Environnement

Armée française : un acteur majeur dans la transition énergétique

Les objectifs de développement durable sont ainsi systématiquement pris en compte par les responsables des achats du ministère des Armées. Ces derniers s’appuient notamment sur le réseau des référents ministériels achats durables (RéfAD), créé en 2010. Ces référents accompagnent les acteurs des projets d’achats dans l’intégration des clauses de développement durable.

Nouvelles menaces et nouveaux enjeux géostratégiques

D’une manière générale, Florence Parly a bien souligné que tout l’enjeu « sera de trouver le bon équilibre entre les contraintes opérationnelles et notre ambition environnementale ». Car défense et climat sont étroitement liés.

La ministre a d’ailleurs insisté sur les efforts à faire dans la transition énergétique, mais aussi sur la préparation des armées face aux nouvelles menaces et aux nouveaux enjeux géostratégiques causés par les changements climatiques. « Tout, absolument tout est lié. Et lorsque la planète se sera essoufflée, ce sont les armées qui seront en première ligne. Les sécheresses, les crues et la montée des eaux, l’érosion des coraux ne sont pas que des événements naturels, ou même seulement humains. Ce sont aussi des événements stratégiques. Ils redessinent les cartes. Ils créent de nouvelles tensions. Ils déplacent les populations, créent de nouvelles failles, de nouveaux conflits. »

Madame Parly a bien évidemment cité l’Arctique qui, avec la fonte des glaces, aiguise les appétits des puissances riveraines, mais aussi de la Chine. La ministre a aussi évoqué la Guyane, où l’armée française lutte contre l’orpaillage clandestin : « L’Atlas mondial des flux illicites révélait en 2018 que la criminalité environnementale – c’est ainsi que se nomme l’exploitation illégale des ressources naturelles – était aujourd’hui la première source de financement des groupes terroristes. À la fois protéger l’environnement et lutter contre les activités qui financent le terrorisme, c’est tout le sens de la périlleuse et nécessaire opération Harpie. » Récemment, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en déplacement à Maurice, a souligné lui aussi l’enjeu du changement climatique et de ses liens avec le terrorisme et les trafics illicites, preuve supplémentaire que cette question est au cœur des réflexions et de l’action menées par le ministère des Armées.

<strong>Le <em>Charles de Gaulle</em> : une machine à traiter les déchet</strong>s

Le porte-avions Charles de Gaulle est notamment composé d’une unité de traitement des déchets. Pour l’amiral Rolland, commandant de la Force d’action navale (ALFAN), « c’est une installation qui est pratiquement aussi stratégique que les préparateurs mission pour le groupe aérien : le jour où elle ne marche pas, c’est le début des ennuis à bord ». Il a également indiqué que les déchets organiques étaient « pulvérisés, mélangés à de l’eau de mer et rejetés à la mer à plus de douze milles marins des côtes, en application des règles internationales ». Tout ce qui ne peut pas être traité à bord est « compacté, emballé et stocké. Ces déchets sont ensuite récupérés par le pétrolier-ravitailleur qui ravitaille le porte-avions en carburant, vivres, munitions et pièces de rechange, toutes les semaines. Puis, ils sont débarqués et insérés dans une chaîne de traitement des déchets ».

En ce qui concerne les eaux usées, elles sont stockées dans des caisses, mais dès que le porte-avions s’éloigne à plus de douze milles marins des côtes, elles sont rejetées dans la mer. L’amiral Rolland conclut : « Ainsi, nous agissons de manière complètement conforme aux normes Marpol, sur le Charles de Gaulle comme d’ailleurs sur les autres bâtiments de la Force d’action navale. »

Légende de la photo en première page : La base du 2e régiment étranger de génie, à Saint-Christol. © DR

Article paru dans la revue DefTech n°08, « Développement durable : un enjeu stratégique pour les armées », janvier-mars 2020.

À propos de l'auteur

Boris Laurent

Manager Défense & Sécurité chez Sopra Steria Next, historien spécialiste en relations internationales et en histoire militaire et officier de réserve au sein de la Marine nationale

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