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« Fake news » : Quelle influence ? Quels dangers ?

Popularisées par Donald Trump au cours de la dernière campagne présidentielle américaine, les « fake news » constitueraient aujourd’hui une menace pour l’information, mais aussi une bonne illustration de la situation de crise dans laquelle sont plongés la sphère médiatique et les médias traditionnels en particulier. Quid de la réalité de ce phénomène ?

« Fake news », « post-vérité », « faits alternatifs », « cyberguerre » sont de nouvelles expressions apparues depuis le Brexit, l’élection de Donald Trump et la campagne présidentielle française. Elles recouvrent des expressions anciennes et des réalités nouvelles. En effet, bobards, rumeurs, mensonges, fausses nouvelles, bourrage de crânes, propagande, intoxication, désinformation, ne sont pas l’apanage des temps récents mais sont aussi vieux que l’humanité. Jamais les Grecs n’auraient pris Troie s’ils n’avaient eu recours à la tromperie, jamais Ulysse ne serait revenu à Ithaque, s’il n’avait usé et abusé des « fake news ». Sun Tzu (544 – 496 av. J.-C.), dans L’Art de la guerre, en faisait un des ressorts des conflits : « Toute guerre est fondée sur la tromperie ». Et Machiavel (1469-1527), dans Le Prince, en faisait un des ressorts de la politique : « Le Prince doit posséder parfaitement l’art et de simuler et de dissimuler ». Cependant, la réalité nouvelle tient à la multiplication des canaux de diffusion de l’information, à l’émergence des réseaux sociaux et à la diffusion rapide et virale. La cyberguerre de l’information est en cours, et les « fake news » font partie de l’arsenal des belligérants. Dans cette guerre de l’information, les journalistes doivent occuper une place éminente, telle que la définissait le père de la presse française, Théophraste Renaudot : « Un grand nombre de nouvelles courent sur la place, il faut les vérifier et rechercher la vérité ». Les gazettes trouvent leur raison d’être dans la suppression des faux bruits (rumeurs), en assurant une information claire et circonstanciée (1).

Qu’est-ce qu’une « fake news » ?

Cette section s’inspire du travail de Claire Wardle, membre de la coalition internationale des journalistes First Draft News, publié sous le titre « Fake news. It’s complicated. » [« Fake news, la complexité de la désinformation »], en février 2017 (2).

Claire Wardle propose une typologie de ces fausses informations. Elle estime en effet que l’expression « fake news » n’aide pas les journalistes et les conduit à des propos maladroits ou trop généralistes, car elle ne permet pas de décrire la complexité des différents types de mauvaise information et de désinformation. Pour elle, la mauvaise information désigne le partage involontaire d’une fausse information alors que la désinformation procède d’une intention délibérée. Pour trier dans les « fake news », Claire Wardle suggère trois approches : par les types de contenus, les motivations des auteurs et les mécanismes de diffusion.

Typologie des contenus

Elle identifie sept types de contenus, du moins nocif au plus toxique (voir en marge ci-contre) : la « satire », qui n’a pas d’intention malveillante mais peut être trompeuse pour des publics non avertis ou étrangers (http://​www​.legorafi​.fr/ ou http://​nordpresse​.be/) ; les « liens erronés », lorsque la titraille ou les illustrations ne correspondent pas au contenu ; les « contenus trompeurs », soit une utilisation trompeuse de l’information pour desservir un sujet ou porter préjudice à un individu ; les « faux contextes », lorsqu’une information authentique est utilisée dans un contexte erroné ; les « contenus fallacieux », dans lesquels la source se fait passer pour authentique ; les « contenus manipulés » dans lesquels des contenus authentiques sont trafiqués dans le but de tromper ; enfin, les « contenus fabriqués », qui sont des prétendues informations nouvelles, mais totalement fausses, dont l’intention est de nuire.

<strong>Les sept types de mésinformation ou de désinformation d’après First Draft</strong>

Motivation des auteurs

Claire Wardle identifie ensuite huit intentions différentes en fonction de l’identité et des motivations des créateurs, là encore dans une graduation du moins au plus toxique : la « piètre qualité de journalisme », qui reprend des tweets, des posts de blog ou des rumeurs sans vérification, la « parodie », apparentée à la satire, qui vise à faire de l’humour, la « provocation », qui vise à créer du buzz, la « passion », qui est le propre des personnes engagées, la « partisanerie », ou l’esprit de parti, le « profit », pour ceux qui en espèrent des retombées personnelles ou commerciales, « l’influence politique » dans le but de la conquête du pouvoir, enfin la « propagande », prête à tout pour faire triompher une cause.

