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Grande, générale, totale ou intégrale : la stratégie comme accès aux variétés de la puissance

Il est fréquemment question, dans le vocabulaire stratégique anglo-­saxon contemporain – et, de plus en plus, français – de « grande stratégie ». En réalité, les terminologies sont plus nombreuses et, si elles renvoient toutes à l’articulation entre finalités politiques et moyens (militaires ou autres), elles ont également des significations variables et ne sont pas toutes synonymes. Ce qui, concrètement, n’est pas sans conséquence pour les armées ni pour la politique sachant que la vision la plus féconde est française. Tour d’horizon.

L’étymologie du terme « stratégie » renvoie à la conduite des armées, ce qui semble la cantonner à quelque chose de strictement militaire, mais aussi de dépolitisé. Dans pareil cadre, comment la penser dans son articulation aux fins politiques sachant que, parmi les très nombreuses définitions de la stratégie, on peut raisonnablement adhérer à celle de Lawrence Freedman, pour qui elle est « l’art de créer de la puissance (1) » ? En réalité, l’ascension vers la stratégie a été un processus historiquement lent et incrémental (2). Le terme, dans son acception contemporaine, n’est attesté en français qu’en 1777 chez Joly de Maizeroy (3), mais il faut attendre Guibert puis, surtout, Clausewitz, pour y voir une liaison au politique. La guerre étant la continuation de la politique par d’autres moyens, la stratégie ne peut pas ne pas tenir compte de la politique. Reste qu’il faut attendre le début du XXe siècle pour voir une exploration plus avant des interrelations entre guerre et politique.

Penser la stratégie comme une globalité : les premiers pas

Ce sera d’abord le cas chez Julian Corbett. S’il est surtout connu pour ses Principes de stratégie maritime, ces derniers ne sont que la résultante d’une réflexion, fondamentalement clausewitzienne, sur la puissance de l’État – britannique en l’occurrence – entamée avec son Green pamphlet (4). Il établit ainsi une distinction entre « major strategy » et « minor strategy ». La première est à l’apex du politique et du militaire ; tandis que les significations de la deuxième sont variables dans la vision du Britannique, mais renvoient toutes à l’usage de la forme armée. On retrouve également chez Corbett une notion essentielle pour comprendre que la puissance ne réside pas dans les seuls facteurs militaires : la « déflexion du militaire par le politique », les rationalités du premier étant amendées par celles du deuxième en fonction d’objectifs supérieurs de politique nationale. Corbett l’entend d’abord comme ce qui permet de justifier des guerres limitées et de réduire la tension vers la « montée aux extrêmes » ; mais la vision sous-­entend également que l’option militaire n’est pas nécessairement la seule dans l’accomplissement des objectifs stratégiques.

Les années 1920 voient une réelle investigation de la question, suivant trois voies principales ayant évolué parallèlement et sans intertextualité – preuve en soi que les travaux rendent compte d’une question a priori universelle. En URSS, le contexte politique des années 1920 est très spécifique, pétri de marxisme-­léninisme. La distinction entre la guerre et la paix n’y est pas envisageable – ce qui n’est que la continuation logique de la lutte des classes. Pour Frounze, qui explore conceptuellement la question, les aspects militaires, politiques et économiques sont donc indissociables, tout en restant soumis au politique. Alexandre Svetchine évoquera quant à lui le concept de stratégie intégrale – au risque cependant d’une autonomisation du politique, ce qui contribuera à la disqualification de son approche en URSS (5). Aussi, par la suite, un recentrage sur le domaine militaire s’opérera au sein de la théorie militaire soviétique, qui verra une différenciation entre :
• la politique militaire, qui correspond à l’emploi des moyens militaires en vue d’atteindre les objectifs politiques ;
• la stratégie militaire, qui renvoie à la théorie et à la pratique de la préparation des forces armées à la guerre, de même qu’à la planification et à la conduite des opérations.

En France, l’amiral Castex évoque également la « stratégie générale » suivant une vision relativement proche de celle de Svetchine. En 1937, il y voit « l’art de conduire, en temps de guerre et en temps de paix, l’ensemble des forces et des moyens de lutte d’une nation ». La logique n’est pas uniquement liée à la lutte militaire. En effet, elle « coordonne et discipline les stratégies particulières, celles de divers secteurs de la lutte : politique, terrestre, maritime, aérien, économique, colonial, moral… (6) ». Le champ d’action de la stratégie générale est donc intemporel, l’acteur stratégique agissant en temps de paix comme de guerre, ce qui constitue une innovation remarquable.

