La configuration de chargement des pods peut être asymétrique, avec le tir de deux pods différents. Les opérations de pointage et, éventuellement, de programmation des missiles et roquettes s’effectuent depuis la cabine, qui accueille trois membres d’équipage – mais qui, au besoin, peut fonctionner avec deux personnes. Le système de contrôle de tir, sur lequel peu d’informations sont disponibles, est numérisé et peut recevoir les coordonnées directement depuis le PC batterie. Le tir peut également être conduit depuis l’extérieur du véhicule, via une commande à distance. En Pologne, les véhicules, batteries et bataillons seront dotés du système de commandement d’artillerie de conception nationale Topaz. Produit par WB Group, il permet la fusion de données provenant de divers capteurs, autorisant la frappe dans la profondeur : les drones FlyEye (2) ou le radar de contre – batterie Liwiec, également de conception nationale. Le Topaz est proposé en différentes versions en fonction du niveau d’utilisation, mais toutes sont compactes et peuvent être mises en œuvre depuis un véhicule, y compris en mouvement, via des solutions de radios logicielles développées en Pologne.
Finalement, Séoul offre avec le K239 un système de qualité dont on peut estimer qu’il pousse plus loin la logique ayant présidé à la conception des HIMARS et des MLRS, en couplant une plus grande puissance de feu par véhicule que celle du M-142 avec des emports plus diversifiés et plus adaptés aux pays non signataires de la convention d’Oslo, que les leçons de la guerre d’Ukraine pourraient remettre en cause. À cet égard, il est d’ailleurs intéressant de constater que l’Ukraine, également non signataire – comme l’Estonie, la Lettonie et la Finlande –, insistait en octobre 2022 pour que les États-Unis livrent des stocks d’obus M-483 et M-864 de 155 mm. La Pologne semble se concentrer pour l’heure sur des systèmes guidés et ne violant pas la convention d’Oslo, mais rien n’indique qu’elle s’y tiendra.
Du reste, l’avenir commercial du K239 est assuré, notamment du fait d’une politique particulièrement volontariste en matière de transferts de technologies et de localisation de la production, mais aussi d’intégration de systèmes locaux. En l’occurrence, les formules proposées sont plus souples qu’avec les États – Unis, qui imposent leurs propres systèmes de commandement/contrôle. Surtout, les cadences de production semblent plus élevées qu’aux États – Unis en raison de la forte demande nationale, permettant de répondre plus rapidement à des demandes qui, guerre en Ukraine oblige, se font plus pressantes. Si Séoul en avait acheté 218 exemplaires pour ses forces terrestres et ses Marines, 12 autres avaient été vendus aux Émirats arabes unis en 2017, avant le contrat polonais pour 288 lanceurs. La Norvège, également acheteuse du K9 et auprès de laquelle le char K2 est en compétition pour le remplacement des Leopard 2A4N, semble également intéressée par le lance – roquettes multiple sud – coréen. Elle semble notamment vouloir y intégrer le missile NSM – à l’instar de ce qu’elle propose pour le M-142.
Notes
(1) Voir Philippe Langloit, « La famille M-270/M-142, levier de puissance ukrainien », Défense & Sécurité Internationale, n° 161, septembre-octobre 2022.
(2) D’une endurance de 2,5 h et pouvant atteindre 120 km/h, il a une altitude maximale est de 3 000 m. Surtout, il peut être utilisé jusqu’à 180 km de son point de lancement. Le système est lancé à la main et est doté d’une propulsion électrique. Pour l’heure, seulement une cinquantaine de ces drones sont en service, l’objectif de Varsovie étant que chaque bataillon d’artillerie en soit équipé.
Légende de la photo en première page : Un K239L doté de ses deux pods pour roquettes « missilisées » de 239 mm. (© Flying Camera/Shutterstock)