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Sondervermögen : l’arme secrète de l’Allemagne pour renforcer sa défense

L’inscription de l’investissement militaire dans le budget général de l’État est donc une meilleure garantie pour la mise en œuvre d’une politique efficace d’investissement. C’est le principe de la Loi de programmation militaire (LPM) en France. Certes, la volonté politique doit être forte pour préserver, contre vents et marées, les promesses de ressources inscrites dans la LPM, mais, en contrepartie, le financement par les recettes générales garantit un effort construit sur plusieurs années et permet une réelle montée en puissance des armées. D’ailleurs, les inconvénients du fonds spécial ont conduit le Chili à l’abolir en 2018 en le remplaçant par… un engagement budgétaire pluriannuel.

Ce mécanisme budgétaire fait aujourd’hui défaut à l’Allemagne et à d’autres pays européens. Un alignement entre la durée de la construction de l’outil militaire et la visibilité des crédits budgétaires est nécessaire pour optimiser l’efficacité de la dépense d’investissement. À l’inverse, le choix politique de dépenser l’intégralité du Sondervermögen d’ici à 2025, avant la prochaine élection du Bundestag, risque de conduire à une mauvaise allocation de ces ressources exceptionnelles par une « fièvre acheteuse » plus démonstrative qu’efficace.

Notes

(1) Detlef Puhl, « L’Allemagne, le changement d’époque et l’avenir de l’OTAN », Notes de l’IFRI, Visions franco-allemandes no 33, août 2022, page 30.

(2) Diego Lopes da Silva et Nan Tian, Ending off-budget military funding : Lessons from Chile, SIPRI, Stockholm, 2019.

Légende de la photo en première page : Une corvette de classe Braunschweig. Dix seront à terme en service, mais pour quelle disponibilité ? (© Bundeswehr)

Article paru dans la revue DSI n°162, « Duels d’artillerie en Ukraine », Novembre-Décembre 2022.
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