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Quel avenir pour les forces éthiopiennes ?

Patrick Ferras explique en 2011 qu’en renouant avec la notion de Défense nationale et de sécurité nationale, « les FDNE (1) ont réussi le pari d’effacer les heures tragiques de l’époque Mängestu (2) et s’affirment comme un outil de puissance régionale (3) ». Le constat est alors corrélé au travail accompli par le gouvernement du Premier ministre Meles Zenawi, en fonction de 1995 à 2012. Cependant, la mort de ce dernier, auquel succède Hailemariam Desalegn, ralentit l’évolution des forces éthiopiennes. Durant cette période, les FDNE prennent une place grandissante dans l’économie du pays, synonyme de corruption et de politisation (4). Leur puissance augmente jusqu’à dépasser celle du cabinet du Premier ministre, comme le dénonce le lieutenant-général Gäbrä Tsadqan (5). Enfin, leur rôle sécuritaire se généralise au risque de favoriser d’ataviques dérives autoritaires.

La démission de Desalegn en février 2018 et l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed en avril sont censées mettre un terme aux troubles qui agitent alors le pays. Immédiatement, celui-ci fait entrer l’Éthiopie dans une ère de réformes sociales, économiques et diplomatiques. Il exprime également la volonté de revenir à l’idée de Défense et de sécurité nationales tout en ravivant la stature des FDNE. L’amélioration des relations avec les pays voisins (6) facilite ce projet. Malheureusement, le pouvoir ne parvient pas à tourner la page des violences qui ont éclaté à partir de 2014 (7). Le désir de bonne gouvernance est affiché. Cependant, il se traduit par des réformes menées à un rythme trop rapide, voire brutales, et dispersées. Les tensions ethniques qui ont déjà pris de l’ampleur lors des événements de 2014 s’exacerbent concomitamment (8). Ces bouleversements inquiètent l’ethnie minoritaire (9) qui détenait auparavant le pouvoir : les Tegréens. De façon préoccupante, une grande partie de la communauté tegréenne se perçoit comme victime d’une préférence ethnique accordée aux Oromo par un Premier ministre lui-même Oromo. Dans ce contexte, l’armée est plus que jamais un pilier porteur de l’édifice complexe qu’est l’Éthiopie en 2019, engagée aussi bien en dehors qu’à l’intérieur des frontières.

L’organisation des forces terrestres

Du courant des années 1990 aux années 2000, le pays est imbriqué dans trois cercles géopolitiques régionaux (10) : l’Érythrée et Djibouti ; la Somalie et le Soudan ; l’Ouganda et le Kenya. Plusieurs de ces nations sont alors au mieux inamicales (Soudan, Égypte), voire franchement belliqueuses, en ce qui concerne l’Érythrée. Addis-Abeba veille donc à disposer d’une armée solide qui s’appuie sur une doctrine agglomérant des influences héritées d’un passé tumultueux.

Ainsi, une culture de la guérilla robuste imprègne l’armée de terre. Elle le doit à l’époque révolutionnaire de la lutte contre le régime du Derg (11). Les forces terrestres se composent d’un grand nombre de fantassins ; les tactiques d’infanterie et d’infanterie légère sont saillantes. Des doctrines occidentales et soviétiques (les deux blocs ayant successivement imprimé leur manière de faire) ont principalement été retenues les actions mécanisées, la valeur des unités d’appui et de soutien, ce qui a été validé par l’expérience de nombreux conflits depuis la guerre froide puis lors de la guerre contre l’Érythrée.

La doctrine actuelle privilégie les opérations interarmes avec une prépondérance de l’infanterie soutenue par les blindés, en particulier les chars, ainsi que par l’artillerie. L’idée principale est donc de disposer d’une force professionnelle bien entraînée de taille relativement modeste, aisée à engager rapidement dans des missions contre-­insurrectionnelles (y compris en dehors des frontières), tout en étant capable de mener une guerre classique. Dans ce cas, pour créer une masse de manœuvre, le pays compte sur une mobilisation qui étofferait les effectifs des unités cadres.