En 1929 apparaît chez Liddell Hart la notion de grand strategy (« grande stratégie ») (7). L’acception diffère cependant des deux visions précédentes dès lors qu’il s’agit de considérer tout ce qui peut, au sein de la société, soutenir l’effort militaire au regard des objectifs de guerre ; sachant cependant que ces derniers doivent viser une « meilleure paix ». Dans cette approche, la mobilisation des moyens nationaux ne peut se faire au risque de l’effondrement ; on y trouve donc un plaidoyer pour une économie des moyens stratégiques parfaitement pertinente. Cependant, le champ d’action de la grande stratégie reste réduit à la guerre. Cette acception, au demeurant, fait florès aux États-Unis, toujours dans un cadre structuré par la conduite de la guerre. Il n’est pas sans faire écho au concept de « guerre totale » de Ludendorff, qui voit certes la soumission du politique au militaire, mais aussi celle des moyens de production civils aux besoins militaires (8).
Avec la Deuxième Guerre mondiale apparaissent de nouvelles terminologies qui renvoient également à l’articulation entre politique et stratégie, mais qui continuent de démontrer une ambiguïté quant à leur champ d’application. C’est le cas avec la généralisation du concept de grande stratégie aux États-Unis, mais aussi chez Hitler et son concept de « stratégie élargie », qui renvoie à « la mobilisation permanente et la coordination de toutes les ressources [et] l’unité, sous une direction unique, des tâches politiques et militaires (9) ». Les concepts de « stratégie nationale » ou de « stratégie globale » apparaissent également aux États-Unis mais ne tendent là aussi que marginalement à envisager la stratégie autrement qu’en temps de guerre et que centrée sur la conduite de la guerre en tant que principal vecteur de création de puissance.

Le tournant de l’après-guerre : la permanence d’une stratégie de puissance

L’après-guerre va cependant marquer un tournant. Entre l’apparition des blocs et celle de la possibilité d’un démocide nucléaire à l’échelle planétaire, le champ d’application de la stratégie est mondial. La nature même de la stratégie nucléaire impose que la manœuvre de dissuasion – et tout ce qui l’accompagne, notamment en termes de stratégie des moyens – soit conduite en temps de paix. Ainsi, Lucien Poirier indique : « C’est là le germe de la nouvelle métamorphose : jusqu’à maintenant, il fallait un état de guerre totale pour que les duellistes engagent la totalité de leurs activités collectives dans le conflit, pour qu’ils consentent à “militariser” la stratégie intégrale en dépit des risques sociologiques inhérents à cette réquisition. Désormais, cette militarisation tend invinciblement à s’appliquer au “temps de paix”, à tous les moments de la coexistence conflictuelle et au champ entier du travail collectif. (10) »

De plus, il est impossible de limiter l’action stratégique à la seule conduite d’opérations militaires qui, par ailleurs, se diversifient et peuvent être menées en parallèle sur différents théâtres. Comment alors penser la création de puissance ? Plusieurs visions, variablement co-construites, émergent alors. C’est le cas pour la « stratégie nationale » américaine qui, d’une vision uniquement centrée sur le temps de guerre, est étendue au temps de paix. Il en est de même pour la notion de grande stratégie dont le degré de construction théorique n’évolue guère – y compris de nos jours. Nombre de publications la concernant sont d’ordre historique, cherchant à percevoir les rationalités sous-­jacentes à tel ou tel acteur dans la longue durée – c’est typiquement le cas des travaux d’Edward Luttwak sur les empires romain et byzantin (11) ou encore des travaux américains contemporains sur la Chine par exemple (12). D’autres s’interrogent sur la possibilité d’une stratégie qui puisse aligner les différentes composantes de la puissance afin de pouvoir réaliser les buts fixés par le politique ; y compris en considérant que la grande stratégie n’est pas limitée au secteur militaire (13).

