Magazine Moyen-Orient

L’espace kurde de Syrie : l’invention d’un territoire

En quelques années, l’une des composantes majeures du peuplement kurde au Moyen-Orient a acquis une nouvelle visibilité autour d’un projet politique inédit : le Rojava. Il ne s’agit pas ici de revenir sur une généalogie expliquant pourquoi cette entité se forme et s’impose sur la scène politique régionale, mais de montrer en quoi elle s’inscrit dans une histoire récente, marquée par la renaissance des identités politiques. Autour de trois zones de fort peuplement kurde en 2011 – Afryn, Kobané et Qamichli-Hassaké –, un cordon s’établirait le long de la frontière avec la Turquie présageant un possible territoire indépendant. En réalité, cette quête poursuivie par le Parti de l’union démocratique (PYD) semble l’aboutissement d’une histoire de la frontière bien plus qu’un projet du Kurdistan, et son avenir est lié à ce caractère de l’espace.

Le parcours des différents endroits souligne une longue présence humaine. Les ruines d’Aïn Dara, d’origine hittite, ou de Karkamish, à proximité de Kobané, renvoient à une histoire ancienne. De même, les traces médiévales à travers quelques forteresses laisseraient envisager une continuité historique du peuplement. Aussi, la réinvention des origines pourrait être tentée par les conquérants d’aujourd’hui comme les administrateurs ­passés (1). En réalité, une rupture majeure advient au tournant du XIXe siècle, qui va donner corps et forme à ces implantations sur lesquelles se base le Rojava. Cette mutation tient à la naissance d’un monde de petites villes dans lesquelles une élite participe au processus d’étatisation des terres syriennes.
Plus qu’une histoire intellectuelle cherchant à tracer les influences doctrinaires, géographiques et idéologiques du projet Rojava, il s’agit ici de considérer comment il met en lumière une histoire propre des périphéries syriennes, rappelant à l’attention les zones délaissées et les populations marginalisées dans les équilibres politiques. Pour cela, le retour sur le théâtre mouvant du XIXe siècle s’impose : d’un espace nomade émerge une frontière sur laquelle se cristallisent des peurs politiques, des recherches identitaires et la genèse de noyaux humains intégrés dans le nouveau territoire.
Nomades et sédentaires
Le XVIIIe siècle constitue un point d’inflexion dans l’Empire ottoman, bouleversant les trajectoires des périphéries comme la Djézireh syrienne (2). Trois facteurs se combinent et se renforcent. Depuis le XIVe, l’ensemble syrien est affecté par deux processus : l’un écologique, l’autre économique. Le premier – l’avènement du petit âge glaciaire – rend les cultures pérennes plus hasardeuses avec la régularité de pluies cévenoles au printemps, détruisant les récoltes. Les pestilences sur les zones fluviales rendent ces espaces hostiles aux activités humaines, qui se réfugient sur les hauteurs. En parallèle, la demande de bétail et l’apparition de nouvelles plantes favorisent les implantations en montagne ou la pratique nomade. Sur le plan impérial, au XVIIIe siècle, un relâchement du contrôle administratif, l’autonomisation des centres urbains et en leur sein de gouverneurs avides de s’enrichir au moyen de l’impôt, et la multiplication des prélèvements pour répondre à l’effort de guerre constant dans l’Empire fragilisent les campagnes.
À l’est d’un chapelet urbain d’Alep à Daraa, le monde tribal domine. Plusieurs éléments le caractérisent. La tribu créée et perpétuée autour d’une figure tutélaire prend place le plus souvent dans un ensemble plus large d’alliances ou de confédérations de tribus. Elle se substitue à l’État dans le sens où elle offre la protection contre une redevance fiscale (la khuwwa). Elle représente une forme adaptée aux mutations économiques et écologiques, mais aussi aux difficultés politiques rencontrées par les pouvoirs pour contrôler de vastes territoires. Le pouvoir impérial s’appuie dessus pour s’assurer de sa souveraineté sur ces lieux mouvants, tout en tentant par moment de corriger des débordements sous la forme d’expéditions venant du gouverneur de la ville. Pendant le XVIIIe siècle, des entreprises de sédentarisation tentent de fixer ces groupes à des endroits, mais elles achoppent partiellement. Domine alors sur un large ensemble de la Djézireh, entre autres, la tribu kurde des Milli, formant le gros des effectifs kurdes.
Au tournant du XIXe siècle, ce monde connaît d’importantes transformations. L’émergence du wahhabisme, les sécheresses, le trop-plein démographique concourent à pousser des groupes tribaux vers le nord, bousculant sur leur chemin les tribus qui migrent en retour. La zone djézirienne devient alors un carrefour dans lequel se superposent les tribus, de tailles et de conditions différentes. Ce surcroît démographique favorise la renaissance d’activités autour de l’Euphrate, mais rend aussi tout cet univers bien étranger aux tentatives de contrôle de l’Empire ottoman. Ce dernier, plongé dans des guerres aux périphéries, ne peut accorder une attention forte au désert comme au XVIIIe siècle.
