Quelles sont les perspectives d’évolution de la situation dans ces pays à court ou moyen terme ?
Question délicate… Il est difficile d’être à court terme optimiste dans le cas du Mali comme du Burkina Faso, si l’on considère la dominance des groupes djihadistes sur d’importantes parties de leurs territoires respectifs. Par ailleurs, ce sont des régimes qui peuvent aussi changer dans leur pratique du pouvoir, donc ils demeurent imprévisibles. J’aurai tendance à être un peu plus optimiste dans le cas du Burkina Faso, où les putschistes me semblent plus nuancés et plus aptes à une pensée pragmatique. Cependant, la situation sécuritaire ne dépend pas que d’eux, mais aussi des capacités des groupes armés non étatiques à progresser sur les territoires et à s’implanter durablement dans les deux pays. Les sociétés civiles, particulièrement mobilisées au cours des deux dernières années, sont également intéressantes à suivre, car elles peuvent forcer les régimes à se métamorphoser et à ajuster leurs politiques. Une veille constante est plus que jamais de mise pour ces deux pays.
Propos recueillis par Thomas Delage le 16 novembre 2022.
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Légende de la photo en première page : Casque bleu de la Minusma. Alors que les derniers soldats français de la force Barkhane ont quitté le pays en août dernier, plusieurs pays engagés dans la MINUSMA ont annoncé le retrait de leurs soldats de la force de maintien de la paix au Mali. Après la Suède, le Royaume-Uni et la Côte d’Ivoire, c’est l’Allemagne qui a également annoncé le départ de ses troupes au plus tard en 2023. L’Égypte a également suspendu son contingent à partir de mi-août 2022. Le futur de la mission de l’ONU au Mali, forte de 12 261 militaires issus de 57 pays, parait plus que jamais incertain. (© MINUSMA)