On peut croiser en un tableau (ci-dessous) les sept types de contenus et les huit intentions.

<strong>Liste de vérification de mésinformation d’après First Draft News</strong>

Modes de diffusion

Mais il faut y ajouter les mécanismes de diffusion de ces contenus : certains sont partagés involontairement (sans vérification) sur les réseaux sociaux, par des particuliers et parfois par des journalistes ; d’autres émergent car ils sont poussés par des groupes de personnes qui souhaitent influencer l’opinion publique ; enfin, certains contenus sont diffusés lors de campagnes de désinformation à l’aide de réseaux de robots. Les trois mécanismes de diffusion peuvent se cumuler.

Les « fake news », un défi pour les médias et la société démocratique

Nous sommes dans une société où chacun peut dire ou diffuser ce qu’il veut dans l’espace public, y compris les messages mensongers ou haineux. Cette possibilité d’expression sans limites était naguère réservée à l’espace privé familial, amical ou de travail. Dans l’espace public, il était l’apanage de groupes organisés, partis politiques, médias d’opinions, divers groupes de pressions, dont les débordements pouvaient être plus ou moins contrôlés par des lois et règlements ou par des adversaires. L’avènement de la communication de masse a transformé la donne : chaque individu peut publier ses opinions et avis, sans freins et sans limites par l’intermédiaire des réseaux sociaux et des sites internet. L’important n’est plus le contenu du message, mais la distinction du producteur de signes au sein de la foule. Comme le disait Marshall McLuhan, « Le média est le message », ou plutôt, c’est le producteur de message qui se vit comme média.

La confiance et la crédibilité dans les institutions sont ainsi gravement menacées. Or, une société démocratique repose sur la crédibilité de la parole des différents acteurs publics et privés. Consubstantiellement liés à la société démocratique, les médias professionnels, qu’ils soient traditionnels ou non, ont été fondés sur le « contrat de confiance » entre les journalistes et les entreprises qui les éditent et les publics qui reçoivent leurs messages. À partir du moment où tous les messages se valent, la confiance s’évanouit avec la notion de réalité. Le philosophe Jean Baudrillard avait saisi « que les jeux sont faits, que la réalité n’existe plus dans un univers uniquement composé de signes et d’où le référentiel a été éliminé. […] Cela devient totalement évident avec la société numérique, où les signes s’échangent entre eux sans même avoir besoin d’objet. Ils se simulent les uns les autres. La simulation est ce qui reste dans un monde sans référence, un monde qui n’a plus besoin de « réalité » pour exister. […] Or, dans un tel monde, seule règne l’ambivalence : le réel et le virtuel, le vrai et le faux, ne sont plus distinguables, puisque si on manipule les signes, on manipule la réalité. » (3)

Les « fake news » constituent donc un défi pour les médias et les journalistes. Comment faire entendre une voix « autorisée » dans le brouhaha informel généralisé ? C’est bien évidemment en cultivant les usages professionnels et la déontologie : la vérification, le croisement des sources, la contextualisation, la confrontation des points de vue, le respect des êtres humains, etc. permettent de délivrer une information plus sûre et plus fiable. Mais, conjuguées avec la mainmise des réseaux sociaux sur la diffusion de l’information, les « fake news » menacent d’étendre leur emprise sur l’ensemble des circuits de nouvelles.

Lutter contre les « fake news »

L’arsenal législatif n’est pas complètement démuni : le droit français interdit la publication de fausses nouvelles dans une série de situations spécifiques. L’article 322-14 du Code pénal punit la diffusion de fausses informations dans le but de faire croire à un attentat, l’article 224-8 du Code pénal punit la diffusion de fausses informations dans le but de compromettre la sécurité d’un avion en vol, l’article 495-3-2 du Code monétaire et financier punit la diffusion de fausses informations dans le but d’influer sur le cours de Bourse d’une société. L’article L97 du Code électoral sanctionne les fausses nouvelles dès lors qu’elles « auront surpris ou détourné des suffrages ». François Fillon a choisi d’attaquer Le Canard enchaîné sur ce fondement juridique.