Cette myriade de tribus et de populations, parmi lesquelles les composantes kurdes sont nombreuses, devient une cible nouvelle du redéploiement de la présence impériale à l’aune des réformes (les Tanzimat) qui commencent au XIXe siècle. Connues pour avoir modifié l’administration de l’empire ou touché les minorités, elles comportent aussi une nouvelle vision spatiale du pouvoir. Ce dernier doit reprendre place dans les différentes provinces, les sécuriser par des troupes régulières et ainsi marquer le territoire. En prolongement de l’expérience égyptienne (3), des forts sont établis le long de l’Euphrate. L’envoi de militaires s’accompagne de la sédentarisation de certaines familles. Ces premières concentrations attirent des activités marchandes, organisant un flux de circulation entre les principaux centres urbains syriens et les steppes bordant le Khabour ou l’Euphrate. Alors que l’agriculture renaît, nomades et sédentaires entrent en contact autour de ces nouveaux lieux. En cela, le retour de l’influence étatique passe par la diffusion de la culture de l’urbain. De petites villes anciennes comme Afryn voient leurs activités ­redémarrer. Cette rencontre trouve un nouvel enracinement avec les mutations d’infrastructures au tournant du XXe siècle. Le sultan Abdülhamid II (1876-1909) soutient la mise en place du chemin de fer reliant les contrées impériales. Dans ce cadre commencent les travaux du Baghdadhan devant conduire le train de Constantinople à Bagdad. Cette ligne trace à travers les steppes euphratéennes une nouvelle zone de peuplement. Chaque gare, comme Jerablos, Tal Abyad, Ras al-Aïn, fonde un noyau urbain, autour duquel se greffent des peuplements variés. Les tribus kurdes évoluent autour de ces nouveaux centres, s’en prenant aux ingénieurs et à leurs campements. Avec la Première Guerre mondiale (1914-1918), le chantier s’accélère pour répondre aux besoins des combats (déplacer les troupes) grâce à une main-d’œuvre inespérée : les Arméniens. Au sortir du conflit, un alignement de petites villes émerge de la steppe, dans lesquelles trouvent refuge les Arméniens, rejoints par de petits groupes en voie de sédentarisation. D’autres lieux prennent forme, comme Arab al-Pounar. Ce dernier est surnommé par certains « Kobané », rattachant sa formation à une translittération/traduction de « compagnie », par référence au chemin de fer (4).
Au temps des Français et de l’indépendance
En 1920, la France se voit reconnaître un mandat sur la Syrie et le Liban (entendus dans leurs frontières actuelles). Sans plan initial, les nouvelles autorités prennent possession de territoires dont elles doivent définir la forme politique. Dans le nord de la Syrie, cependant, la lutte de Mustafa Kemal (1881-1938) s’étend aussi au-delà de la frontière à déterminer du mandat. La Cilicie est perdue par les Français, qui se retirent au sud de la ligne de chemin de fer. Les incursions de bandes armées fragilisent le pouvoir, qui tente de protéger les centres de refuge arméniens (5). Dans ce contexte, les trois enclaves à la base du Rojava sont le théâtre d’évolutions relativement similaires. Dès l’accord Franklin-Bouillon de 1921 entériné, qui fixe les clauses de paix entre les deux nouveaux pays, toute l’attention se porte à sédimenter cette frontière nord dont il faut tracer le cours au-delà de l’Euphrate.
La politique mandataire entend trouver des partenaires à même de gérer l’espace en question, sans voir son autorité remise en cause. Aussi, dès 1924, les velléités autonomistes kurdes présentes à Jerablos, à Kobané et en Djézireh sont bloquées par l’arrestation de chefs. Au contraire, un chapelet de villages se voit renforcer par la dotation de bâtiments faisant de ces bourgs des villes. Le sérail y représente à la fois l’ordre urbain et le lieu où discutent forces mandataires et élites locales. Par le biais de pétitions, ces dernières, telles les Chahine à Jerablos, font connaître leur volonté de collaborer à l’ordre nouveau. S’inscrire dans le cadre mandataire doit leur permettre de voir leurs propres prérogatives renforcées. Ces lieux deviennent le creuset d’une société dans laquelle cohabitent, autour de noyaux arméniens, des Kurdes et des Arabes tribaux, à la sédentarisation récente. Un réseau de petites villes devient le lieu du pouvoir, conforté par la présence en son sein d’agents des services de renseignement français.
