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Guerre en Ukraine : le rôle de l’artillerie

« Vieux mais précieux » : le 2S3 Akatsya reste en service dans les forces russes. L’obusier de 152 mm a une portée de 18,5 km (24 avec un obus RAP). (© DoD)

Depuis 2014, la guerre dans l’est de l’Ukraine montre un schéma paradoxal : alors que les forces russes, séparatistes et ukrainiennes disposent de systèmes favorisant la mobilité, la configuration des combats semble plutôt renvoyer à un remake de la guerre de positions de la Première Guerre mondiale, où l’artillerie joue un rôle essentiel. Quelles leçons peut-on en tirer ?

Si la Russie a su jouer sur les deux tableaux de la grammaire stratégique – à la fois dans le cinétique et dans l’influence –, la focalisation sur la « guerre non linéaire » et sur ce qui a sans doute été improprement appelé « guerre hybride » a sans doute fait passer les observateurs à côté des innovations dans le domaine « historique » du combat. En effet, si la Russie a pu mener un combat par proxys interposés – les groupes séparatistes –, elle a aussi été en mesure de faire évoluer ses modes d’action, avec à la clé de réels succès. De ce point de vue, la guerre dans l’est de l’Ukraine est aussi, et peut-être même avant tout, une guerre conventionnelle, menée avec des capacités parfois plus avancées que celles des forces de l’OTAN.

La place centrale de l’artillerie

La Russie a ainsi mis en place de puissants groupes tactiques sous forme de bataillons interarmes. Leur composition type comprend une compagnie de chars, trois compagnies d’infanterie mécanisée, une compagnie antichar, deux ou trois batteries d’artillerie (canons ou lance-­roquettes multiples) et deux batteries de défense aérienne (1). Cette structuration, note le major Amos Fox de l’US Army, offre une puissance de feu supérieure à celle de n’importe quelle brigade ukrainienne, ou même américaine (2). Ces groupes bénéficient par ailleurs d’un fort appui en drones et en guerre électronique. Cette dernière permet de localiser les forces adverses, de rompre leurs communications et de les désorganiser, mais aussi de se protéger – nous y reviendrons. Les drones fournissent quant à eux la localisation visuelle des forces adverses, et participent à des actions de renseignement (3).

Cette logique est au demeurant plus largement à l’œuvre dans les forces russes, où un certain nombre de brigades ont été réarticulées en tenant compte d’une plus grande proportion d’artillerie. Les analystes suédois indiquent ainsi que, face à la Finlande, les brigades russes comptent un bataillon blindé, trois bataillons motorisés, une compagnie de guerre électronique, trois batteries, dont une de lance-­roquettes multiples, et un grand nombre de microdrones. Ces derniers servent à localiser les forces adverses, permettant un engagement des feux d’artillerie moins de trois minutes après détection. Le bataillon blindé et les trois bataillons motorisés n’interviennent qu’en dernier ressort pour l’exploitation, tandis que les systèmes de guerre électronique opèrent en permanence pour localiser les forces, mais surtout brouiller leurs communications (4).

Qu’il s’agisse du cas des groupes tactiques dans le Donbass ou des brigades dans la péninsule de Kola, c’est la conjonction du trinôme artillerie/guerre électronique/drones qui fait l’originalité du système russe. Ce « complexe reconnaissance/frappe » – pour reprendre les termes employés en leur temps par le maréchal Ogarkov – repose sur une vision rustique : une fois détectées par des drones, les forces adverses sont brutalement traitées par l’artillerie. La guerre électronique intervient comme un facteur de paralysie de l’adversaire, dont l’aptitude à manœuvrer comme à conserver sa cohérence organique est réduite. Celui-ci donc est à la fois moins agile, tout en étant livré aux coups. Comparativement, le système russe reste agile : non seulement la menace est traitée, mais infanterie et blindés restent disponibles. S’ils servent donc de « réserve », en deuxième ligne du groupe tactique, ils lui offrent également une liberté de manœuvre si le besoin s’en fait sentir.

Utiliser l’artillerie comme « arme de première ligne » nécessite une bonne intégration organique. De facto, tous les flux images provenant des drones sont directement envoyés au PC du groupe tactique, qui ordonne en retour les feux. Les drones sont tout autant essentiels dans une telle vision. En Russie, des blindés légers (comme les BRDM‑2) ou des chars sont historiquement utilisés pour la reconnaissance et la localisation des cibles. Reste que la configuration géographique comme politico-­stratégique des opérations dans le Donbass ne se prête pas nécessairement à leur usage. Or les microdrones ont l’avantage de la discrétion – visuelle, auditive, radar – et leurs capteurs embarqués, de même que l’usage de la troisième dimension compensent avantageusement le non-emploi des blindés. Il faut y ajouter l’usage des séparatistes eux-mêmes, également susceptibles de faire remonter de l’information aux groupes tactiques. Si les drones jouent un rôle central dans la détection/localisation des tirs, ils ont également une fonction BDA (Battlefield Damage Assessment), permettant de s’assurer que les frappes ont bien atteint leurs objectifs – et éventuellement d’en lancer de nouvelles.