Enfin, l’article 27 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, modifié par l’ordonnance du 19 septembre 2000, stipule : « La publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler, sera punie d’une amende de 45 000 euros. Les mêmes faits seront punis de 135 000 euros d’amende, lorsque la publication, la diffusion ou la reproduction faite de mauvaise foi sera de nature à ébranler la discipline ou le moral des armées ou à entraver l’effort de guerre de la Nation ». Mais cette disposition a été très peu utilisée, car il est très difficile de définir ce qu’est la « mauvaise foi » au regard du droit à la liberté d’expression et surtout il est difficile pour un tribunal de prouver le lien entre la fausse nouvelle et le fait de « troubler la paix publique ». Pourtant, en 2000 un journaliste a été condamné pour avoir organisé un montage photo présenté comme un reportage représentant des jeunes jetant un réfrigérateur (factice) du haut d’un immeuble. Des troubles ayant éclaté, le procureur poursuivit le journaliste, qui fut condamné à une amende.

Les journalistes jouent un rôle crucial dans l’écosystème de l’information (4). Chaque fois que l’un d’entre eux accepte passivement des « informations » sans faire de double vérification, chaque fois que l’un d’entre eux partage une image, une vidéo ou un texte sans l’avoir vérifié, il ajoute de la confusion et du bruit inutile. Les journalistes doivent assumer la responsabilité de vérifier ce qu’ils voient en ligne, et de dénoncer les « fake news », c’est à ce prix que l’écosystème de l’information pourra rester crédible. C’est pourquoi les grands médias ont développé la pratique du fact-checking (vérification des faits), à l’échelle de certains médias et dans une coopération internationale avec First Draft News ou les coalitions autour de Google et de Facebook. En France, les rubriques de « désintoxication » sont clairement orientées contre les bobards en tous genres. La cellule de rectification et de fact-checking de Libération (Desintox) a été pionnière et a fait le même travail que celle du Monde, sous le nom des Décodeurs ou des Échos sous le nom « Le vrai-faux ». Démarche qu’on retrouve à la télévision avec « L’instant Détox » sur la chaine France Info ou « Le vrai du faux » sur la radio France Info, ou encore sur le blog « Making Of » de l’Agence France Presse. En février 2017, Le Monde a lancé un outil de vérification accessible en ligne, le Decodex, qui propose également de labelliser les sites d’information en fonction de leur fiabilité.

Ces médias luttent donc contre la désinformation, ensemble de techniques de communication manipulatrices visant à déformer la réalité pour protéger des intérêts, orienter l’opinion publique, etc. et qui utilise tous les moyens disponibles de la propagande, des sondages manipulés, des rumeurs, pour parvenir à ses fins. À distinguer des auto-proclamés « sites de réinformation » – terme préempté par l’extrême droite française lors de sa création sur Radio Courtoisie en 2007 pour défendre ses propres thèses et dénoncer les médias dits mainstream (du courant dominant). Cette « réinfosphère », qui a reçu l’appellation de « fachosphère », va de novopress​.info à réinformation.tv en passant par fdesouche​.com, Boulevard Voltaire, etc. Elle affirme « désocculter la face cachée des événements, hiérarchiser l’info autrement, dénoncer les mensonges et campagnes médiatiques, regarder les faits sous un autre angle. » C’est elle qui parle le plus souvent de « journalopes » ou de « merdias », termes qu’il n’est pas nécessaire de traduire.

Des initiatives intéressantes doivent être soulignées : depuis près de vingt ans, le site francophone Hoaxbuster​.com, animé par Guillaume Brossard, décrypte à la fois les rumeurs infondées et la nature du virus informatique qui atteint votre unité centrale. Autre initiative : sous le titre « Get the first dynamic blacklist of fake news sites (false information, conspiracy theories, rumors, pseudoscience, propaganda, hoaxes. No political bias) for safer ad campaigns », le site Storyzy​.com dresse la liste des quelque 600 marques qui annoncent sur les sites de haine, suprématistes et autres sites de désinformation (5). Il s’agit d’attaquer au portefeuille les porteurs de haine en incitant les marques à retirer leurs publicités. Enfin, Facebook tente de limiter la diffusion des contenus haineux et des fausses informations sur le réseau. Des organisations tierces vérifient les informations de nombreux sites et indiquent si celles-ci sont crédibles ou douteuses. Les « fake news » avérées sont signalées à Facebook, qui bloque alors les publicités réalisées pour obtenir du trafic ou de l’engagement sur ces fausses informations. Les pages qui diffusent de manière répétée ces « fake news » seront bannies de tout type de publicité.

