Magazine Moyen-Orient

Genre et féminismes dans la Tunisie postrévolutionnaire

Le 27 juillet 2019, le président Béji Caïd Essebsi a été enterré à Tunis, au cours de funérailles largement couvertes par la presse nationale et étrangère. De nombreux médias français ont souligné la présence des femmes venues rendre hommage à son action en leur faveur. Ce destourien a en réalité, dans la continuité de ses prédécesseurs, Habib Bourguiba (1957-1987) et Zine el-Abidine ben Ali (1987-2011), fait usage de la question des femmes pour asseoir sa légitimité, en s’imposant comme un « rempart » contre le « danger » islamiste qui guetterait les femmes.

Avant 2011, l’univers associatif féminin et/ou féministe en Tunisie se réduisait à deux composantes : la première, hégémonique, formée par l’étendu réseau de l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT), créée en 1956 et liée au parti unique. Ses militantes se sont beaucoup engagées pour faire admettre les politiques successives des dirigeants par les femmes, bien qu’on ne puisse réduire l’organisation à une simple courroie de transmission du parti (1). Au début des années 1990, des militantes des oppositions de gauche créent deux associations se réclamant explicitement du féminisme : l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) d’une part, l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement (AFTURD) d’autre part. Elles se situent à la fois dans la continuité des politiques bourguibiennes et en rupture avec celles-ci : contre sa remise en cause par les militants islamistes, elles défendent le Code du statut personnel, adopté en 1956, qui régit les relations entre les hommes et les femmes dans les sphères familiale et conjugale, tout en exigeant l’abolition de ses dispositions patriarcales (remplacement de la tutelle paternelle par la tutelle parentale, fin de l’inégalité successorale entre les frères et sœurs, etc.). Leurs activités ont été étroitement contrôlées, mais ce sont surtout les militantes islamistes qui ont fait l’objet, dans les années 1990 et jusqu’à la veille de la révolution, de la répression la plus féroce.

Reclassements, diversification et distinction

La révolution induit, du moins dans un premier temps, des reclassements significatifs. Précédemment dans l’opposition, des féministes de l’ATFD et de l’AFTURD entrent en mars 2011 à la haute instance chargée d’élaborer les règles du jeu politique de la Tunisie postrévolutionnaire, dont une grande partie des élites s’accordent sur la nécessité de la conduire rapidement vers une « transition ». Les militantes de l’UNFT sont à ce moment-là disqualifiées, à l’instar du parti dont elles sont proches (le Rassemblement constitutionnel démocratique ou RCD, dissous en mars 2011). La plupart font de la lutte contre les islamistes leur bataille principale, tout en menant des luttes conjointes avec l’ATFD et l’AFTURD, de façon concertée ou non : celle de la parité, adoptée par la haute instance en avril 2011, qui a été également défendue par des militantes du parti islamiste Ennahdha, légalisé un mois auparavant.

Jusque-là écartées du pouvoir, ces dernières entrent à l’Assemblée nationale constituante (ANC) en octobre 2011, où elles représentent la majorité des députées. L’ANC compte alors aussi d’anciennes militantes de gauche, plus minoritaires. Les relations entre ces femmes se caractérisent, à l’Assemblée comme dans la rue, par des concurrences et des convergences à la fois. Celles-ci se poursuivent notamment au moment de la rédaction de la Constitution. Le 13 août 2013, une imposante marche de femmes a lieu dans la capitale, en direction du Bardo, siège de l’ANC, avec des revendications et des motivations hétérogènes : contestation du pouvoir de la troïka (­Ennahdha, Congrès pour la République et Ettakatol, entre 2011 et 2014), demande de constitutionnalisation du Code du statut personnel, dont d’autres réclament au contraire la réforme, l’inscription de l’égalité dans la Constitution, etc. L’initiative de cette marche revient à l’ATFD et à l’AFTURD, mais aussi à Hrayir Tounes (Les libres de Tunisie), dont un certain nombre sont issues de l’UNFT. Bien qu’elles soient décriées, car elles sont assimilées à leur parti, des députées islamistes prennent fait et cause pour l’égalité à l’Assemblée. Dans le même temps, quelques féministes de l’ATFD et de l’AFTURD redéploient leur engagement vers Nidaa Tounes, désormais le principal concurrent d’Ennahdha, où se reconvertissent des destourien·ne·s et d’ancien·ne·s militant·e·s de gauche. L’intégration dans les hautes institutions de l’État à l’issue des élections de 2014 permet à ces féministes, comme Saïda Garrach et Bochra Bel Haj Hmida, de mettre à l’ordre du jour politique des questions sur lesquelles l’ATFD et l’AFTURD sont engagées de longue date : l’égalité successorale entre frères et sœurs, le mariage d’une musulmane avec un non-musulman et l’élaboration d’une loi-cadre sur les violences faites aux femmes. Rendu en juin 2018, le rapport de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (COLIBE) qui en résulte clive le champ politique tunisien, fait l’objet de manifestations de soutien et de contre-manifestations à l’initiative des conservateurs.

