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Tejas : une fierté nationale

Le programme n’était cependant pas au bout de ses peines. En 2012, les essais en vol ont été suspendus durant trois mois, car le nouveau casque des pilotes dépassait du dossier du siège éjectable : c’est donc le casque qui aurait éjecté le canopy et non, comme initialement prévu, le sommet du dossier du siège – risquant ainsi de tuer, presque à coup sûr, le pilote. Ils ont repris fin 2012 et se sont poursuivis jusqu’en décembre 2013, lorsque la deuxième capacité opérationnelle initiale a été déclarée, signifiant concrètement que l’appareil était apte à être utilisé en escadron par des pilotes « réguliers » et non plus par des pilotes d’essai. Les critères techniques retenus par la force aérienne indienne comprennent une aptitude à manœuvrer à 7 G et une charge utile de trois tonnes d’armement incluant des bombes à guidage laser, de même que des missiles air-air à courte portée AA8.

La Full operational capability (FOC), qui consacre l’ouverture de l’ensemble des domaines de vol et de l’ensemble des configurations d’armement ainsi que l’utilisation du ravitaillement en vol, a été prononcée en février 2019. De retards de développement en interruptions d’essais en vol, elle est intervenue avec quatre ans de retard sur la date prévue. Concrètement, l’utilisation de missiles air-air Python5 et Derby a également été validée – la charge utile ayant été portée à quatre tonnes – de même que celle du canon GSh23 de 23 mm dont le maniement promet d’être délicat, son encombrement et la petite taille de l’avion causant de fortes vibrations. L’appareil dispose de huit points d’emport, dont trois d’une capacité maximale de 1 200 kg (dont le ventral), deux de 800 kg et ceux à l’extrémité de 150 kg. Le huitième point, sous l’entrée d’air bâbord, est réservé à un pod de désignation de cible ou de reconnaissance d’une masse maximale de 200 kg. Enfin, le nez de l’appareil doit être remplacé par un nouveau modèle à base de quartz autorisant de meilleures performances radar, et une perche de ravitaillement en vol installée. Les appareils ainsi modifiés sont qualifiés de « MK1 FOC ». Finalement, la première tranche de 40 Tejas Mk1 se décompose en 16 Mk1 IOC, 16 Mk1 FOC et huit biplaces de conversion opérationnelle au standard Mk1 FOC.

L’appareil n’a en revanche pas terminé son évolution. Ainsi, 83 Tejas Mk1A (dont dix biplaces de conversion opérationnelle) ont été commandés en février 2021. Les principales améliorations portent sur les systèmes avioniques, en plus de reprendre les modifications liées au Mk1 FOC. Son premier vol se déroulerait en juin de cette année, suivi par 20 à 24 mois d’essais. Le Tejas Mk2 est en cours de développement depuis novembre 2009, avec des études préliminaires terminées en 2014 et la construction d’un premier appareil qui devrait effectuer son roll-out fin 2022. Plus long de 50 cm, il sera doté du réacteur F414 – imposant des changements structurels, dont la configuration des entrées d’air – et verra son emport en carburant augmenter, comme celui de sa charge utile. La construction fera appel d’une manière plus importante aux matériaux composites, ce qui devrait compenser l’augmentation de masse. L’appareil passerait ainsi à 7,85 t à vide pour 17,5 t de masse maximale au décollage. Il sera ainsi plus puissant et aura un plus grand rayon d’action, tout en conservant la même envergure. Il sera également plus manœuvrable, deux plans canards devant être ajoutés.

L’avionique du Mk2 comprendra, outre la suite de guerre électronique, un radar AESA Uttam, de conception nationale, qui est en essais depuis fin 2021. Ayant des modes air-air, air-surface et maritime, il serait capable de poursuivre simultanément 50 cibles à plus de 50 km et d’en engager quatre en même temps. Le Mk2 sera également doté d’un IRST installé à demeure, d’un viseur de casque et d’une capacité informatique embarquée autorisant la fusion de données. Une suite de communication incluant une liaison de données complète le tout. L’appareil devrait emporter une large gamme d’armement air-air et air-surface, tout en pouvant être doté d’un pod de désignation de cible. D’autres évolutions portent sur un système de génération d’oxygène embarqué.

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