Retour à la guerre de siège ?

Cette rationalité est elle-même couplée à une logique de guerre de siège, les forces russes et séparatistes ayant encerclé les ukrainiennes dès qu’elles l’ont pu. Un bon exemple de cette combinaison de systèmes a été observé le 11 juillet 2014, quelques mois après le lancement des opérations par les séparatistes, et alors qu’un groupe de brigades ukrainiennes s’apprêtait à progresser dans la région de Zelenopillya. Des drones ont commencé à survoler la FUP (Forming Up Place) ukrainienne, tandis que des actions de brouillage électronique étaient menées. Rapidement après l’arrivée des drones, les feux d’artillerie russes ont été déclenchés, tuant une trentaine d’Ukrainiens et permettant, surtout, de détruire le matériel de deux bataillons.

Début août 2014, une autre action emblématique du mode d’action s’est produite à Ilovaïsk. Cette localité d’environ 15 000 habitants est située sur les lignes de communication reliant la république de Donetsk à la Russie, de sorte que l’Ukraine a engagé environ huit bataillons afin de prendre la ville. Fin août, plusieurs groupes tactiques russes ont encerclé la ville – et les troupes ukrainiennes –, avant l’emploi des drones et de l’artillerie. Chaque tentative ukrainienne de s’échapper a été un échec, ce qui a conduit à un blocage dont la traduction politique fut le premier accord de Minsk (septembre 2014). Ce dernier permettait aux forces de Kiev de quitter la ville pacifiquement, mais les forces russes ont engagé le feu, tuant environ 1 000 Ukrainiens et détruisant de gros volumes de matériels. Un autre cas de figure similaire a été observé lors de la deuxième bataille pour l’aéroport de Donetsk, de septembre 2014 à janvier 2015. Là aussi, les Ukrainiens se sont engagés sur une zone ensuite bouclée par des groupes tactiques russes et des séparatistes, qui ont peu à peu resserré l’étau en utilisant le tandem drones/artillerie, avant d’opérer un nettoyage à pied, l’infanterie progressant sous le couvert de chars. Les forces ukrainiennes y ont perdu plus de 200 morts et plus de 500 blessés.

En janvier 2015, la bataille de Debaltseve, une ville de 25 000 habitants environ, tenue par les forces ukrainiennes (8 000 hommes environ), mais positionnée dans un saillant, a également renvoyé à cette logique. Cherchant à encercler la ville avec environ 10 000 hommes, les Russes et les séparatistes ont ensuite massivement engagé leur artillerie sur les forces ukrainiennes et les infrastructures de la ville, tout en coupant ses approvisionnements électriques, en eau et en gaz pendant une dizaine de jours. Ces actions ont fait fuir près de 8 000 civils, 6 000 autres étant tués. Environ 200 militaires ukrainiens ont été tués, et des centaines d’autres, capturés ou portés manquants. La violence de la bataille a finalement conduit à de nouveaux efforts diplomatiques et à la signature des accords de Minsk II, mi-février 2015.

Mais là aussi, la configuration obtenue a favorisé les forces russes. Pratiquement, les accords impliquaient, outre un cessez-le-feu, le retrait de toutes les armes lourdes à équidistance des lignes de front, de manière à ce que les armes d’un calibre de 100 mm soient à 50 km l’une de l’autre, les « lance-­roquettes multiples » à 70 km et les lance-­roquettes multiples plus lourds (qui sont expressément détaillés dans l’accord : Tornado‑S, Uragan, Smerch ainsi que les missiles surface-­surface SS‑21) à 150 km (5). Ces accords seront violés quotidiennement (6). D’une part, l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), chargée de la vérification de leur application, a montré, notamment sur la base d’images produites par des drones S‑100, un usage fréquent de l’artillerie, de part et d’autre, dans des zones d’où elle devait être exclue. D’autre part, les forces ukrainiennes et séparatistes s’engageaient dans une guerre de position et d’infiltration – conduisant là aussi à des engagements, cette fois quotidiens.

Reste que si Minsk II a permis de maintenir la violence à un niveau relativement faible, il pouvait être critiquable sur d’autres points. D’abord du fait même d’un glissement des belligérants vers une logique de « guerre des tranchées ». Ensuite, parce que les violations à répétition en faisant usage de l’artillerie ont pu être menées de manière opportune, sans véritablement être contrées par des sanctions. Enfin, et d’une manière plus problématique, Minsk II ne disait rien des drones ou des systèmes de guerre électronique alors même qu’ils étaient la clé de l’efficacité de l’artillerie russe. Une fois les cibles localisées par les drones, rien n’empêche un raid de batteries dans des zones d’où elles sont censées être absentes, avant qu’elles ne se replient.