Néanmoins, il est permis d’avoir des doutes sur l’efficience du système. Le pays n’est plus militarisé comme il l’a été. L’armée ne fonctionne plus que sur la base du volontariat depuis 1991, même si, au besoin, le ministère de la Défense est autorisé à enrôler des personnels aptes. Or des campagnes de recrutements volontaires au cours des années précédentes n’ont pas atteint leurs objectifs.

L’ordre de bataille des forces terrestres se structure en quatre commandements régionaux, à savoir : Nord, Ouest, Centre/Est et Sud. Le Commandement régional Nord comprend en principe une division d’infanterie mécanisée (4e) et quatre d’infanterie (11e, 14e, 21e, 25e) plus éventuellement des éléments de la 22e division d’infanterie. Le Commandement régional Ouest aligne une division d’infanterie mécanisée (7e) ainsi que trois d’infanterie (23e, 26e et 43e). Le Commandement régional Centre/Est englobe la 8e Division d’infanterie mécanisée et cinq d’infanterie (les 22e, la 24e, 31e, 33e et 35e). Enfin, le Commandement régional Sud dispose d’une division d’infanterie mécanisée (6e) et de cinq d’infanterie (12e, 13e, 19e, 32e et 44e). La détente avec l’Érythrée signifie un allègement du dispositif le long de la frontière. Des mouvements de troupes, notamment le retrait d’armes lourdes, ont ainsi été constatés (au grand dam des Tegréens).

Les divisions d’infanterie mécanisées semblent être en réalité de la taille de grosses brigades à dominante « chars ». Quant aux divisions d’infanterie, il s’agit d’unités cadres à effectifs réduits. Commandées par des colonels, toutes disposent d’éléments d’appui et de soutien. En cela, l’armée éthiopienne se singularise en Afrique, peu d’autres pays du continent ayant cette caractéristique. Dans le courant des années 2000, chaque division alignait des régiments formés pour œuvrer sur un mode interarmes chars/blindés/infanterie/artillerie dans le cadre de la doctrine mentionnée supra, spécificité constatée lors des différentes expéditions en Somalie. Cette culture est par ailleurs un atout pour les missions de maintien de la paix dans lesquelles l’Éthiopie est très investie (7 206 hommes fin avril 2019).

L’Éthiopie aligne aussi la division commando Agazi dont le nom est hautement symbolique (12) pour les Tegréens. Celle-ci est parfois décrite comme de recrutement exclusivement tegréen alors qu’elle comprend en réalité des membres d’autres ethnies. Il s’agit essentiellement d’une unité commando avec des éléments de forces spéciales. Une partie de ses membres sont aptes aux opérations aéroportées et héliportées. Des éléments Agazi ont été déployés en Somalie, parallèlement au contingent éthiopien de l’AMISOM, dans le cadre d’« accords » bilatéraux avec Mogadiscio. Du fait des troubles intérieurs, cette force a été rapatriée à partir de la fin 2016.

Il est à noter que les hommes de la nouvelle Garde républicaine, créée à la suite d’une tentative d’attentat à la grenade contre le Premier ministre le 23 juin 2018, sont issus de la division Agazi. De plus, l’ordre de bataille comprend au moins deux brigades commandos : les 205e et 206e, en principe déployées à la frontière avec l’Érythrée. Dans le cadre des réformes, la création d’un véritable commandement des opérations spéciales est prévue.

À propos des forces paramilitaires hors FDNE, la police fédérale est en train de mettre sur pied une unité d’intervention spéciale début 2019. Dans le même temps, la création d’une branche aérienne de la police est annoncée. Toujours au niveau fédéral, le maintien et le rétablissement de l’ordre sont assurés par le Département des émeutes. En 2008, 6 000 hommes sont répartis en cinq divisions au sein de celui-ci. À l’échelle régionale, les polices disposent de leurs propres unités spéciales, à commencer par celle de la région-État de Somali, la Liyu police, aussi efficace et redoutable que contestée (exactions) contre des rebelles oromo qu’affronte toujours Addis-Abeba malgré des négociations, contre des bandits venus du Soudan, etc.