Le temps du mandat voit donc le parachèvement des entreprises réformatrices entamées par les Ottomans. Sous la forme de bourgs, les autorités inscrivent l’État dans des campagnes et des zones nomades jusque-là délaissées. L’exemple de Qamichli synthétise ces volontés politiques (6) : autour d’une caserne et bientôt lieu d’exil, un nouvel espace urbain se forme à l’extrémité de la Djézireh, complétant le monde des villes kurdo-chrétiennes de la région. Autour de ces espaces, le développement d’une agriculture sédentaire transforme en quelques années le monde revendiqué par le Rojava. L’existence d’une frontière en fait à la fois un front de peuplement et un territoire d’accueil. Après les groupes arméniens protégés par un nouveau statut international, ce sont les chefs kurdes qui fuient, à la fin des années 1920, la répression kémaliste. 
Se produit alors en Djézireh – la partie la plus orientale de la Syrie et du Rojava –, une évolution distincte liée au croisement de trois phénomènes convergents. Le premier tient à l’adoption d’un discours de défense de la kurdicité par les autorités mandataires, principalement les services de renseignement. Leurs agents locaux, découvrant un peuple et son histoire, se rangent à leur cause pour obtenir une place plus importante dans la nouvelle Syrie. Le deuxième porte sur l’avènement d’une génération de militants kurdes depuis les grandes villes syriennes, qui réinventent autour de publications une culture kurde modernisée. Le dernier enfin – et certainement le facteur le plus décisif – repose sur l’adoption du traité de 1936 qui doit voir la Syrie évoluer vers l’indépendance. Or ce traité dissipe les ambiguïtés présentes depuis le début du mandat, dans un sens qui ne favorise pas tous les acteurs.
Soudainement, la classe politique aleppine et damascène gouvernerait la Syrie des périphéries. En réponse à cela et à l’instigation d’une partie des officiers français locaux peu désireux de voir une indépendance, un mouvement autonomiste se forme en Djézireh, faisant de ce bastion le seul territoire suffisamment important pour devenir autonome. Les espaces autour d’Afryn et de Jerablos sont alors délaissés. Mais il apparaît vite que cette velléité indépendantiste achoppe devant la diversité des populations de Djézireh. La Seconde Guerre mondiale (1939-1945) voit au contraire la Syrie se déclarer indépendante et les élites locales négocier en urgence une position dans le nouvel État. Elle leur est reconnue, comme députés d’une assemblée dominée par des représentants venant des grandes villes syriennes.
L’indépendance présente donc ce paradoxe de voir des zones intégrées dans un plus vaste ensemble – la Syrie – au titre de zones frontières, cul-de-sac de la souveraineté des nouveaux pouvoirs. En revanche, la période des années 1950 est aussi décisive pour le développement régional. Les capitaux accumulés par la bourgeoisie urbaine (aleppine surtout) sont investis dans l’« or blanc », les cultures du coton se répandant sur les pourtours de l’Euphrate. Ces régions entrent dans l’âge du capitalisme agricole. En parallèle, dans les petites villes, la migration, principalement pour les études, vide les lieux de certaines populations. Les Arméniens partent vers Alep. Une transmission de compétences et d’activités s’opère alors : les Kurdes deviennent à Kobané les spécialistes de l’industrie mécanique à la place des Arméniens. Cette mutation signale la sédentarisation de nouveaux groupes dans les petites villes. Ce double processus bouleverse la région, faisant d’elle un enjeu des convoitises marchandes sans pour cela que sa population bénéficie de la croissance.
De l’avènement du Baas à la révolution de 2011
L’arrivée au pouvoir du Baas en 1963 change la donne régionale. Au sein des trois enclaves étudiées, elle s’accompagne d’une série de transformations qui vont faire d’elles, plus que jamais, un espace du lointain sous la férule du joug policier. Lieux hautement contestataires avec de nombreux membres appartenant au parti communiste ou nassérien, les jeunes des localités sont progressivement soumis à un nouveau contrôle tatillon. Ainsi, la dernière manifestation publique conduite par des étudiants à Jerablos advient en 1964. Ses populations intègrent après les organes du parti Baas. Ensuite, les mesures de réforme agraire, voyant des redistributions en famille et à destination de populations déclassées, font de la terre un enjeu et un outil de contrôle. En quelques années, plus de 80 % de la terre bascule en statut indivis, faisant que sa possession dépend des accords familiaux supervisés par les services. Enfin, dans l’optique annoncée de lutter contre les puissances voisines, turques en l’occurrence, et devant la renaissance d’actions armées kurdes en Irak et en Turquie, les nouvelles autorités accélèrent la dépossession de droits dont sont victimes les Kurdes ; 120 000 d’entre eux perdent leur nationalité dans le recensement de 1962 quelques mois avant l’arrivée du Baas. Le nouveau président, Hafez al-Assad (1970-2000), prolonge cette entreprise par la privation de propriété, le déplacement de populations pour constituer la « ceinture arabe » sur la bordure de la Turquie. En quelques années, les enclaves d’Afryn, de Jerablos-Kobané et de Qamichli-Hassaké deviennent des lieux isolés, bloqués dans leurs échanges par la fermeture de la frontière et extrêmement contrôlés par les services syriens qui s’infiltrent dans les logiques familiales, pour empêcher toute dissidence à la frontière.
