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Économie de défense. Loi de programmation militaire : une boussole pour l’investissement de défense

Nicolas Maldera (2) a bien démontré ces effets pervers de l’instabilité des investissements capacitaires avec l’exemple des frégates FREMM. Lancé en 2005, ce programme prévoyait 17 frégates pour un coût unitaire de 382 millions d’euros. Des réductions successives de cible ont abouti en 2017 à n’acquérir que huit frégates, mais, paradoxalement, avec un coût global explosant de 6,5 à 8 milliards d’euros. L’étalement continu des livraisons a chamboulé la logique industrielle initialement fondée sur une forte productivité. Pour 17 exemplaires, une frégate devait être livrée tous les sept mois. Le rythme de production est passé à 10 mois pour 11 frégates, puis à 14 mois pour huit frégates. En conséquence, le prix de chaque frégate a progressivement augmenté pour atteindre un milliard d’euros.

L’exemple des errements du programme FREMM met en évidence la valeur qu’ont la stabilité et la visibilité qu’une LPM peut apporter aux armées comme à leurs partenaires industriels… si tant est que ses objectifs soient respectés. Loin d’être une anomalie dans les finances publiques ou un verrouillage des engagements financiers de l’État, la LPM est un outil important pour accompagner les armées sur le long terme par une politique industrielle de défense cohérente et pour assurer un bon usage des deniers publics. La confiance dans l’engagement politique au travers d’une telle loi constitue donc un enjeu clé pour assurer l’efficacité de la défense.

<strong>Une exécution aléatoire des LPM successives</strong>
<strong>Objectifs et mise en œuvre des LPM</strong>

Notes

(1) « Les budgets de défense en France : une difficulté chronique du respect des Lois de Programmation Militaire ? », Les Champs de Mars, 2018/1, no 30, p. 407-417.

(2) « L’immense gâchis des frégates françaises », iFRAP, Paris, 2017.

Légende de la photo en première page : Bon nombre de programmes ont été victimes de retard dans l’exécution des différentes LPM, dont un Leclerc qui regagne en importance à l’heure de la haute intensité. (© DoD)

Article paru dans la revue DSI n°158, « Présidentielle 2022 : qui sera chef des armées ? », Mars-Avril 2022.
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