Il ne faut donc pas caricaturer les débats autour d’une théorie de la grande stratégie qui ne rendrait pas compte des subtilités d’autres conceptions sœurs, d’autant plus qu’il faut sans doute opérer une distinction entre auteurs américains et européens. Le fait que des auteurs comme Hew Strachan, Lawrence Freedman ou Colin Gray soient britanniques et clausewitziens facilite sans doute une compréhension de la puissance comme décloisonnant le militaire et le civil, tout en les plaçant sous l’autorité suprême du politique. A contrario, nombre d’auteurs américains sont naturellement marqués par une culture stratégique où la relation entre le politique et le militaire procède d’une rupture et d’un cloisonnement dans une logique dite uptonienne (14) et non pas d’une continuité. Penser la puissance comme une interaction entre le politique et le militaire se déroulant par le « pont de la stratégie » – pour reprendre l’expression de C. S. Gray (15) – devient alors conceptuellement plus difficile. En contrepoint, on peut cependant nuancer le propos : ne parvenir que difficilement à une formalisation théorique n’a pas empêché Washington de disposer effectivement d’une capacité à produire une cohérence dans ses modes d’action stratégiques.

C’est en revanche en France que l’on retrouve deux conceptions nettement plus denses d’un point de vue théorique. Le concept de « stratégie totale » apparaît ainsi chez André Beaufre afin de souligner le fait que l’action stratégique s’inscrit dans une rationalité de guerre totale dont le « rôle est de définir la mission propre et la combinaison des différentes stratégies générales, politique, économique, diplomatique et militaire (16) ». Le contexte est à la possibilité de l’apocalypse et Beaufre note, remarquablement au regard du débat qui nous occupe, que la guerre entre grandes puissances ne peut plus être une option, sauf à courir au suicide. En découle que, s’il n’est pas possible de se passer de la stratégie militaire et qu’elle reste un point focal par l’enjeu de survie qu’elle implique, la liberté de manœuvre de l’exécutif se situe ailleurs. On notera ici que cette évolution de la rationalité stratégique supérieure est fondamentale pour comprendre l’inanité du débat actuel sur la guerre hybride : parler de stratégie, y compris d’action et visant à dégager des avantages stratégiques nets, ne se limite pas à l’emploi ou à la menace d’emploi de forces armées.

Cette vision est partagée par Lucien Poirier, qui estime cependant que celle de Beaufre reste trop marquée par la guerre en tant que telle ; que d’une certaine manière, il n’a pas bien assimilé les conséquences stratégiques de la dissuasion, y compris sur la liberté de manœuvre du politique. Il propose donc le concept de « stratégie intégrale » – dans un sens cependant plus étoffé que celui de Svetchine en son temps. Pour Poirier, elle combine « les résultats des trois stratégies, économique, culturelle et militaire, dans une unité de pensée et d’action qui combine et leurs buts et leurs voies et moyens (17) ». Très moderne, cette rationalité est aussi la démonstration que l’action stratégique ne se limite pas à l’action militaire – voilà une fois de plus pour les tenants de la guerre hybride dans son acception otanienne post-2014 (18) –, mais répond aussi aux auteurs qui, faute de prendre en compte les dimensions civiles de la puissance, finissent par considérer que « la grande stratégie n’est pas assez grande » (19). En réalité et au-delà de l’élégante simplicité de la formulation, cette conceptualisation est plus complexe, dans ses implications conceptuelles comme pratiques, à trois égards au moins.

D’abord, parce que les stratégies générales ayant une incidence sur la puissance des acteurs ne se limitent pas aux domaines militaire, culturel et économique. On peut en effet y ajouter la stratégie diplomatique, avec des ramifications liées à la mise en place de systèmes d’alliances ou de coalitions ou aux négociations portant sur les normes du droit international, qui constitue également un espace de manœuvre stratégique. Or les stratégies générales diplomatique et militaire ne sont pas nécessairement phasées de manière permanente ; leurs objectifs propres peuvent diverger. Ensuite, la vision de Poirier, très idéale-­typique reconnaît-il (20), doit pouvoir intégrer des hybrides. C’est typiquement le cas, par exemple, de la stratégie maritime. Sa nature profonde est certes marquée par la recherche de la puissance, mais celle-ci se décline de manière aussi bien économique que militaire stricto sensu (on parle alors de stratégie navale) – une nature civilo-­militaire que notaient d’ailleurs aussi bien Mahan que Corbett… bien avant les travaux de Poirier. L’affaire n’est pas que conceptuelle : la mer et tout ce qui la concerne (des flux maritimes aux flux de données, avec leurs ramifications dans le secteur des services) sont fondamentaux pour nombre d’États. Sans la mer, la puissance singapourienne serait absolument négligeable, y compris sur le plan militaire qui dépend, évidemment, de capacités de financement intimement liées aux richesses produites. À bien des égards, le cyber entre également dans le registre de ces objets hybrides (21).