La guerre électronique, facteur manœuvrier

Si le tandem drones/artillerie n’est finalement qu’une reformulation de l’articulation classique « observateur/batteries », les usages de la guerre électronique – voire cyberélectronique – sont à clarifier, parce qu’elle joue un grand rôle dans l’effectivité du complexe de reconnaissance/frappe russe. Le brouillage des communications adverses, on l’a vu, est un aspect important : brouiller revient à déstructurer le dispositif adverse et lui faire perdre sa cohérence. Moins agile, il est moins manœuvrier, et est donc plus facilement ciblé. D’autres aspects sont à prendre en compte. La guerre électronique russe a également été utilisée pour la localisation des forces ukrainiennes, avec des capteurs positionnés sur des véhicules ou des drones, comme les Orlan‑10 (7). Pratiquement, elle aurait également permis, sur son versant cyberélectronique, de détecter une série de batteries ukrainiennes d’obusiers D‑30. Un officier ukrainien avait ainsi développé une application permettant de faciliter les calculs de tir, qui pourrait avoir été infectée par le groupe russe Fancy Bear (8). Ses utilisateurs auraient de ce fait pu transmettre une localisation grossière de leurs positions, ce qui aurait permis aux Russes de focaliser d’autres moyens de détection pour obtenir leur localisation précise. Cette hypothèse n’est toutefois pas confirmée (9).

Une autre fonction de la guerre électronique observée dans le Donbass a été de protéger les forces russes des tirs de contre-­batterie ukrainiens. Le SPR‑2M RTUT‑BM, installé sur un châssis MT‑LB, a ainsi été aperçu dans le Donbass dès août 2016. Il peut faire détoner ou désactiver à distance les fusées des obus et roquettes par des émissions radio. Le système offrirait une protection sur une superficie de 50 hectares et pourrait faire détoner les obus à une altitude de 200 ou 300 m. Le SPR‑2M est une modernisation du SPR‑2, auquel des fonctions de brouillage des communications VHS ont été ajoutées. La guerre électronique peut également jouer un rôle, toujours en contre-­batterie, par le brouillage des radars. L’attention portée par la Russie à l’artillerie a, de facto, rapidement poussé Kiev à chercher à disposer de radars adéquats. Si les États-Unis ont livré un (maigre) total de quatre AN/TPQ‑36 Firefinder en 2015 et 2019, l’Ukraine a de son côté développé le 1L220UK, une variante du Zoopark russe.

La guerre électronique a une autre fonction défensive, dans la recherche/localisation des radars de contre-­batterie ukrainiens en tant que mesure de sûreté. Ce n’est évidemment pas la seule – on remarque ainsi la grande attention portée à l’amélioration de la mobilité tactique des forces et la mise en réserve de plus de 99 % des obusiers tractés –, mais elle importe dans le schéma tactique, paralysant les Ukrainiens ou les forçant à s’approcher et les attirant ainsi dans une spirale attritionniste mortelle. Dans le même temps, la Russie continuait de développer ses propres capacités de contre-­batterie, permettant de réduire les avantages adverses. Elle a ainsi déployé le 1L219M Zoopark‑1M à partir de 2017, le 1RL232‑2M Snar‑10M1 (10), de même, auparavant, qu’un système portable de plus courte portée, le 1L271 Aistyonok, qui a été observé dans le Donbass. La Russie a également terminé fin 2018 les essais du 1B75 Penicillin, un système passif utilisant des capteurs sismiques, acoustiques et IR, qui doit entrer en service cette année. Il semble que certaines brigades de combat soient organiquement dotées de ces systèmes.

Enfin, la guerre électronique a également pour fonction de protéger les communications des forces russes : le « complexe de reconnaissance/frappe » doit son efficacité à la fluidité des transmissions. Au cours des opérations dans le Donbass, le cycle « détection/frappe » semble dans certains cas n’avoir pas dépassé trois minutes, du fait de transmissions en temps réel des images captées par les drones. En l’occurrence, Moscou a déjà mis en place les unités KTK (Kompleksnyi Tekhnicheskii Kontrol), dont l’une des missions est le contrôle des émissions par la gestion des signatures d’émissions électromagnétiques des unités et des systèmes afin d’accroître la sûreté des forces. Ces unités gèrent également les risques liés aux communications, des soldats notamment, via les smartphones – une tâche qualifiée d’« assurance de l’information » (11).