Les matériels des forces terrestres

Selon les sources, le budget de la défense se situe entre 399 millions de dollars pour la période 2016-2017 et plus de 487 millions pour la période 2017-2018. Cette somme est peu élevée pour une armée telle que celle de l’Éthiopie. Ce qui est parfois décrit comme la marque de l’ingéniosité nationale est toutefois à nuancer. Tout comme est à nuancer l’idée d’une armée éthiopienne idéalement puissante et équilibrée. Certes, dans l’ensemble, les militaires des FDNE accomplissent un excellent travail, notamment en Somalie, dans des conditions difficiles. Cependant, les imperfections sont multiples.

La préférence ethnique est une des tares des FDNE. Avant Abiy Ahmed, en raison de purges entre 2005 et 2006, 90 % des officiers supérieurs et officiers généraux étaient Tegréens (13). Avec son arrivée surviennent des limogeages massifs. Les conditions de vie des militaires sont médiocres et se pose la question des déploiements dans les zones d’insécurité du pays ainsi qu’en Somalie. L’état des casernes est imparfait, les soldes sont insuffisantes (14). Ce problème sert d’ailleurs de prétexte à une caricature de mutinerie (davantage une « grève sauvage ») déclenchée par des commandos Agazi le 23 octobre 2018. Environ 200 d’entre eux occupent ainsi les abords de la primature. Les désertions sont un tabou au sein des FDNE. Or elles existent. Enfin, dans leurs actions de sécurité et de contre-insurrection, les FDNE ont une propension à la brutalité.

Moderniser la dimension sociale au sein de l’institution militaire, avec de meilleurs logements, de meilleurs salaires, le tout afin de contribuer à favoriser la professionnalisation demandera d’importants crédits et une attention qui tarde à se manifester. Or, dans le même temps, nombre de matériels de l’armée éthiopienne sont au mieux vieillissants, au pire inadaptés aux missions qui lui sont confiées ou qu’elle serait susceptible d’accomplir. Un grand écart technologique existe avec l’Égypte, plus relatif avec le Soudan.

Les FDNE alignent plus de 600 chars, dont plus de 300 T‑72, y compris 200 T‑72UA1. Afin d’augmenter leur potentiel contre les parcs blindés égyptiens et soudanais, 1 250 missiles Kombat ont été commandés à l’Ukraine. Le reste se compose d’environ 75 T‑62 et 240 T‑55. Ces chars, comme les autres blindés, sont entretenus par l’industrie de défense nationale.

Vingt BMP‑1 figurent aussi dans l’inventaire, mais une partie ont été transformés en porte-­mortiers. Le nombre de blindés de transport de troupes Type‑89 acquis est inconnu, mais il pourrait être relativement important au sein des divisions d’infanterie mécanisée. Les actualités éthiopiennes donnent à les voir aussi bien dans la zone du Commandement régional Nord que dans celle du Commandement régional Central/Est. À ces engins s’ajoutent d’autres blindés de transport de troupes à roues : Type‑92 (WZ‑551), Type‑05 (WZ‑523). Des BTR‑60 sont également mentionnés comme étant toujours en service après 2010. Les seuls blindés modernes sont 75 Bishoftu LAV (GAIA Thunder assemblés en Éthiopie) et 12 Mack Bastion.

Hormis ces derniers commandés pour les éléments en Somalie, le parc manque dramatiquement de MRAP. De fait, les forces éthiopiennes en Somalie ne disposent essentiellement que des médiocres Type‑92 (très vulnérables aux EEI) pour l’escorte des convois. Les personnels chargés de la protection desdits convois sont le plus souvent embarqués dans de simples camions, d’où des bilans élevés lorsqu’ils tombent dans des embuscades. Par ailleurs, les véhicules tactiques non blindés sont nombreux : camions Ural 4320 sur lesquels sont montés des ZU‑23/2, pick-up divers, Humvee. Des camions MTV avec kits de blindage ont également été commandés au profit du contingent éthiopien de l’AMISOM.