Enfin, parce que si le concept de « stratégie intégrale » qualifie un concept autant qu’une pratique, il est idéal-­typique du point de vue stratégique : « C’est là une notion abstraite […] on ne voit pas, dans la généalogie, qu’un acteur politique ait jamais pu pratiquer effectivement une stratégie intégrale unifiant les stratégies économique, culturelle et militaire. (22) » Avec Hervé Coutau-­Bégarie, faut-il voir dans l’hypothèse d’un alignement des planètes des stratégies générales la possibilité d’une évolution totalitaire, avec une mise en coupe réglée de toutes les composantes d’une société ? Le positionnement, à cet égard, est sans doute doublement excessif. D’une part, parce qu’une bascule totalitaire ne serait pas tant le fait de la disposition d’une stratégie intégrale, mais d’un pouvoir qui basculerait lui-­même dans le totalitarisme ou, à tout le moins, dans l’autoritarisme. La convergence des stratégies générales n’est qu’un outil et éventuellement un alibi ; mais sans doute pas la source en tant que telle d’un glissement. D’autre part, à défaut de pouvoir isoler une stratégie intégrale formalisée répondant parfaitement à l’idéal-­type proposé par Poirier, les exemples historiques de pratiques de la stratégie intégrale ne manquent pas.

La stratégie intégrale est-elle encore envisageable ?

Napoléon a un temps réussi à incarner le stratège intégral, capable d’articuler instruments civils comme militaires dans la poursuite de ses objectifs stratégiques et, s’il connaît in fine la défaite, un certain nombre de ses concrétisations – le Code civil par exemple – restent d’application en France comme ailleurs (23). Le cas de la France du général de Gaulle est également intéressant, notamment au regard de l’imbrication très fine existant entre les sphères économique et militaire dans les secteurs nucléaire ou aérospatial en tant que leviers de l’indépendance ; une vision qui ne pourra pas être répliquée dans le secteur informatique. Ce type d’imbrication, cohérente et systémique, au service d’une stratégie de puissance définie comme devant être la plus indépendante possible est aussi observable dans le cas suédois durant la guerre froide par exemple, cette fois avec un régime politique qui n’est pas présidentiel (24). Au passage, le modèle suédois est d’autant plus intéressant qu’il permet de sortir de l’opposition entre « welfare » et « warfare » – soit un débat là aussi en cours aux États-Unis et où certains vont jusqu’à évoquer un distinguo… entre grandes stratégies intérieure et internationale ! À certains égards, ce pourrait également être le cas du Japon ; y compris dans les versants techno-­économiques de son alliance, si importante, avec les États-Unis.

Si les exemples cités sont d’ordre historique – à l’exception du cas japonais – est-il seulement envisageable de disposer de stratégies intégrales dans notre contexte ? De facto, la complexité institutionnelle ; l’épaississement étatique en trompe-­l’œil (soit ne concernant pas les fonctions régaliennes ou liées au régalien) ; les relations avec des acteurs privés parfois transnationaux ; les logiques d’interdépendance développées avec des États devenus de facto plus que des alliés, c’est-à‑dire des éléments essentiels pour la sécurité nationale ; voire l’inflation de règles et de procédures, rendent la question difficile. Pour autant, il paraît nécessaire d’en revenir à la vision qu’en avait Poirier, mais aussi de ne pas surestimer les effets de l’institutionnalisation et l’efficacité stratégique qui en découlerait. À bien des égards, la stratégie intégrale d’un acteur – en ce compris non étatique – est comparable à un piano, avec des groupes de touches militaires, économiques, diplomatiques, etc. En l’occurrence, la seule disposition du piano ne garantit aucunement une mélodie harmonieuse. Si le piano doit être accordé, la musique qui en sort est d’abord le fait de l’artiste et aucune théorie ne permet de s’assurer de manière définitive que ce soit le cas…

