérés : le bâtiment est alors entré en grand entretien. Les passages de navires de surface ont cependant été moins démonstratifs. En mer de Barents, la Russie tend à plus d’assertivité. Durant les exercices « Zapad 2017 », une simulation de débarquement amphibie sur l’archipel du Svalbard a ainsi surpris les forces norvégiennes (2). Plus largement, cette activité a des répercussions sur les autres marines, tantôt du point de vue organique – la reconstitution de la IIe Flotte par l’US Navy – tantôt du point de vue matériel. Les actions russes mettent ainsi en évidence des faiblesses dans les capacités d’escorte des marines européennes (3).

La situation est en revanche beaucoup plus tendue en mer de Chine méridionale. Les États de la région ont poursuivi la poldérisation des îlots et récifs qu’ils ont annexés.

La Chine ayant des moyens nettement plus importants, elle a été en mesure d’achever l’aménagement de nombre d’entre eux, qui disposent à présent de capacités aériennes et de ravitaillement maritime non négligeables. Parallèlement, Beijing a multiplié les déploiements de ses bâtiments dans cette zone, comme les vols effectués par ses bombardiers H-6K et ses appareils de patrouille maritime. Pratiquement, la situation reste toutefois stable. Si les États-Unis continuent de mener des FONOP (Freedom Of Navigation Operations) et que le Japon effectue cette année le deuxième déploiement dans la région d’un de ses porte-hélicoptères, les gardes-côtes sont toujours en première ligne (4). Si des heurts et des incidents peuvent intervenir, leur niveau de violence reste pour l’heure limité, mais les symboles peuvent être forts, comme la « désinvitation » de la Chine aux derniers exercices « RIMPAC ».

Il n’en demeure pas moins que le développement quantitatif de la marine chinoise, en particulier dans le domaine aéronaval, va mécaniquement induire une plus grande activité des forces navales du pays. C’est le cas à l’échelle régionale, mais également mondiale. Depuis plusieurs années maintenant, la marine chinoise se déploie presque systématiquement en Méditerranée après avoir opéré contre la piraterie au large de la Somalie. Des déploiements ont déjà eu lieu dans l’Adriatique, en mer Noire et, pour la première fois en juillet 2017, à travers la Manche, la mer du Nord et les détroits danois. La flottille concernée rejoignait alors la Baltique pour conduire des exercices avec la marine russe. Ces exercices bilatéraux tendent à s’accroître depuis 2012, avec des évolutions intéressantes (5). En septembre 2017, la marine chinoise opérait ainsi pour la première fois en mer d’Okhotsk.

De plus, Beijing a également ouvert sa première base à l’étranger, à Djibouti, un État au cœur des évolutions navales de ces dernières années. La porte du détroit de Bab el-Mandeb accueille ainsi, en plus des bases française et américaine, une installation chinoise majeure, de même qu’une base aérienne japonaise – en fait, la construction d’une nouvelle extension de l’aéroport international – où ont été déployés des P-1 de patrouille maritime. Le Japon a aussi indiqué qu’il pourrait mener des missions de patrouille maritime depuis les Philippines – avec qui les relations se sont accrues, notamment avec des dons de matériel. Djibouti accueille également une base de soutien italienne et, après l’Arabie saoudite en 2017, la Russie annonçait en avril de cette année vouloir elle aussi y disposer d’installations. Au demeurant, la Russie est durablement implantée en Syrie et pourrait continuer d’opérer depuis Tartous après la guerre.

Le processus d’installation de bases étrangères ne se produit pas uniquement à Djibouti, mais constitue plutôt le double reflet d’une plus grande activité des marines et de leur engagement hauturier plus marqué. Après la France aux Émirats, le Royaume-Uni a ainsi ouvert une base à Bahreïn, officiellement opérationnelle depuis le 5 avril 2018. Les Émirats arabes unis sont quant à eux engagés dans la construction d’installations navales en Somalie (à proximité du port de Berbera, avec un bail de 25 ans) et en Érythrée (installations aériennes, navales et base terrestre). L’Éthiopie, sans marine depuis l’indépendance érythréenne de 1993, a de son côté fait part de son intention de remettre en place une marine ; ce qui implique de disposer d’une base hors de ses frontières, en Somalie ou au Kenya. La Turquie s’est quant à elle vu accorder la restauration des installations soudanaises de Suakin, toujours sur la mer Rouge, à des fins d’abord civiles – des activités touristiques et un point logistique pour les pèlerinages de La Mecque –, mais aussi potentiellement militaires, le bail ayant une durée de 99 ans.