Limites du fact-checking

Dans La Démocratie des crédules, publié en 2013, le sociologue Gérald Bronner montre comment les conditions de la vie contemporaine se sont alliées au fonctionnement du cerveau pour faire de nous des dupes. L’historien doit cependant souligner que rien n’est nouveau sous le soleil : la capacité des êtres humains à croire en quelque chose ou quelqu’un est incommensurable et domine bien souvent sa capacité de raisonnement. Quand Jules Ferry faisait l’apologie de « la vertu civilisatrice de la colonisation », quand Louis Aragon chantait les louanges de Staline et du régime soviétique, ils étaient sincères et ceux qui les croyaient l’étaient également. Et quand Le Temps ou L’Humanité relayaient ces « fake news » de l’époque, des lecteurs les croyaient, et d’autres pas. C’est pourquoi le fact-checking trouve ses limites dans les ressorts de l’âme humaine : la crédulité est souvent plus forte que la confiance dans le raisonnement. En outre, les médias qui produisent du fact-checking sont souvent des médias qui ne touchent pas les publics les plus adeptes de bobards, de complots et autres rumeurs. L’engagement sans faille empêche le fact-checking de perturber leur vision du monde. Ainsi en est-il de la post-vérité. Le mot anglais (post-truth), qui fait écho à l’ère post-factuelle (livre de Ralph Keyes paru en 2004), a été désigné mot de l’année 2016 par le dictionnaire Oxford, et ainsi défini : « la post-vérité fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles. » L’exigence de vérité s’efface ainsi derrière ce qu’on a envie de croire ou de penser : les faits passent après. Et pourtant, il est important que les médias et journalistes professionnels continuent à décrypter et à contredire les « fake news ».

Pourquoi Donald Trump est-il le principal représentant des « fake news » aujourd’hui ?

C’est sans doute cette pratique intensive qui a manqué lors de l’élection présidentielle américaine. Nombre de médias n’ont pas osé contester un système de propagande qui détourne les règles et modes de fonctionnement du régime démocratique. Un exemple : pendant la campagne électorale américaine, le faux site d’actualité WTOE 5 News a été relayé plus d’un million de fois pour annoncer le soutien du pape à Donald Trump, ce qui était faux, évidemment. Un autre, avec la théorie conspirationniste du « Pizzagate », qui prétendait qu’il existait un réseau de pédophilie autour de John Podesta, l’ancien directeur de campagne d’Hillary Clinton, par le biais de diverses interprétations et constructions, notamment en rapport avec une pizzeria et des courriels privés divulgués par WikiLeaks. Cette théorie du complot a été relayée par les sites 4chan et Reddit, qui se sont spécialisés dans les rumeurs contre Hillary Clinton puis contre Emmanuel Macron.

Le 21 janvier 2017 apparait la notion de « faits alternatifs » (alternative facts), créée par la conseillère du président américain, Kellyane Conway, pour expliquer que, contrairement aux constatations des observateurs sur l’affluence à la cérémonie d’investiture, celle-ci était la plus grandiose de l’histoire des États-Unis.

Si Donald Trump peut être considéré comme le champion des « fake news », c’est pour des raisons techniques et des raisons politiques. D’un point de vue technique, il agite la Twittosphère de manière compulsive, avec un langage direct et très peu institutionnel ou diplomatique, ce qui lui permet de fédérer une communauté de suiveurs très nombreuse. Du point de vue politique, il est soutenu par la nébuleuse d’extrême droite américaine, par les suprématistes, par les Républicains du Tea Party, etc., fédérés dans des constellations de sites et blogs, dont le plus célèbre est celui de Steve Bannon, Breitbart​.com. Et du point de vue à la fois technique et politique, il a reçu l’aide de la Russie et de sa sphère d’influence informatique.

Quelle influence ?

Mais la question principale est de savoir si les « fake news » ont une influence sur le scrutin ou une influence plus forte que celle des stratégies et tactiques politiques. C’est une question aussi ancienne que la démocratie et les médias de masse, qui sont nés ensemble au cours du XIXe siècle : qui fait l’opinion et donc l’élection ? Les médias (et maintenant les réseaux sociaux et leur cortège de fausses nouvelles) ou les politiques ? Depuis fort longtemps, les historiens et les sociologues ont démontré la faible influence des médias sur l’opinion, de même que les rumeurs et autres bobards (6), sauf quand ils sont repris et instrumentalisés par les politiques. Ainsi, ce n’est pas la dépêche d’Ems elle-même qui a déclenché la guerre de 1870, mais sa reprise par des lobbies nationalistes et par les politiques eux-mêmes. Les exemples historiques sont multiples (7).