Parallèlement, la révolution s’est accompagnée d’un élargissement et d’une diversification du mouvement féminin et/ou féministe. Le nombre d’associations, difficile à évaluer faute de sources fiables, a beaucoup augmenté. D’anciennes militantes islamistes ou des proches de militants hommes ont mis sur pied des associations adoptant le référentiel islamique (2). La diversification idéologique côtoie un renouvellement générationnel. Les nouvelles militantes féministes, qui ont fait l’essentiel de leur apprentissage politique avec la révolution, axent surtout leur engagement sur le corps et la sexualité. La naissance d’associations dites LGBT se situe dans ce contexte. Tout en étant traversées par les rapports de sexe, les associations ont convergé vers la demande d’abroger l’article 230 du Code pénal qui criminalise les relations sexuelles entre personnes de même sexe (3). Au départ isolé·e·s, les militant·e·s dit·e·s LGBT sont parvenu·e·s à gagner des allié·e·s, notamment auprès de féministes hétérosexuelles et de professionnel·le·s (médecins, avocat·e·s et psychologues). Des divisions n’en clivent pas moins le mouvement féministe et/ou LGBT, au sujet du voile et de la prostitution ainsi que des relations sexuelles intergénérationnelles (entre adultes et mineurs).

En dépit de divergences idéologiques et politiques, toutes les associations comportent des barrières implicites à l’entrée. Leurs membres sont des diplômé·e·s de l’enseignement supérieur, originaires de Tunis ou du Sahel, appartiennent aux fractions de la bourgeoisie économique et culturelle, et maîtrisent l’usage de langues européennes (français, anglais et allemand). Si les associations sont théoriquement ouvertes à toutes celles et ceux qui en partagent les revendications, leurs militant·e·s déploient en réalité des normes de féminité et de masculinité particulières, se caractérisent par des styles vestimentaires, des postures corporelles et des pratiques de consommation ainsi que par la fréquentation de lieux de sociabilité socialement distinctifs.

Un autre trait commun est la professionnalisation du militantisme, la plus grande dépendance à l’endroit des bailleurs de fonds et l’adoption du « plaidoyer » comme principal mode d’action. Cela n’empêche pas la participation à des actions protestataires de rue, mais contraint les militant·e·s à redéfinir leurs objectifs : les fondateurs et fondatrices des associations dites LGBT aspiraient au début à former des solidarités horizontales et à nouer des liens avec les milieux populaires. Ces derniers demeurent exclus des associations, à l’endroit desquelles ils entretiennent un discours critique. Les personnes trans de milieux populaires reprochent ainsi aux militant·e·s de délaisser les enjeux matériels d’accès à la santé et à un travail digne. Elles perçoivent la libération sexuelle promue par les associations dites LGBT comme inaccessible en raison de la précarité du corps et des sources de revenus. Les clivages de classe structurent, de façon plus générale, les mouvements sociaux de femmes et/ou féministes.