L’artillerie est puissante avec quelques automoteurs et surtout de très nombreuses pièces tractées, représentatives du rôle de l’arme dans la doctrine éthiopienne. Concernant les automoteurs, le pays possède plus d’une dizaine de 2S1, au moins 10 2S19, 10 2S3 et 10 2S5. Une cinquantaine de lance-­roquettes BM‑21 font également partie de l’arsenal, mais, là encore au regard de ce qui apparaît dans les actualités éthiopiennes, ils pourraient être plus nombreux. Si le pays dispose toujours de canons antichars (une cinquantaine de T12), ceux-ci paraissent être en réserve, supplantés par des missiles AT‑4 et surtout AT‑14. Les postes de tir pour ces derniers sont notamment montés sur des pick‑up.

L’aviation et la marine

L’aviation se structure en deux escadrons de chasse, un avec 11 Su‑27K et 3 SU‑27UBK et l’autre avec une douzaine de MiG-21bis, ainsi que 3 MiG-21UM ; un escadron d’attaque avec 8 MiG-23BN et 2 MiG-23UM toujours opérationnels. L’armée de l’air comprend aussi une unité d’hélicoptères d’attaque avec 4 Mi‑35 et 3 Mi‑35P tandis que les Mi‑24D/Mi‑25 ne sont plus en service. S’y ajoutent 1 AW139, jusqu’à 9 Mi‑8 et Mi-17 et une dizaine d’UH‑1 pour les hélicoptères de manœuvre. L’entraînement avancé et l’entraînement sont assurés par une douzaine de L‑39C, dont une partie sont en réserve/non opérationnels ainsi que par 4 SF-260TP. Enfin, l’aviation de transport compte 2 AN‑12BP plus 3 ou 4 autres en réserve/non opérationnels, 1 C 130E, 2 L‑100‑30, 1 An‑26 et 1 An‑32. L’ensemble de ces appareils est vieillissant et leur état de fonctionnement est médiocre. La flotte d’hélicoptères est négligeable au regard du volume des forces. De fait, l’Éthiopie n’a pas les capacités aéromobiles qui correspondraient à ses besoins. Les quelques moyens disponibles sont donc utilisés intensivement.

Les déficiences de l’aviation ont cependant été partiellement atténuées avec l’acquisition de drones CH‑4. En effet, selon une filiale du constructeur (15), Addis-Abeba figure dans la liste des pays qui possèdent cet UAV. Aucune précision n’ayant été donnée, il peut s’agir de la version reconnaissance (CH‑4A) ou bien de la version armée (CH‑4B), voire des deux. La version de reconnaissance pallierait la faiblesse des moyens de reconnaissance aériens du pays, alors que ceux-ci sont précieux (16). La version armée, outre qu’elle est également capable de missions ISR, donnerait à Addis-Abeba une capacité de frappe de précision qu’elle n’a pas, tout en renforçant le potentiel d’attaque en général.

La défense aérienne occupe une place importante avec les Su‑27. Mais elle est également vieillissante. Des efforts ont été accomplis pour une revalorisation des lanceurs SA‑2, montés sur châssis de chars T‑55. La mobilité des batteries est améliorée, mais cela ne les rend pas plus modernes. Le Pantsir‑S1 (SA‑22), dévoilé en mars 2019, représente un des deux systèmes d’armes véritablement efficaces. Addis-Abeba possède aussi des SA‑6, SA‑4 et SA‑9 mobiles (ou relativement mobiles), un ensemble HQ-64 chinois (récent, mais à l’efficacité incertaine), 25 SA‑3B et des SA‑2 fixes.