En effet, on peut penser que si les Démocrates avaient eu un meilleur candidat, moins clivant après le double mandat de Barack Obama, et plus motivé dans la conquête des États en balance, Donald Trump n’aurait pas été élu.

La preuve de cette faible influence des « fake news » a été apportée en France par l’élection d’Emmanuel Macron. En dépit des rumeurs sur la détention d’un compte off-shore au Panama, son homosexualité ou sa liaison avec sa belle-fille, le financement par l’Arabie saoudite, une commande de cocaïne par mail, et toutes les pseudo-révélations des « MacronLeaks », dont les données ont été diffusées par WikiLeaks, le candidat a remporté l’élection. Tout ce fatras avait été relayé par la nébuleuse d’extrême droite américaine et par les médias poutiniens, Russia Today et Sputnik, et ensuite répercuté par les sites de la « réinfosphère » et le Front national (8).

La liberté d’expression est un des droits fondamentaux de l’homme et un des fondements de la société démocratique. Elle mérite d’être préservée avec attention, car toutes les entraves qui peuvent être créées appauvrissent la démocratie. C’est donc à la société, et non aux législateurs, de faire en sorte que les discours de haine et les bobards soient cantonnés à la sphère privée et dans un recoin de l’espace public. Au sein de la société, les médias et journalistes doivent exercer leur vigilance au service du droit du public à être informé, qui justifie leur existence sociale.

Notes
(1) Voir : Patrick Eveno, Histoire de la presse française de Théophraste Renaudot à la révolution numérique, Flammarion, 2012.
(2) Claire Wardle est responsable de la stratégie et de la recherche pour First Draft News. Pour en savoir plus sur cette plateforme : https://​fr​.firstdraftnews​.com/​a​-​p​r​o​p​os/. Elle a dirigé le département Recherche au Tow Center for Digital Journalism à la Columbia Journalism School et est une des initiatrices d’Eyewitness Media Hub. Elle s’intéresse à tous les sujets du journalisme, en particulier les médias sociaux et contenus générés par les utilisateurs. La version française de l’article de Claire Wardle est consultable sur le site de First Draft News (http://​bit​.ly/​2​v​R​W​y37).
(3) Propos du philosophe Sylvère Lotringer dans un entretien avec Marie Lemonnier, L’Obs, 17 août 2017 (http://​bit​.ly/​2​e​L​l​gHx).
(4) Voir « L’information au cœur de la démocratie », rapport 2017 de l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI) (http://​bit​.ly/​2​f​c​e​Q4W).
(5) Dans le même but, les « Sleeping Giants » (@slpng_giants_fr et @slpng_giants_eu) informent les annonceurs français dont les publicités financent à leur insu des sites haineux.
(6) Voir un des derniers articles en date : Erik Neveu, « Les médias font l’élection : une croyance qui a la vie dure », InaGlobal, 27 janvier 2017 (http://​bit​.ly/​2​e​Q​b​3cN).
(7) Voir : Patrick Eveno, 100 ans à travers les unes de la presse, Paris, Larousse, octobre 2017.
(8) Voir notamment : Nicolas Vanderbiest, « Macronleaks : un piratage signé par l’extrême droite américaine selon un expert », RTBF, 6 mai 2017 (http://​bit​.ly/​2​x​f​F​pjr) et Françoise Daucé, « Quand les médias russes s’invitent dans la politique française », InaGlobal, 4 juillet 2017 (http://​bit​.ly/​2​w​U​T​OQ0).

Légende de la photo en première page : en aout 2017, le président américain Donald Trump a franchi un nouveau cap dans sa « guerre » contre les médias en lançant un bulletin d’information vidéo dénommé « Real News » sur son compte Facebook. Présenté par sa propre belle-fille, Lara Trump, et une ancienne chroniqueuse de CNN, Kayleigh McEnany, il a pour but de lutter contre les « fake news » que les médias traditionnels émettraient à son égard et qu’il ne cesse de dénoncer. (© Xinhua)

Article paru dans la revue Les Grands Dossiers de Diplomatie n°41, « Médias, entre puissance et influence », octobre-novembre 2017.

• Observatoire de la déontologie de l’information (www​.odi​.media)
• First Draft News (https://​fr​.firstdraftnews​.com)
• Crosscheck (https://​crosscheck​.firstdraftnews​.com/​f​r​a​n​c​e​-​fr/)

Patrick Eveno, 100 ans à travers les unes de la presse, Paris, Larousse, octobre 2017.

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