Les choix technologiques russes

Le trinôme artillerie/drones/guerre (cyber)électronique est en réalité plus complexe. Lester Grau évoque ainsi le système Strelets, un système portable de commandement/contrôle se présentant sous la forme d’une tablette durcie, qui fonctionnerait sous Linux. Il serait entré en service à partir de 2011 et peut s’interfacer avec une grande variété de capteurs, drones compris. Le Strelets permet à un soldat de reporter sur les cartes digitales du système une position adverse et de transmettre ainsi l’information en temps réel au poste de commandement, le système disposant d’un récepteur GLONASS, mais aussi d’une centrale inertielle autorisant un travail dans des conditions dégradées. Les Strelets pourraient communiquer entre eux, servant de relais, jusqu’aux échelons supérieurs, et être intégrés aux réseaux de communication existants. Le système aurait été décliné en différentes versions adaptées aux soldats ou aux commandants de section, de compagnie, de bataillon ou de brigade. Initialement conçu pour la direction des feux d’artillerie, le Strelets semble également avoir été adapté à la direction des feux d’appui navals (12).

L’ensemble de ces évolutions peut laisser penser que la Russie s’oriente vers un régime militaire à l’occidentale, privilégiant les hautes technologies et le combat à des distances de sécurité de plus en plus importantes, dans un cadre infocentré. En témoignent ses efforts sur le 2S35 Koalitsyia, avec des portées virtuellement inédites. Cependant, plusieurs observateurs notent que les opérations russes continuent de privilégier des tirs de saturation plus que de précision. De facto, si Moscou peut communiquer sur ses systèmes de précision, comme l’obus à guidage laser Krasnopol, la réalité des opérations en Ukraine – ainsi que des commandes de munitions – montre que la priorité est toujours accordée aux munitions classiques, non guidées. Moins coûteuses, elles produisent, dans le complexe reconnaissance/frappe russe, des effets non négligeables : précises du fait complexe lui-même, les frappes sont avant tout destinées à un anéantissement brutal, avec pour effet corollaire de démoraliser l’adversaire.

Notes

(1) Voir la conférence en ligne de Phillip Karber, « The Russian Military Forum, Russia’s Hybrid Warfare Campaign : Implications for Ukraine and Beyond », CSIS, Washington 10 mars 2015 (https://​www​.csis​.org/​e​v​e​n​t​s​/​r​u​s​s​i​a​n​-​m​i​l​i​t​a​r​y​-​f​o​r​u​m​-​r​u​s​s​i​a​s​-​h​y​b​r​i​d​-​w​a​r​-​c​a​m​p​a​i​g​n​-​i​m​p​l​i​c​a​t​i​o​n​s​-​u​k​r​a​i​n​e​-​a​n​d​-​b​e​y​ond).

(2) Amos Fox, « Understanding Russian Modern Warfare. Ubiquitous Rockets, Artillery to Enable Battlefield Swarming Siege Warfare », Fires, septembre-octobre 2017.

(3) Sur l’emploi des microdrones et drones tactiques par la Russie, en Syrie en l’occurrence : Yannick Genty-Boudry, « Les opérations de drones russes en Syrie », Défense & Sécurité Internationale, no 145, janvier-février 2020.

(4) Philippe Langloit, « Protection multispectrale et déception. L’exemple du Barracuda MCS », Défense & Sécurité Internationale, no 142, juillet-août 2019.

(5) Pour son texte complet : « Full text of the Minsk agreement, Translation of Russian document produced after 16 hours of talks », The Financial Times, 12 février 2015 (https://​www​.ft​.com/​c​o​n​t​e​n​t​/​2​1​b​8​f​9​8​e​-​b​2​a​5​-​1​1​e​4​-​b​2​3​4​-​0​0​1​4​4​f​e​a​b​7de).

(6) Pour un détail exhaustif : https://​www​.osce​.org/​u​k​r​a​i​n​e​-​s​m​m​/​r​e​p​o​rts.

(7) Yannick Genty-Boudry, « Guerre électronique, le multiplicateur de forces russe », Défense & Sécurité Internationale, no 143, septembre-octobre 2018.

(8) « Use of Fancy Bear Android Malware in Tracking of Ukrainian Field Artillery Units », CrowdStrike, 23 mars 2017.

(9) Voir notamment Eduard Kovacs, « Experts Doubt Russia Used Malware to Track Ukrainian Troops », www​.securityweek​.com, 3 janvier 2017.

(10) Le système est plutôt un radar de détection terrestre, mais peut être utilisé pour les détections de tir.

(11) Jean-Jacques Mercier, « L’organisation de la guerre électronique russe », Défense & Sécurité Internationale, no 143, septembre-octobre 2018. 

(12) Lester W. Grau et Charles K. Bartles, The Russian Reconnaissance-Fire Complex Comes of Age, The Changing Character of War Centre, Oxford, mai 2018.

Article paru dans DSI hors-série n°72, juin-juillet 2020.

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