Cette situation se transforme au cours des années 1990, lorsque le caractère frontalier de ces zones est exploité par le régime. Dans le conflit entre la Turquie et la Syrie, Hafez al-Assad encourage l’installation de militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour qu’ils gênent le voisin turc. Progressivement, des forces se revendiquant de la kurdicité tiennent l’espace public, sans pour cela être intégrées dans les dispositifs institutionnels du régime. Plus encore, la frontière est reconnue comme zone de transit, et de multiples trafics peuvent s’y développer.
Pour de nombreux habitants de Jerablos ou de Kobané, les années 1990 sont remémorées comme le moment où la ville se ruralise par la sédentarisation de nouveaux groupes chassés par les projets hydrauliques du régime. Cependant, l’espace des trois enclaves change de statut. Si les premières années du règne baasiste en font une zone de front, de délaissement et de contrôle, la nouvelle donne géopolitique lui restitue la nature de société de frontière dans laquelle refuges et trafics prospèrent.
L’arrivée au pouvoir, en 2000, de Bachar al-Assad soulève un ensemble de paradoxes dans la région. C’est le premier président depuis les années 1950 à se rendre en Djézireh. L’inscription dans le nouveau plan quinquennal en 2010 d’une mission d’urgence pour la Djézireh signale l’intérêt du pouvoir central pour ce territoire. Les autorités constatent le grand dénuement et le retard qui l’affectent, alors que son importance se révèle décisive dans la géopolitique de la région après 2003. Dans le cadre du rapprochement avec la Turquie, entrepris en 1998, la question kurde constitue un problème. Bientôt, les chefs du PKK sont forcés au départ ou à l’exil intérieur. Cette première étape permet bien vite de rouvrir les marchés et les frontières. Les habitants de la Syrie découvrent l’envers turc pour la première fois de leur vie. L’entrée de l’autre côté révèle un autre monde moins contrôlé et plus libre.
À côté de cette évolution, les événements irakiens postérieurs à 2003 – la naissance d’une zone kurde autonome – et les déceptions devant la fermeture de l’espace public après l’arrivée au pouvoir de Bachar al-Assad précipitent une première insurrection en Djézireh. Les populations des principales villes de Djézireh organisent une série de manifestations appelant à voir les Kurdes recouvrer leurs droits. Les mobilisations tournent à l’émeute. Le pouvoir confie alors à Maher al-­Assad, le frère du président, le soin de réprimer férocement la contestation. Dans le reste de la Syrie, le mouvement kurde ne bénéficie pas de forts soutiens dans l’opinion, alors qu’il s’apparente à une première remise en cause de la dictature.
À la fin des années 2000, la situation d’Afryn, de Jerablos-­Kobané et de Qamichli est, à plus d’un titre, paradoxale. Les populations de ces zones délaissées migrent dans les villes et constituent des relais avec Alep ou Damas, lieux dans lesquels elles découvrent une nouvelle culture en voie d’éclosion faite de cafés, d’Internet, d’études supérieures, etc. En revanche, ces bourgs et leurs campagnes, s’ils ont connu une petite amélioration avec le rapprochement turc, n’en demeurent pas moins des zones sous-développées. Cependant, une partie de leur jeunesse apprend dans les villes syriennes à s’organiser – autour de projets associatifs et culturels – et une autre partie conserve le souvenir traumatisant d’une contestation en 2004 abandonnée du reste de la population. Aussi, lorsque le mouvement révolutionnaire commence en 2011, il gagne ces espaces éloignés et en réinvente les logiques locales.
Vers l’autonomisation d’un espace frontalier
Les territoires revendiqués par le Rojava présentent une évolution historique commune. Cette dernière ne semble pas principalement déterminée par le caractère kurde d’une partie de sa population. Au contraire, le paramètre frontalier semble essentiel pour comprendre sa trajectoire historique. Zone reconquise pendant les dernières décennies ottomanes, elle est contrôlée à l’époque mandataire par une civilisation de l’urbain qui se met en place autour de petits bourgs. L’amalgame qui s’y opère se prolonge après l’indépendance et sous le régime baasiste. Cependant, ces espaces sont alors délaissés comme les périphéries d’un monde sans contact avec l’extérieur. La réouverture de la frontière, les mouvements de population entre ces territoires et les grandes villes syriennes, les nouvelles donnes culturelle, économique et sociale, le bouleversement géopolitique postérieur à 2003, aboutissent à créer toutes les conditions pour qu’une autonomisation de l’espace frontalier se réalise, sous la conduite d’un groupe politique qui y projette son utopie politique.

