Magazine DSI HS

La mue vers la haute intensité du XXIe siècle

Vers un durcissement de l’entraînement et un renforcement des forces morales

Dans la perspective d’affrontements futurs rudes, les forces terrestres adaptent l’entraînement et la préparation opérationnelle selon des principes de réalisme, d’évaluation régulière et d’aguerrissement. Ainsi, la capacité des unités à délivrer des feux massifs et rapides constitue un effort du CFT. À ce titre, une révision en profondeur de l’entraînement vise à davantage associer mouvement et tir, tant pour l’armement individuel et collectif que pour les armes de bord et les tirs indirects. L’enjeu est à la fois d’accroître l’accoutumance des soldats, l’efficacité du service de l’armement et la capacité des chefs tactiques à coordonner et doser les effets de l’ensemble de l’armement dont ils disposent au sein de leur unité ou qui leur est fourni en renfort.

Plus largement, l’enjeu pour les forces terrestres est d’augmenter la densité de l’entraînement dans tous les domaines. Pour cela, les rotations dans les centres d’entraînement spécialisés et camps de manœuvre vont progressivement être allongées, avec des scénarios d’entraînement adaptés et alternant phases d’effort intense et phases de préparation avant relance de l’action, en intégrant des aspects déterminants en haute intensité : menace permanente de tirs indirects, action et protection dans le champ électromagnétique et dans celui des perceptions, combat de nuit, manœuvre en zone urbaine et sous menace NRBC. Tous ces aspects sont progressivement intégrés dans une nouvelle approche de l’ennemi d’entraînement, qui appliquera des capacités techniques et schémas tactiques cohérents avec l’évolution de la conflictualité et non plus uniquement de groupes insurrectionnels. L’évaluation et le contrôle des unités prennent donc logiquement une dimension encore plus importante, afin de donner aux chefs une vision claire du niveau atteint par rapport aux différents standards opérationnels décrits par le CFT.

Le durcissement des opérations a donné lieu à un effort marqué, depuis quelques années, sur l’aguerrissement des unités, c’est-à‑dire la capacité à poursuivre le combat malgré des conditions très dégradées. Pour s’y préparer, les forces terrestres développent des infrastructures spécifiques, telles que des centres d’initiation commando, mais surtout, l’intégration d’aspects aguerrissement dans toute activité de préparation opérationnelle (rusticité et durée sur le terrain).

Enfin, pour conjuguer hausse du niveau d’entraînement et maîtrise du rythme opérationnel des unités, l’enjeu de la gestion du temps est majeur. Cela passe par une meilleure répartition du temps passé à s’entraîner entre centres d’entraînement nationaux, camps de niveau intermédiaire et infrastructures opérationnelles de proximité, en garnison. Il s’agit aussi de combiner au mieux les trois espaces d’entraînement que sont les terrains militaires, le terrain libre et la simulation dans toutes ses formes. 

Notes

(1) Alerte NATO Response Force 2022, à laquelle les forces terrestres contribuent par des capacités de commandement de niveau corps d’armée, une brigade d’alerte VJTF ainsi que la mise sur pied de la composante NRBC autour du 2e régiment de dragons.

(2) Projet 10 de la vision stratégique du CEMAT, cet exercice de niveau division vise à contrôler et à entraîner l’ensemble des processus et capacités haute intensité en cours de remontée en puissance.

Légende de la photo en première page : Le retour à la division permet d’envisager des engagements organiquement plus multidimensionnels que par le passé. (© Guillaume Cabre/Armée de Terre)

Article paru dans la revue DSI hors-série n°80, « L’armée de Terre face à la haute intensité  », Octobre-Novembre 2021.
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