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Titan : le futur de la haute intensité

Titan poursuivra le développement du combat collaboratif engagé avec SCORPION, par l’interconnexion de l’ensemble des systèmes aéroterrestres du champ de bataille, augmentant ainsi leur efficacité globale. Adossé à un cloud de combat, le combat collaboratif de Titan sera plus résilient et s’étendra jusqu’au niveau des grandes unités tactiques (brigades, divisions…), de l’interarmées et de l’interallié. Enfin, l’intelligence artificielle, insérée notamment dans les systèmes d’appui au commandement, facilitera la compréhension de la situation et permettra d’accélérer le cycle décisionnel. Elle sera également un levier indispensable de l’optimisation à grande échelle du combat collaboratif et de l’engagement de systèmes automatisés.

Une démarche capacitaire ambitieuse qui monte en puissance

Démarche capacitaire entreprise par l’armée de Terre et menée conjointement avec l’EMA et la DGA, Titan vise à concevoir une vision globale et cohérente associant d’une part les principaux systèmes du segment de décision (combat de contact, feux dans la profondeur, défense sol-air d’accompagnement, bréchage, aérocombat) et la connectivité en un tout cohérent et performant. Intégrant également les systèmes automatisés (4), l’appui électronique et le cyber, et s’appuyant sur une série d’études afin d’identifier les technologies de rupture, Titan doit permettre de déterminer la meilleure répartition entre ces différentes capacités et de repenser les architectures qui constitueront le segment de décision, à l’horizon 2040.

Titan porte l’ambition de l’armée de Terre de disposer d’une technologie performante, soutenable et mature. Pour garantir l’efficacité des futurs systèmes contre des adversaires modernes et bien équipés, le projet s’inscrit dans la continuité des priorités technologiques affichées par l’armée de Terre et dont le développement conditionne son efficacité opérationnelle. Pour garantir la soutenabilité et l’épaisseur du modèle de forces aéroterrestres, cette ambition technologique doit être sélective et concentrer les efforts financiers sur les capacités à haute plus-­value opérationnelle : en haute intensité, la combinaison de systèmes de pointe, donc coûteux, et de systèmes à bas coûts, parfois sacrifiables, retrouve toute sa pertinence opérationnelle.

Enfin, la résilience nécessaire des forces impose de disposer de technologies matures, adaptées et éprouvées. Face à un ennemi pouvant cibler de façon décisive nos points faibles, l’efficacité des forces aéroterrestres dépendra de leur juste niveau technologique, de leur cohérence globale, de la réduction de leurs vulnérabilités critiques et de leur résilience. De fait, la technologie comporte en elle-même des vulnérabilités et des dépendances stratégiques. La discrétion du système de commandement et de la connectivité, leur protection contre le brouillage et les cyberattaques, la réduction des vulnérabilités liées à l’espace ou la maîtrise de la charge cognitive des soldats et des chefs sont au cœur des réflexions menées dans le cadre de Titan. L’hypothèse d’un déploiement majeur et la demande croissante des systèmes en énergie ou en communication imposent quant à elles de réfléchir à la frugalité des forces et à des modes de fonctionnement optimisés. Enfin, parce l’homme reste le cœur de l’armée de Terre, la résilience nécessaire des unités impose une technologie simple à s’approprier, à utiliser (5) et à soutenir, pour faciliter le combat des soldats et des chefs.

La réalisation de cette ambition, tout comme l’équipement et le soutien des forces lors d’un engagement majeur, nécessite une base industrielle et technologique de défense solide, dynamique, résiliente et suffisamment dimensionnée. Son association aux réflexions sur Titan permettra d’orienter sur le temps long le développement des technologies et outils de production correspondant aux besoins de l’armée de Terre, tout en permettant la captation et l’exploitation, sur des temps plus courts, des innovations qui surviendraient.

Titan est également porteur d’une forte ambition européenne. Engagements de grande ampleur, besoin de masse, alliances et accords de défense poussent à une interopérabilité forte avec nos plus proches partenaires. Cette interopérabilité passe par l’inclusion dans les études Titan des travaux en cours à l’OTAN sur l’interopérabilité (projet FMN (6)), et à l’Union européenne sur le combat collaboratif (ECOWAR (7)). Elle passe également par l’établissement de partenariats capacitaires ambitieux, à l’image de l’accord CAMO (8) conclu en 2018 avec la Belgique. Plusieurs capacités incluses dans Titan sont potentiellement porteuses de telles opportunités, en particulier avec le MGCS (9) projet majeur de coopération entre la France et l’Allemagne, qui aura vocation à s’ouvrir ultérieurement à d’autres partenaires.

Conclusion

En conclusion, l’armée de Terre a engagé avec Titan une démarche capacitaire inédite et innovante, qui lui permettra d’affronter les défis posés par le champ de bataille de 2040. Cette démarche repose sur l’établissement d’une vision globale, cohérente et pragmatique des grandes capacités du segment de décision et de la connectivité aéroterrestre à cet horizon. La démarche Titan est ainsi porteuse d’une triple ambition :

  • opérationnelle, avec la capacité à pénétrer et à combattre dans les espaces les plus contestés contre un adversaire à parité ;
  • technologique et industrielle, avec la définition d’un niveau technologique ambitieux mais pragmatique pour répondre aux menaces du haut du spectre ;
  • européenne, avec l’ambition à terme de fédérer certains efforts capacitaires européens en vue d’une interopérabilité accrue.

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