La situation régionale est de facto complexe : théâtre de rivalités, elle est aussi au cœur d’une guerre entre les États arabes et les Houthis qui connaît également des développements navals parfois spectaculaires, comme l’attaque du HSV-2 Swift à coup de missiles en octobre 2016, celle de bâtiments américains dans la foulée et celle d’une frégate saoudienne par une embarcation télécommandée en février 2017 (6). Toujours en ce qui concerne les bases, l’Iran indiquait par la voix de son chef d’état-major, en novembre 2016, vouloir disposer de bases navales à l’étranger et examinait les options yéménite et syrienne. Si le chef du conseil politique houthiste balayait immédiatement cette hypothèse, la question se pose toujours pour la Syrie, vers laquelle plusieurs déploiements ont eu lieu, dans un contexte d’accroissement de la présence ponctuelle de navires iraniens en mer Rouge. Pratiquement, aucune base ne semble en cours d’établissement. Par ailleurs, l’Inde, qui comptait installer une première base en bonne et due forme aux Seychelles – elle disposait déjà d’un radar à Madagascar – s’est vu opposer un refus de la part du parlement local, mettant pour l’heure un terme au projet.

La situation sur le front de la piraterie tend quant à elle à s’améliorer, avec 180 attaques en 2017 contre 191 en 2016. Ces résultats à l’échelle mondiale, les meilleurs en 22 ans, sont cependant à nuancer : dans le golfe de Guinée, elle a tendance à empirer en dépit des efforts des marines de la région, que ce soit en matière d’équipement, de formation ou encore de coopération. Ainsi, sur 11 bâtiments cibles de tirs dans le monde, huit l’ont été au large du Nigéria. Au large de la Somalie, le phénomène n’est toujours pas éradiqué. Le contexte est stratégiquement subtil : s’il s’agit de lutter contre la piraterie, il s’agit aussi pour les marines engagées dans ces opérations de « montrer le pavillon », ce qui n’est pas sans incidence sur la situation en mer Rouge.

Deux ANS DE développements capacitaires

En contrepoint de situations géostratégiques assez instables, les évolutions des marines sont tendanciellement plus importantes. Les pays de l’Union européenne restent marqués par la dispersion des investissements, la fragmentation des programmes et une modernisation relativement lente. Peu nombreuses ont été les grandes unités admises au service en deux ans : un porte-aéronefs (Queen Elizabeth), cinq frégates (deux Aquitaine pour la Marine nationale, trois Bergamini pour la Marina Militare), six sous-marins (le SNA britannique Artful, deux Type-214 grecs, deux Type-212A italiens et un allemand), deux ravitailleurs (les deux premiers Tide de la Royal Fleet Auxiliary britannique). Pis, il faut ajouter au vieillissement des flottes des difficultés budgétaires parfois importantes qui ont, par exemple, amené Londres à s’interroger sur la sortie de service de deux grands navires amphibies et d’au moins une frégate. Ces difficultés ont également touché l’Allemagne, dont la disponibilité de la flotte s’est avérée particulièrement faible en 2017 et 2018.

Comparativement, toujours depuis 2016, la Russie admettait au service deux sous-marins Kilo, quatre frégates (le Gorshkov et trois Grigorovitch), deux corvettes et un transport de chars Ivan Gren ; tandis que l’Inde faisait entrer dans sa flotte deux sous-marins (le Kalvari et le lanceur d’engins Arihant), un destroyer Kolkata et deux corvettes de classe Kamorta. La flotte japonaise accueillait un grand porte-hélicoptères Izumo, la tête de la classe de destroyers Asahi et deux sous-marins Soryu. Séoul poursuivait également son programme, faisant entrer en service trois frégates (deux Incheon et une Daegu), trois sous-marins KSS-2 (Type-214)
et trois transports de chars, en plus de patrouilleurs et d’auxiliaires. In fine, là aussi, les admissions ont donc été assez peu nombreuses. En revanche, plusieurs programmes majeurs sont bien engagés dans ces États et devraient déboucher sur un plus grand nombre d’admissions durant la période 2018-2020.

