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Du « Big 7 » aux conflits d’aujourd’hui

Exporté dans pas moins de 36 pays, le ZSU‑23/4 prend part à pratiquement tous les conflits du XXe siècle. Il combat au Vietnam, lors de la guerre Irak-Iran (chez les deux protagonistes), au Liban, lors de la guerre du Golfe, dans les Balkans et en Afghanistan où il sera utilisé, comme son terrifiant prédécesseur de la Deuxième Guerre mondiale, le 2cm Flakvierling allemand, contre des cibles terrestres. Très apprécié sur ce théâtre, il sert de véhicule d’escorte de convoi dans les montagnes afghanes, dans lesquelles sa puissance de feu dévastatrice, la vitesse de rotation de sa tourelle et surtout son pointage en site positif de + 84° font merveille contre les insurgés effectuant des tirs fichants. De plus, la puissance de ses munitions de 23 mm liée à sa cadence de tir de 4 000 coups/min ne laisse aucune chance aux insurgés retranchés dans des villages composés de maisons en torchis.

Les Soviétiques n’hésiteront pas à la fin du conflit à retirer le radar Gun Dish et son électronique afin de doubler l’emport en munitions de réserve, qui passe ainsi de 2 000 à 4 000, et à y ajouter un système d’observation et de tir nocturne. Cette version, désignée M2, est surnommée par les insurgés afghans « Shajtan-Arba » (le « char du diable »). Le ZSU‑23/4 est utilisé de la même manière en zones urbaines et avec la même efficacité au Liban, dans le Caucase lors des deux guerres en Tchétchénie, en Abkhazie ainsi que, plus récemment, en Syrie.

Les caractéristiques techniques

La hauteur du ZSU‑23/4 V1 est de 3,8 m avec le radar déployé et 2,25 m lorsque celui-ci est replié. La caisse est composée de plaques mécanosoudées recouvertes d’un blindage de 15 mm sur l’avant et les flancs et de 10 mm sur l’arrière et les flancs de la tourelle. Mesurant 6,54 m de long et 2,95 m de large, elle est divisée en trois compartiments : pilote à l’avant, tourelle au centre et groupe motopropulseur à l’arrière. Les chenilles de 12 m de long et de 36 cm de large se composent de 93 patins. Elles reposent sur six galets bandés de caoutchouc, avec une poulie de tension à l’avant et un barbotin à l’arrière. Les suspensions sont classiques, à barres de torsion. Seuls les deux galets avant ainsi que le cinquième à gauche et le sixième à droite sont dotés d’amortisseurs hydrauliques autorisant une garde au sol de 40 cm. À l’avant gauche, le poste de pilotage est en position basse. Il est pourvu d’une porte unique s’ouvrant vers l’avant.

Le pilote dispose d’un épiscope BM‑130 remplacé par une optique infrarouge TVN‑2 pour la conduite nocturne. Deux autres épiscopes fixes lui permettent une vision latérale. En tourelle, dont le puits a un diamètre identique à celui du char T‑54, prennent place le chef de pièce à gauche, l’opérateur radar et le tireur. Les quatre canons AZP‑23 sont alimentés à 520 coups pour les tubes supérieurs et à 480 pour les tubes inférieurs qui se divisent en bandes de 50, composées en général de 40 obus explosifs et de 10 obus perforants incendiaires. Les munitions sont stockées dans deux compartiments blindés étanches, implantés sur l’arc avant de la tourelle, protégeant l’équipage des gaz nocifs générés par les départs de coups. Ils sont rechargés par deux trappes de toit. La portée maximale est de 7 km en tir tendu et de 5,1 km à la verticale, avec une portée pratique comprise entre 1,5 et 2,5 km. Communément, les rafales sont comprises entre 3 et 10 coups, et leur angle est en permanence réajusté par la conduite de tir. Il est à noter qu’une munition spéciale tirée par les dernières versions « M » est capable de détruire un missile de croisière accroché par le radar.

Suivant le type d’objectif à traiter, il est possible d’utiliser un seul canon, une paire, ou les quatre simultanément. Les douilles sont éjectées vers l’avant par des tubulures coudées en métal. Les 20,5 t en ordre de combat du ZSU‑23/4V1 de 1972 sont mues par un moteur Diesel V‑6R, six cylindres en ligne de 280 ch. Couplé à une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports, il autorise une vitesse maximale de 44 km/h sur route, et une autonomie de 450 km grâce aux 250 l de carburant embarqués. Les capacités de franchissement sont de l’ordre de 60 % pour une pente, 30 % pour un dévers, 1,1 m pour une marche verticale, 2,8 m pour une tranchée et 1,07 m pour un gué. Le ZSU‑23/4V1 est pourvu d’un système de surpression NBC, d’un système de navigation TNA‑2, d’un système anti-­incendie et d’un moteur auxiliaire à turbine à gaz qui délivre 70 ch, couplé à un générateur utilisé lors des longues phases de surveillance statiques.

Légende de la photo en première page : Démonstration d’un ZSU-23/4 Shilka, en l’occurrence modernisé au standard M4/M5 par adjonction de missiles Igla. (© ID1974/Shutterstock)

Article paru dans la revue DSI n°150, « Haut-Karabagh : Les leçons d’une guerre de haute intensité », juillet-août 2020.
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