L’indépendance de l’Érythrée marque la fin de la marine éthiopienne. En perdant notamment la base d’Assab, l’Éthiopie devient un pays enclavé. Dès lors, la plupart des importations éthiopiennes (au moins 85 %) passent par Djibouti. D’autres débouchés sur l’océan indien existent également, consolidés par la politique d’ouverture et de dialogue d’Abiy Ahmed : en Somalie, au Kenya… Quoi qu’il en soit, le pays dépend de puissances étrangères pour assurer la sécurité navale de ses activités commerciales maritimes. De fait, Addis-Abeba réfléchit depuis quelques années à la reconstitution d’une véritable marine.

L’arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed ancre cette intention. L’accord signé avec la France en mars 2019 constitue une étape vers sa concrétisation. Outre des volets portant sur la formation et sur des entraînements conjoints, il prévoit aussi que Paris aide Addis-Abeba à créer et à développer sa marine. Si l’idée d’une nation africaine possédant une base navale à Djibouti (d’autres pistes étant envisagées, comme le Kenya) n’est pas en soi ridicule, l’étendue des ambitions est plus hasardeuse. D’une part, nombre de priorités figurent sur la liste des réformes nécessaires pour les forces terrestres et aériennes. Or l’édification d’une marine, l’élaboration d’une doctrine (quelle marine avec quelles capacités ? côtières ? hauturières ?), la formation de ses personnels, l’acquisition de moyens, le tout pour un pays enclavé, peut apparaître comme un non-sens coûteux.

Les forces armées éthiopiennes sont opérationnelles en ce qui concerne les meilleures unités : la division commando Agazi, le noyau interarmes des divisions d’infanterie mécanisées. Le constat est plus mitigé au sujet des divisions d’infanterie dont la qualité et le niveau d’entraînement des personnels sont inégaux. La nécessité de rappeler les quelque 4 000 hommes du contingent parallèle à celui de l’AMISOM pour faire face aux troubles intérieurs en témoigne. Si l’amélioration ou le renforcement des relations avec les pays voisins donnent de l’espace pour des réformes de l’institution militaire, l’engagement dans des missions sécuritaires afin de pallier les déficiences de la police fédérale ou des polices régionales (quand il ne s’agit pas de les contrôler) a, dans le même temps, réduit cet espace. De plus, les décisions comme celles de recréer une marine alors que l’aviation gagnerait à être rajeunie, alors que les matériels de l’armée de terre sont inadaptés à la plupart des missions qu’accomplissent actuellement les militaires (des MRAP seraient plus utiles que des Type‑92) laissent dubitatif. Quant aux déclarations comme celles du ministre de la Défense éthiopien qui explique que « […] Nous devons avoir ce que les autres pays ont (17) », elles ne sont pas de nature à rassurer sur la cohérence stratégique. Plus précisément, le gouvernement veut des forces professionnelles et d’un haut niveau technologique alors qu’elles sont de qualité inégale et rustiques. Combler le fossé entre ce qui est voulu et la réalité du terrain demande du temps et de l’argent (18). Le tout alors que la notion de Défense et de sécurité nationales souffre aujourd’hui des grandes difficultés du pays commodément oubliées (19) grâce à l’idée magique de bonne gouvernance.

Le risque existe que l’armée, opérationnellement inégale, redevienne un instrument de répression au fil des mois tout en contribuant à alimenter, voire à attiser le chaos.

Notes

(1) Forces de défense nationales éthiopiennes – Ethiopian National Defense Force (ENDF).

(2) Mengistu dans sa transcription éthiopisante ; dictateur éthiopien à partir de 1974, chef du Derg (régime militaire d’influence socialiste épaulé par Moscou).

(3) Thèse de Patrick Ferras, Les forces de défense nationale éthiopiennes : un instrument de puissance régionale au service du pouvoir civil fédéral, université de Paris-VIII Vincennes – Saint-Denis, École doctorale des sciences sociales, Institut français de géopolitique, doctorat de géographie mention géopolitique, 2011.

(4) Patrick Ferras, Éthiopie : les Forces de défense nationale à la manœuvre, Observatoire de l’Afrique de l’Est, Enjeux politiques & sécuritaires, juin 2017.