Deux États se distinguent cependant plus clairement. Classiquement, c’est le cas pour les États-Unis. Ont été admis au service un porte-avions, quatre destroyers (un Zumwalt et trois Arleigh Burke), six LCS (deux Freedom et quatre Independence), quatre sous-marins nucléaires d’attaque de classe Virginia, deux grands bâtiments amphibies de la classe San Antonio et quelques auxiliaires. Mais le réel développement durant la période considérée est chinois : sept destroyers Type-052D, huit frégates Type-054A, 19 corvettes Type-056/056A, un grand navire amphibie Type-071, quatre transports de chars Type-072A, un grand ravitailleur d’escadre Type-901, trois ravitailleurs Type-903A et une série de bâtiments de guerre des mines, de renseignement et d’auxiliaires. Beijing ne s’en tiendra pas là : durant la même période, un porte-avions était lancé, de même quatre « destroyers » (en réalité, des croiseurs) Type-055, quatre destroyers Type-052D, deux frégates Type-054A, deux amphibies Type-071 et deux ravitailleurs. Au-delà de ces lancements, les programmes ne sont pas terminés dans les secteurs aéronaval, de combat de surface et, surtout, des sous-marins.

L’effort réalisé par Beijing peut se mesurer comparativement à la production américaine. Si les États-Unis dépassaient de peu la Chine par le tonnage lancé durant la période 2012-2014, celle-ci a pris l’ascendant pour la période 2015-2017, avec 374 200 tonnes contre 181 300 pour les États-Unis (7). De 2014 à 2018, la marine chinoise – compte non tenu des gardes-côtes, donc – a lancé 678 000 tonnes, soit un peu moins que le tonnage de l’ensemble de la Royal Navy (692 000 tonnes) et plus que celui de la Marine nationale (428 000 tonnes) ou de la marine indienne (529 000 tonnes) (8). Bien évidemment, il peut être rétorqué que les navires ne font pas une marine et que la qualité des équipages, leur formation et leur expérience sont centrales pour la crédibilité d’une force. Mais force est aussi de constater que l’expérience chinoise s’accroît et que le recrutement ne semble pas poser de problème, alors qu’il est déficitaire pour les marines occidentales ou en Asie-Pacifique.

Dans le même temps, l’organique des forces chinoises a également évolué. Après la mise en place d’une garde-côtes unifiée en mars 2013, celle-ci a été pour partie militarisée en mars 2018, en étant placée sous la tutelle de la police armée, qui dépend de la Commission militaire centrale et du Comité central du parti communiste. Les conséquences de ces évolutions sont importantes d’un point de vue opérationnel, parce qu’elles permettent une meilleure coordination avec la marine. Si les capacités offensives de la garde-côtes sont modestes (l’armement le plus lourd est le canon de 76 mm), elle dispose d’une flotte étoffée, bien équipée, récente et dotée d’équipages compétents (9). Concrètement, elle est en mesure de mailler finement la mer de Chine méridionale ou les eaux des îles Senkaku/Diaoyu disputées au Japon. Cela permet aux autorités, d’une part, de pouvoir territorialiser la zone en restant sous un seuil de violence acceptable et, d’autre part, de libérer la marine pour d’autres missions.

Quels projets ?

