Magazine Moyen-Orient

Israël : une aspiration croissante à la laïcité ou l’exclusion des haredim

L’aspiration à la laïcité, une tendance majoritaire

Cette ascension coexiste avec l’affirmation du rejet, majoritaire, des prétentions totalitaires des leaders ultra-orthodoxes. C’est l’enseignement du douzième « Index sur l’État et la religion en Israël », publié en septembre 2020 (3). On peut observer les tendances suivantes :

Conflits entre laïcs et ultra-orthodoxes : 69 % des Juifs israéliens le considèrent comme le premier ou le deuxième plus grave de leur société, derrière celui entre droite et gauche (76 %), mais devant ceux opposant riches et pauvres (17 %), Ashkénazes et Orientaux (15 %) ou vétérans et nouveaux immigrants (3 %).

Positionnement religieux  : Les Juifs israéliens s’autodéfinissent à 47 % comme « laïcs » et à 18 % « traditionnels non religieux », à 14 % comme « traditionnels religieux » (4), à 11 % comme « sionistes orthodoxes » et à 10 % comme « ultra-orthodoxes ». Invités à se situer par rapport aux différents courants du judaïsme, 60 % répondent « aucun », 7 % « réformé », 4 % « conservateur », 17 % « sioniste orthodoxe », 2 % « sioniste ultra-orthodoxe » et 10 % « ultra-orthodoxe ».

Laïcité  : 83 % sont favorables à la « liberté de religion et de conscience » et 63 % à la « séparation de la religion et de l’État ». Ces pourcentages sont respectivement de 96 % et 89 % chez les « laïcs » à 44 % et 13 % parmi les « ultra-orthodoxes ».

Libertés  : Parmi les questions prioritaires en matière de relations État/religion arrivent, dans l’ordre, la liberté religieuse et l’égalité devant les obligations civiques (32 %), l’autorisation des transports publics pendant le jour de repos du shabbat (31 %), la reconnaissance du mariage et du divorce civils (26 %), l’abolition du monopole du Grand rabbinat (autorité suprême du judaïsme) sur le code alimentaire de la cacherout (24 %), l’obligation de faire le service militaire pour les étudiants des yechivot (22 %), la réduction du budget de ces dernières et des institutions religieuses (22 %), l’interdiction du refus des femmes dans la sphère publique (19 %), l’ouverture des petits supermarchés et des commerces durant le shabbat (16 %), l’obligation d’un cœur de curriculum dans l’éducation ultra-orthodoxe (13 %), la reconnaissance égale des institutions non orthodoxes (8 %).

Shabbat  : Seuls 25 % des Juifs israéliens observent le shabbat conformément à la halakha (la loi religieuse) ; 20 % ne l’observent que partiellement ; 34 % le considèrent comme « un jour de repos avec une atmosphère spéciale » ; et 21 % comme un simple jour de repos. Seuls 11 % des « laïcs » le respectent. Concernant les transports publics interdits pendant le shabbat, 71 % sont favorables à leur autorisation (dont 96 % des « laïcs » et 66 % des « traditionnels »).

Cacherout  : Seuls 4 % des « laïcs » adhèrent à ses lois. Globalement, 38 % des Juifs israéliens l’observent strictement et 27 % partiellement. Et 35 % ne mangent pas casher. Mais 100 % des ultra-orthodoxes et 98 % des sionistes orthodoxes respectent totalement la cacherout. Concernant le certificat de cacherout, 58 % ne s’y intéressent pas, 21 % ne mangent que dans un établissement dont le certificat est garanti par le Grand rabbinat et 21 % se suffisent d’un autre certificat.

À propos de l'auteur

Dominique Vidal

Journaliste et historien, spécialiste du conflit israélo-palestinien, coordinateur de l’édition annuelle de l’« État du monde » (avec Bertrand Badie, La Découverte), membre du bureau de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO).

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