Des luttes plurielles : « Travail, liberté, dignité ! »

Peu relayées par les médias, tant tunisiens qu’étrangers, les luttes des femmes se poursuivent contre la répression policière sévissant particulièrement dans les quartiers populaires. Ces mobilisations se situent dans la continuité des engagements des « mères » et des « sœurs » de martyr·e·s de la révolution mort·e·s ou blessé·e·s depuis le 17 décembre 2010, réclamant la condamnation des donneurs d’ordre et/ou des agents d’exécution. La répression policière continuant à faire des victimes depuis, les femmes sont souvent au premier front de la lutte. C’est le cas de la mère d’Omar Labidi, supporter d’un club de football mort en mars 2018 noyé dans un canal de la banlieue populaire de la capitale. Selon des témoins, des policiers l’auraient pourchassé jusqu’au canal en le contraignant à s’y jeter alors qu’il leur criait ne pas savoir nager. L’un d’eux lui aurait rétorqué « Apprends à nager ! », repris comme hashtag, en guise de dénonciation, par de nombreux supporters de foot ou des militant·e·s. Comme dans d’autres pays du Maghreb et du Machrek, les stades et leurs environs sont souvent le lieu de confrontations entre la police et des jeunes des quartiers populaires.

Les autorités policières ne ciblent pas uniquement des hommes. Le genre et la sexualité interviennent souvent dans les motifs de contrôle et la légitimation des violences. Ceux et celles qui, par choix ou à leur corps défendant, ne se conforment pas aux normes de masculinité et de féminité, sont particulièrement visé·e·s. En arguant de la pénalisation de « l’attentat à la pudeur », les forces de police peuvent tirer prétexte de cheveux trop courts ou trop longs, de styles corporels déviants (tatouages, piercings, etc.), de postures non conformes aux mœurs (c’est le cas de femmes arrêtées en présence d’un homme auquel elles ne sont pas apparentées), pour tenter d’extorquer de l’argent à leurs victimes, voire les contraindre à des rapports sexuels. Loin d’être nouvelles, ces pratiques sont indissociables de l’imposition, par l’État-nation naissant, de féminités et de masculinités normées. Patriarcat d’État et patriarcat familial s’entretiennent mutuellement : la police intimide souvent les personnes en les menaçant de rapporter leurs comportements déviants à leurs proches.

Très touchées par le chômage et la baisse du pouvoir d’achat, les femmes sont aussi omniprésentes dans les luttes contre la cherté de la vie, pour le droit au travail et le développement dans les régions du sud et de l’intérieur, dans des mouvements mixtes le plus souvent, exceptionnellement non mixtes. La région de Kasserine a ainsi connu en 2016 un grand mouvement social au cours duquel des centaines de femmes et d’hommes ont occupé les sièges des délégations et du gouvernorat (lieux représentatifs du pouvoir local et régional), avant d’effectuer un sit-in parallèle devant le ministère du Travail, à Tunis. Des diplômées et des non-diplômées, célibataires, divorcées ou mariées, avec ou sans enfants, ont pris part au sit-in, seules ou le plus souvent en compagnie d’autres membres de la famille ou du voisinage, réclamant le droit à des ressources stables pour elles-mêmes, leurs enfants et/ou leurs parents. Des enjeux de masculinité constituent les ressorts de l’engagement des hommes : mettre fin à un célibat subi, acquérir une autonomie économique par rapport à leurs parents afin de subvenir à leurs dépenses et à celles de la famille qu’ils espèrent fonder. Si les rapports de genre structurent ce mouvement social, la division sexuée du travail est la moins défavorable aux femmes engagées dans les localités où les mobilisations ont été, depuis la révolution, massives et intensives (4).

Un an plus tard, en juin 2017, à Menzel Bouzaiène, autre ville où les taux de chômage sont très élevés, un mouvement non mixte d’une trentaine de femmes de milieux populaires a perduré pendant plusieurs mois. Initialement engagées en mixité, pour le droit au travail, elles se sont organisées en non-mixité pour effectuer un sit-in au siège de la délégation. Elles ont nommé leur mouvement « Je ne me tairai pas ! », en réponse à la réassignation dont l’une d’elles a fait l’objet quand un homme a tenté de lui couper la parole, alors qu’elle s’exprimait au cours d’une assemblée : « Tais-toi ! ». Militant à la fois avec et contre les hommes de leur région et de leur classe sociale, ces femmes ne se définissent pas nécessairement comme féministes et sont distantes à l’endroit des revendications des associations féministes tunisoises, dont elles estiment les préoccupations et les intérêts éloignés des leurs.