Au regard de ces développements, il semble clair que la distribution de puissance navale évolue en défaveur des marines européennes. Les projets de ces dernières sont certes déjà engagés et l’on connaît, dans une certaine mesure, la physionomie qu’elles auront d’ici à dix ans.• En France, les deux dernières Aquitaine, spécialisées dans la défense aérienne, doivent entrer en service et trois La Fayette doivent être modernisées. Cinq Frégates de Taille Intermédiaire (FTI) entreraient également en service, dont deux d’ici à 2025. Le changement majeur sera l’entrée en service, d’ici à 2028, de cinq des six SNA de classe Suffren, et le remplacement des capacités de guerre des mines et des ravitailleurs. Il faut y ajouter la poursuite des études sur le successeur du Charles de Gaulle et des SNLE Le Triomphant.
• Au Royaume-Uni, la fin de la livraison des SNA Astute d’ici à 2024 sera suivie de celle des deux derniers ravitailleurs de la classe Tide. Le Glasgow, première des huit frégates de Type-26 envisagées, mis sur cale l’an dernier, atteindrait sa pleine capacité opérationnelle en 2027. Au mieux, deux unités seraient donc en service en 2028. Le statut de la Type-31, dont cinq unités doivent être commandées pour pallier la réduction de cible des Glasgow, est encore incertain : fin juillet, le programme était suspendu. Les capacités de guerre des mines devraient également avoir été renouvelées.
• En Allemagne, trois programmes majeurs sont en cours. D’abord, les quatre frégates d’intervention F125, une fois leurs maladies de jeunesse traitées, devraient être en service en 2028. Ensuite, une première F126, ex-MKS180, pourrait entrer en service en 2023, Berlin ayant décidé d’en construire six unités – quatre ou cinq pourraient donc être opérationnelles en 2028 – en remplacement des trois frégates ASM de classe Brandenburg (10). Enfin, cinq nouvelles corvettes K130 (classe Braunschweig) ont été commandées en septembre 2017. Les capacités de guerre des mines devraient également connaître un remplacement.
• En Espagne, cinq F110 entreraient en service d’ici à 2027 en remplacement des cinq Santa Maria/Perry. Madrid devrait aussi disposer de ses trois sous-marins S-80, au développement particulièrement difficile. Une question délicate concernera l’éventuelle commande de F-35B, permettant de maintenir une aéronavale embarquée à ailes fixes.
• L’Italie doit prendre livraison de ses trois dernières frégates de classe Bergamini d’ici à 2021. De plus, sept PPA seraient reçus entre 2021 et 2026, en trois versions, dont une lourde n’ayant rien à envier aux frégates du point de vue des capteurs et de l’armement (11). Trois autres unités sont en option, l’ensemble devant remplacer 20 corvettes et patrouilleurs. Le LHD Trieste remplacera le porte-aéronefs Garibaldi et les capacités aéronavales seront maintenues, avec la livraison de F-35B (12). L’Italie recevra également le Vulcano, un grand ravitailleur au design proche de celui des futurs bâtiments français. Là comme ailleurs, les capacités de guerre des mines devront être renouvelées.
• La Belgique et les Pays-Bas devraient chacun disposer, en 2028, de deux nouvelles frégates Type-M (la première entrerait en service en 2024), de même que de nouvelles capacités de guerre des mines. Les Pays-Bas recevraient également en 2027 le premier des quatre sous-marins devant remplacer les quatre Walrus actuellement en service. Le remplacement des quatre frégates de défense aérienne de classe De Zeven Provincien serait engagé, avec une première entrée en service en 2029.
• Au Danemark, à la montée en puissance des capacités des frégates de classe Iver Huitfeldt (notamment dans le domaine antibalistique), il faut ajouter le remplacement des quatre frégates de classe Thetis à partir de 2026. En Suède et en Norvège, les programmes majeurs concerneront le remplacement des capacités sous-marines, la Finlande se concentrant sur le programme Squadron 2020, qui représente quatre corvettes polyvalentes qui devraient toutes être service pour 2027.
• La Pologne devrait voir le renouvellement de ses capacités sous-marines, dotées de missiles de croisière d’attaque terrestre. À l’exception du Slazak, dont le développement a été particulièrement long, aucun programme de combat de surface n’est aujourd’hui en cours ; même si l’achat de frégates australiennes de classe Adelaide (type Perry) a été évoqué.
• En mer Noire, la Bulgarie est quant à elles engagée dans des projets d’achat de patrouilleurs. La Roumanie avait commandé quatre frégates SIGMA 10514 en 2016 tout en envisageant l’acquisition de trois sous-marins. Mais la commande des bâtiments de surface a été suspendue en 2017.
• D’autres marines vont faire face à une situation complexe. Au Portugal, la sortie de service des corvettes et patrouilleurs les plus anciens a pour partie déjà été compensée par l’arrivée de nouveaux patrouilleurs. De même, les frégates vont être modernisées, mais leur remplacement semble remis sine die. Lisbonne devrait en revanche recevoir un nouveau ravitailleur, dont l’achat est considéré comme prioritaire. La question se pose également en Grèce : un leasing de FREMM et l’achat de corvettes Gowind ont été évoqués, mais rien de concret n’a pour l’instant été signé.