<strong>L’Empire ottoman, d’après le traité de Sèvres de 1920</strong>

Notes

(1) L’usage de l’antiquité hellénistique, voire du temps de Mari et d’Ebla, a pu être esquissé par le régime baasiste pour légitimer son rêve grand-syrien. Stéphane Valter, La construction nationale syrienne : Légitimation de la nature communautaire du pouvoir par le discours historique, CNRS Éditions, 2002.
(2) Le terme de « Djézireh » renvoie aux terres entre les deux fleuves, île dans la steppe.
(3) Sous la conduite d’Ibrahim Pacha (1789-1848), fils de Mehemet Ali (1769-1849), les forces égyptiennes envahissent les provinces syriennes en 1832.
(4) Entretien de l’auteur avec des habitants de Kobané et de Gaziantep, mai 2017.
(5) Jean-David Mizrahi, Genèse de l’État mandataire : Service des Renseignements et bandes armées en Syrie et au Liban dans les années 1920, Publications de la Sorbonne, 2003.
(6) Christian Velud, Une expérience d’administration régionale en Syrie durant le mandat français : Conquête, colonisation et mise en valeur de la Gazira, 1920-1936, Thèse en histoire, université Lumière Lyon-II, 1991.

Légende de la photo : Combattant kurde des Unités de défense du peuple (YPG) à Kobané, en juin 2015. © Shutterstock/quetions123

Article paru dans la revue Moyen-Orient n°41, « Kurdistan syrien : réalité politique ou utopie ? », janvier-mars 2019.

À propos de l'auteur

Matthieu Rey

Chargé de recherche à l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (IREMAM), chercheur associé à l’Institut français d’Afrique du Sud (Johannesburg) et au Collège de France ; auteur de Histoire de la Syrie : XIXe-XXIe siècle (Fayard, 2018)

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