En dépit des désillusions résultant du décalage entre, d’une part, les aspirations que la révolution a fait naître et, d’autre part, les conditions matérielles de vie, les résistances collectives se poursuivent. Coûteuses, elles aboutissent parfois à la satisfaction des revendications. Ainsi en est-il de la grève de la faim de deux femmes de milieux populaires, Sonia Jebali et Besma ­Mahmoudi, à Tunis, en juin et juillet 2019. La première avait coconduit, entre 2012 et 2014, une lutte d’ouvrières dans une ­filiale d’une multinationale française, une usine employant majoritairement des femmes astreintes à des heures supplémentaires non payées, en proie au harcèlement sexuel de la direction et des cadres, au sexisme et au racisme quotidiens. Réclamant un emploi dans la fonction publique, les deux femmes n’ont cessé leur grève de la faim que lorsqu’une promesse d’embauche dans une municipalité leur a été faite. Le succès de cette lutte ne doit pas pour autant masquer la raréfaction des ressources de l’État et les effets néfastes des politiques néolibérales, qui exacerbent des dynamiques de genre contradictoires.

Des dynamiques de genre contradictoires

Comme dans d’autres pays du Maghreb et du Moyen-Orient, l’État a longtemps été en Tunisie le principal employeur. De l’indépendance, en 1956, jusqu’au milieu des années 1970, l’accès à la fonction publique qui couronnait le passage par le lycée et l’université a permis le développement des classes moyennes salariées. De nombreuses femmes, quoique principalement originaires de Tunis, du Sahel et de Sfax, ont pu convertir leur capital scolaire en ressources économiques stables, bien que la fonction publique soit, comme les autres secteurs, structurée par le plafond de verre qui réserve les postes les plus valorisés et rémunérés aux hommes. Commencée avant 2011, la dégradation de la conjoncture économique s’accentue par la suite. L’État social accroît son désengagement, en partie pour répondre aux conditionnalités des bailleurs de fonds imposant des restrictions budgétaires. Ses possibilités protectrices sont annihilées par une dette aux effets « boule de neige » qui représente le plus gros poste budgétaire, loin devant celui du ministère de la Santé, ainsi que par le maintien d’une fiscalité favorisant les entreprises offshore exportatrices, détenues par des Européens. La loi de 1972 exonère en effet ces entreprises d’impôt pendant les dix premières années. À la détérioration de la qualité des services publics (éducation et santé) s’ajoutent l’accroissement du chômage et l’inflation paupérisant les classes moyennes et populaires.

Les effets du retrait de l’État sur les rapports de genre sont, faute d’enquête à ce sujet, mal connus, mais les manifestations de la pauvreté sont visibles dans le renforcement du phénomène de femmes sans abri, seules ou avec enfants, dans les rues des centres urbains. L’effritement des ressources matérielles des classes moyennes et populaires peut sans doute expliquer l’augmentation du nombre de plaintes de femmes victimes de violences. Entre janvier et juillet 2019, le ministère de la Justice a enregistré 40 000 dépôts de plaintes de femmes victimes de violences, pour la plupart intrafamiliales et intraconjugales, selon une tendance croissante à moyen terme. Deux interprétations complémentaires de ce phénomène sont possibles. Cette hausse peut d’abord refléter un changement des comportements des victimes. Considérant davantage la violence, même lorsqu’elle est commise par des proches, comme illégitime, les femmes qui la subissent feraient plus fréquemment la démarche de porter plainte. Les modifications des perceptions et des comportements des femmes peuvent résulter de la grande politisation des atteintes à la dignité depuis 2011, parmi lesquelles les violences contre les femmes. L’adoption de la loi-cadre sur les violences contre les femmes a été précédée de nombreuses manifestations féministes, dont une longue mobilisation pour la criminalisation du viol entre 2012 et 2014. Organisée en soutien à une jeune femme violée par deux policiers, elle a été l’occasion pour les féministes de réclamer une réforme du Code pénal, pour que le viol soit considéré comme un crime contre la personne et non contre le groupe familial.
Cependant, il est aussi probable que les violences exercées contre les femmes aient elles-mêmes augmenté sous l’effet des contradictions du contexte postrévolutionnaire. La révolution a été l’expression d’aspirations à la dignité de ceux et celles qui occupent des positions dominées, en l’occurrence les femmes et les jeunes, et ce dans de multiples sphères sociales. Les couples et les familles ont été traversés, voire secoués, par la revendication de dignité et la remise en cause des rapports de sexe et des rapports intergénérationnels. L’exercice, par les hommes, des violences sexistes (et sans doute aussi commises par les adultes contre les enfants) a probablement constitué une façon de réassigner les femmes à leur place et de défendre leurs intérêts qui ont semblé plus que jamais menacés. Et ce d’autant que la dégradation des conditions matérielles de vie ont privé, de fait, ces dernières, de l’autonomie recherchée. Par ailleurs, si le patriarcat constitue un système d’exploitation relativement indépendant de la pauvreté, la croissance du chômage et le resserrement de la contrainte budgétaire exacerbent les rapports de sexe dans les couples et les familles. L’appauvrissement rend plus difficile la conformation aux rôles sociaux attendus, aux normes de féminité et de masculinité, comme celles de la « femme nourricière », éduquant et soignant ses enfants, et de l’homme pourvoyeur de ressources financières.