Comparativement à la Chine, il faut constater que les évolutions programmatiques ne laissent que très marginalement la place à des montées en puissance. Au mieux, les bâtiments sont remplacés nombre pour nombre, parfois par des unités plus performantes en termes d’endurance, de puissance de feu ou de capteurs. De facto, toute montée en puissance reste limitée par les budgets disponibles, mais aussi par le recrutement : pratiquement toutes les marines européennes font face à de tels problèmes. In fine, les États européens n’ont d’autres options que la coopération en s’appuyant sur leurs capacités effectivement mobilisables. 

Notes

(1) Le gabarit du canal est limité par celui de sa plus petite écluse, qui autorise un tirant d’eau de 3,6 m et une longueur de 145 m.

(2) Joseph Henrotin, « L’OTAN et la stratégie maritime : retour vers le futur ? », Défense & Sécurité Internationale, hors-série n° 57, décembre 2017-janvier 2018.

(3) C’est en particulier le cas pour le Royaume-Uni.

(4) Lyle J. Morris, « Blunt Defenders of Sovereignty – The Rise of Coast Guards in East and Southeast Asia », Naval War College Review, vol. 70, no 2, été 2017 ; Alexandre Sheldon-Duplaix, « Des flottes paramilitaires en première ligne des conflits en Asie », Défense & Sécurité Internationale, no 106, septembre 2014.

(5) Plus précisément : deux exercices bilatéraux en 2015 (mer Noire et mer du Japon) ; un en 2016 (mer de Chine méridionale), deux en 2017 (Baltique et mer du Japon/mer d’Okhotsk). Voir notamment David Scott, « Russia-China naval cooperation in an age of competition », Cimsec​.org, 12 juin 2018 (http://​cimsec​.org/​r​u​s​s​i​a​-​c​h​i​n​a​-​n​a​v​a​l​-​c​o​o​p​e​r​a​t​i​o​n​-​i​n​-​a​n​-​e​r​a​-​o​f​-​g​r​e​a​t​-​p​o​w​e​r​-​c​o​m​p​e​t​i​t​i​o​n​/​3​6​773).

(6) Le Yémen voit ainsi, périodiquement, l’implication de forces spéciales américaines et de tirs de missiles de croisière sur des positions d’Al-Qaïda. Au regard de la guerre entre et la coalition arabe, les enjeux navals ont été marqués, dès le début du conflit. L’île de Perim – au milieu du détroit de Bab el-Mandeb – a été reprise aux Houthis par les Saoudiens en octobre 2015. Dès le début de la guerre, des bombardements navals saoudiens et égyptiens ont visé des positions houthistes, tandis qu’un blocus naval était mis en place. Début janvier 2018, les plus grosses opérations de la coalition arabes visaient le port de Hodeïda.

(7) Nick Childs et Tom Waldwyn, « China’s naval shipbuilding : delivering on its ambition in a big way », IISS blog, 1er mai 2018.

(8) Ibid.

(9) En plus des cutters les plus lourds du monde, elle semble récupérer d’anciennes frégates de la marine. Elle semble également devoir bénéficier d’une variante de la frégate Type-054A, la Type-818.

(10) Mais aussi des patrouilleurs lance-missiles Gepard, déjà sortis de service ; de même que des frégates ASM de classe Bremen, dont les deux dernières unités ne tarderont pas à quitter la flotte.

(11) La version lourde pourrait être affectée à des missions de défense antibalistique.

(12) Le premier des 30 appareils espérés a été livré le 25 janvier 2018.

Légende de la photo en première page : Le Charles de Gaulle escorté par deux Aquitaine et le Forbin, de même que par une Type-23 et une F122 allemande, en 2016. La coopération sera de plus en plus centrale dans les modes d’action européens, sous peine de déclassement. (© Bundeswehr)

Article paru dans la revue DSI hors-série n°62, « Opérations navales : mutations dans l’équilibre des puissances », juin-juillet 2018.

À propos de l'auteur

Joseph Henrotin

Rédacteur en chef du magazine DSI (Défense & Sécurité Internationale).
Chargé de recherches au CAPRI et à l'ISC, chercheur associé à l'IESD.

0
Votre panier