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« La France assume sa vocation de puissance d’équilibre »

S’imposer dans la compétition, être apte à s’engager dans l’affrontement

Pour gagner la guerre avant la guerre, les armées doivent être aptes en permanence à agir dans tous les milieux et champs de conflictualité. Il s’agit de peser dès la compétition – dans laquelle on n’est fort que si l’on est crédible –, et le cas échéant dans la contestation – dans laquelle on met directement sa crédibilité en jeu, tout en étant prêt à s’engager dans l’affrontement. Notre modèle doit nous garantir cette aptitude. Cela passe en premier lieu par la diffusion permanente d’une culture de l’audace et de la prise de risque. Il s’agit de gagner la bataille des idées, d’être réactif et créatif, d’imposer le rythme tout en s’efforçant d’éviter la surprise stratégique. Enthousiasme et force de conviction doivent nous permettre d’emporter l’adhésion de nos interlocuteurs (au niveau interministériel comme au niveau international). Nourris par cette culture de l’audace et de la prise de risque, nos efforts doivent s’articuler autour de trois axes principaux.

  • Renforcer et soutenir la communauté humaine des armées. Cette communauté est composée du personnel militaire et civil, d’active et de réserve des armées et inclut également leurs familles, qui jouent un rôle fondamental. Il s’agit d’accroître la résilience et de cultiver les forces morales de cette communauté, ainsi que de conforter sa singularité, gage d’efficacité opérationnelle. En outre, cette communauté se nourrit du lien entre les armées et la nation, qui doit être entretenu et renforcé, notamment à travers notre action vers la jeunesse. En particulier, le soutien de la nation dont les armées sont l’émanation est vital.
  • Adapter l’organisation et les capacités des armées à notre lecture de la conflictualité, pour acquérir une supériorité multimilieux et multichamps. La France doit pouvoir s’appuyer sur un modèle d’armée crédible, équilibré et cohérent, qui garantit notre aptitude à nous imposer dès la compétition et à nous engager jusque dans des situations de haute intensité. L’excellence de la chaîne de commandement et de son organisation, plastique et réactive, repose sur une faculté à appréhender les situations, à proposer des options, à décider vite et juste. Il s’agit en outre de synchroniser les effets dans un spectre très large, en s’appuyant notamment sur les possibilités portées par le cyber et l’intelligence artificielle. Ce principe d’agilité doit également irriguer nos travaux de prospective ainsi que les processus capacitaires, en visant en particulier l’optimisation et une meilleure maîtrise des programmes d’armement.

• Faire de l’entraînement une nouvelle dimension d’un combat à mener avec nos partenaires. La préparation opérationnelle contribue directement à la crédibilité des armées françaises, prêtes aux engagements les plus durs et les plus complexes. Si les armées françaises conservent une capacité à agir seules, le cadre normal de leur action est celui de l’action collective. Nous entendons donc jouer un rôle moteur parmi nos alliés ainsi que dans le développement de partenariats à travers le monde. Il s’agit tout autant de conforter notre interopérabilité et notre capacité à assumer le rôle de nation-cadre que de montrer nos capacités et de délivrer des messages de portée stratégique à nos compétiteurs et adversaires. Enfin, les armées contribuent à la capacité nationale d’appréciation de situation ainsi qu’à la prévention et à la résolution des crises, qui intègrent tous les leviers de l’action de l’État.

Légende de la photo en première page : Le char de bataille reste le symbole des capacités de combat de haute intensité. Il ne faut cependant pas réduire cette dernière aux opérations stricto sensu : l’adversaire ne s’y limitera pas. (© Jérôme Salles/Armée de Terre)

Article paru dans la revue DSI hors-série n°80, « L’armée de Terre face à la haute intensité  », Octobre-Novembre 2021.
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