L’aspiration à l’autonomie et à des ressources matérielles alimente l’émigration de jeunes femmes seules. Celles qui disposent de conditions convenables franchissent les frontières dans des circonstances non périlleuses, en tant qu’étudiantes ou salariées, vers les pays européens ou les États-Unis, accentuant un phénomène structurel lié à l’investissement par les familles des différentes couches de la bourgeoisie dans la scolarité de leurs enfants. Avec la raréfaction des emplois dans la fonction publique et les restrictions à l’immigration en Europe, un nouveau phénomène s’est développé ces dernières années : l’émigration, négociée avec les familles, vers les monarchies du Golfe, de femmes diplômées du supérieur, qui ont embrassé les métiers d’institutrice, de professeure, ou d’infirmière.

Si ce phénomène n’est pas nouveau, la révolution l’a probablement renforcé. Cette dernière s’est en effet accompagnée d’une mobilité accrue de femmes et d’hommes, tant à l’intérieur du pays, entre les différentes régions, qu’au niveau transnational. Les modes de sociabilité et les pratiques d’occupation de l’espace urbain portent également la marque de l’événement révolutionnaire. Ce moment inédit a été l’occasion pour les femmes d’affirmer comme légitime leur présence dans des espaces auparavant perçus comme masculins, tels les cafés, du moins dans les grands centres urbains, transformés, comme d’autres espaces, en agoras. Elles y ont négocié leur place en prenant publiquement la parole, et en tractant et affichant leurs (in)certitudes politiques, leurs visions de l’événement et de l’avenir.

Notes

(1) Ilhem Marzouki, Le mouvement des femmes en Tunisie au XXème siècle, Maisonneuve & Larose, 1993.
(2) Sélima Kébaïli, « Expérience de la répression et mobilisations de femmes dans la Tunisie post-révolution », in Archives de sciences sociales des religions no 181, 2018, p. 121-140.
(3) Abir Kréfa, « Le mouvement LGBT tunisien : un effet de la révolution ? », in Ethnologie française no 174, 2019, p. 243-260.
(4) Sarah Barrières et Abir Kréfa, « Des rapports de genre inchangés ? Enquête sur le mouvement pour le droit au travail dans la région de Kasserine », in Amin Allal et Vincent Geisser (dir.), Tunisie : Une démocratisation au-dessus de tout soupçon ?, CNRS Éditions, 2018, p. 317-333.

Légende de la photo en première page : Des organisations de la société civile ont organisé une marche pour dénoncer la violence à l’égard des femmes le 30 novembre 2019 à Tunis, Tunisie.

Article paru dans la revue Moyen-Orient n°44, « Tunisie : un destin démocratique ? », novembre-décembre 2019.

À propos de l'auteur

Abir Kréfa

Maître de conférences en sociologie à l'université Lumière Lyon-II, membre du Centre Max Weber ; auteur de Genre et féminisme au Moyen-Orient et eu Maghreb (avec Amélie Le Renard, à paraître en 2020).

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