Notes

(1) Lawrence Freedman, Strategy. A History, Oxford University Press, Oxford, 2013, p. 8.
(2) Joseph Henrotin, Olivier Schmitt et Stéphane Taillat, « Histoire de la pensée stratégique », in Stéphane Taillat, Joseph Henrotin et Olivier Schmitt (dir.), Guerre et stratégie. Approches, concepts, PUF, Paris, 2015.
(3) Joly de Maizeroy, Théorie de la guerre, Chez la Veuve Leclerc, Nancy, 1777.
(4) Sur Corbett : Julian S. Corbett, Principes de stratégie maritime, FEDN/Economica, Paris, 1993 ; Joseph Henrotin, Julian Corbett. Penser la stratégie maritime, Argos, Paris, 2013 ; Andrew Lambert, 21st Century Corbett. Maritime Strategy and Naval Policy for the Modern Era, Naval Institute Press, Annapolis, 2017.
(5) Sur Svetchine : Aleksandr Svechin, Strategy, Minneapolis, East View Publications, 1992. Voir également M. A. Gareev, M.V.Frunze, Military Theorist, Pergamon/Brassey’s, Washington, 1988.
(6) Cité dans Hervé Coutau-Bégarie, Traité de stratégie, 7e éd., ISC/Economica, Paris, p. 74.
(7) Basil H. Liddell Hart, The Strategy of Indirect Approach, Faber and Faber, Londres, 1941.
(8) Erich Ludendorff, La guerre totale, Perrin, Paris, 2010.
(9) Cité dans Hervé Coutau-Bégarie, op. cit., p. 75.
(10) Lucien Poirier, Les voix de la stratégie, Fayard, Paris, 1985, p. 21.
(11) Edward N. Luttwak, La Grande stratégie de l’Empire romain, 2e éd., ISC/Economica, Paris, 2008 ; Edward N. Luttwak, La Grande stratégie de l’Empire byzantin, Odile Jacob, Paris, 2010.
(12) Ou même des travaux sur la grande stratégie elle-même : voir John Lewis Gaddis, On Grand Strategy, Penguin, New York, 2018.
(13) Voir notamment les travaux de John Stone (Military Strategy : The Politics and Technique of War, Continuum, Londres, 2011). On notera que les deux premiers sont britanniques et clausewitziens.
(14) Voir Bruno Colson, La culture stratégique américaine. L’influence de Jomini, FEDN/Economica, Paris, 1993 ; Russell F. Weigley, « American Strategy from Its Beginnings through the First World War », in Peter Paret, Makers of Modern Strategy. From Machiavelli to the Nuclear Age, Clarendon Press, Oxford, 1986.
(15) Colin S. Gray, The Strategy Bridge. Theory for Practice, Oxford University Press, Oxford, 2011.
(16) André Beaufre, Introduction à la stratégie, 4e éd., IFRI-Economica, 1985, p. 24-25.
(17) Lucien Poirier, Stratégie théorique II, Economica, Paris, 1987, p. 114.
(18) On notera d’ailleurs qu’il existe en France un écart de perception autour de ce que recouvre la notion de guerre hybride. D’une part, le Quai d’Orsay y voit une combinaison de modes d’action civils et militaires renvoyant, concrètement, à la vision otanienne post-2014. La guerre hybride caractériserait alors les actions russes, vues comme une rupture dans les pratiques stratégiques. D’autre part, le ministère des Armées tend à comprendre la guerre hybride comme une caractérisation des opérations militaires, dans la foulée des travaux de Hoffman. Faut-il y voir le fruit d’une méconnaissance des théories stratégiques de Poirier par les diplomates ?
(19) Alasdair Roberts, « Grand Strategy isn’t Grand Enough », Foreign Policy (https://​foreignpolicy​.com/​2​0​1​8​/​0​2​/​2​0​/​g​r​a​n​d​-​s​t​r​a​t​e​g​y​-​i​s​n​t​-​g​r​a​n​d​-​e​n​o​u​gh/) 20 février 2018.
(20) Lucien Poirier, Le chantier stratégique, Hachette, Paris, Pluriel, 1997.
(21) Joseph Henrotin, « L’analogie maritime face aux stratégies organique et des moyens en cyberstratégie », Défense & Sécurité Internationale, no 98, décembre 2013.
(22) Lucien Poirier, Le chantier stratégique, op. cit., p. 49.
(23) Du point de vue du stratégiste, il n’est pas un instrument juridique, mais un système normatif permettant d’harmoniser l’intégration de sociétés aux trajectoires culturelles et historiques différenciées.
(24) Voir par exemple Per Lundin, Niklas Stenlas et Johan Gribbe (dir.), Science for Welfare and Warfare. Technology and State Initiative in Cold War Sweden, Science History Publications, Sagamore Beach, 2010.

Légende de la photo en première page : Le Tonnerre, le Chevalier Paul et le Lewis B. Puller. Parler du niveau supérieur de la stratégie implique de prendre en compte les « relations internationales militaires » au travers les alliances et coalitions. (© US Marine Corps) 

Article paru dans la revue DSI n°140, « Le T-90, cavalier des steppes », mars-avril 2019.
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