(5) Tegréen, chef d’état-major entre 1991 et 2001, il pose les fondations des FDNE modernes, notamment en menant la transformation d’une force de guérilla avec des capacités de guerre classique en une armée régulière. Il est limogé en 2001 pour raisons politiques. Patrick Ferras, ibid.

(6) Tout d’abord avec l’Érythrée (par l’entremise des Émirats arabes unis) ; mais aussi avec l’Égypte et le Soudan à propos du contrôle des eaux du Nil.

(7) Déclenchées par un plan d’occupation des sols.

(8) Yohannes Gedamu, Abiy’s year one : Ethiopia faces the threat of ethnic conflict, Al-Jazeera, 2 avril 2019.

(9) De 6 à 10 % de la population ; cette omnipotence s’applique en politique, par le biais du TPLF (Tegray People’s Liberation Front) qui occupe une place privilégiée au sein de la coalition de l’Ethiopian People’s Revolutionary Front (EPRDF).

(10) Patrick Ferras, Les forces de défense nationale éthiopiennes, op. cit.

(11) Notamment portée par le Tegray’s People’s Liberation Front (TPLF). La guerre civile entre les révolutionnaires et le pouvoir en place s’étend de 1974 à 1991 ; sur la période, les forces en présence et les opérations, voir Ethiopian-Eritrean Wars, volumes I & II par Adrien Fontanellaz et Tom Cooper, Helion 2018. Sur l’évolution de l’armée éthiopienne, voir la thèse de Patrick Ferras.

(12) Vraisemblablement d’après le surnom d’un des fondateurs du TPLF, Zeru Gessesse ; l’Agazi étant une région de l’ancien royaume d’Aksoum, elle englobait une partie du Tegray et de l’Érythrée. En ge’ez, langage sémitique, il sa signification se rapproche de « révolution » ou « libération ».

(13) La répartition globale au sein des effectifs est sensiblement meilleure, avec environ 29 % d’Amahara, 24 % d’Oromo, 22 % d’ethnies du Sud, 10 à 18 % de Tegréens selon les sources ; le reste est représenté par les ethnies minoritaires. Par ailleurs, la responsabilité des Commandements régionaux est confiée à des officiers généraux issus de toutes les ethnies du pays.

(14) Un capitaine gagne 93 euros mensuels, un colonel, 156 euros…

(15) Laurent Touchard, « L’Afrique, terre de drones ? », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 66, juin-juillet 2019.

(16) Grâce à la Chine, le pays aura son satellite d’observation à partir de septembre 2019 si tout se déroule comme prévu. En principe, celui-ci n’est destiné qu’à des missions civiles, mais il pourrait accessoirement servir pour du renseignement d’ordre stratégique.

(17) « Ethiopian government looks to reform, modernize defence forces », entretien accordé par le ministre de la Défense éthiopien à CGTN Africa, 8 juin 2018. Fait écho à cela l’article 4 du texte relatif à la Défense nationale dans la Proclamation no 1100 du 19 janvier 2019 : « The defense force of the Federal Democratic Republic of Ethiopia shall consist of Ground Force, Air Force, Naval Force and may include as necessary, Space and Cyber Forces. »

(18) En cela, il n’est pas incongru d’imaginer une aide financière des Émirats arabes unis pour des projets militaires, à commencer par la marine.

(19) « En Éthiopie, les petites mains de H&M ou Calvin Klein gagnent 23 euros par mois », Le Monde Afrique, 8 mai 2019 ; article qui contraste avec celui-ci, « Éthiopie : un dîner à 173 000 dollars le couvert pour redorer Addis-Abeba », Africanews​.com, 20 mai 2019.

Légende de la photo en premire page : Soldat éthiopien. L’Éthiopie est dans une situation paradoxale, entre hégémonie régionale et risque d’effondrement de l’un de ses instruments premiers. (© DoD)

<strong>Les forces armées éthiopiennes</strong>
Article paru dans la revue DSI n°142, « La guerre des perceptions : tromper l’ennemi pour vaincre », juillet-août 2019.
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