Magazine DSI

Défense belge. Changement de posture

La composante terrestre

Attirant l’attention, la modernisation capacitaire des forces est bien réelle, mais reste dépendante, outre des budgets, de la capacité à recruter et à fidéliser le personnel ; un point traditionnellement délicat en Belgique. Concrètement, le volume total va augmenter, de 27 631 personnels au 1er janvier 2021 à 29 056 au 1er janvier 2030, notamment par l’accroissement du nombre de civils. Les évolutions capacitaires elles – mêmes sont déjà actées. Dans le domaine terrestre, au rétablissement de deux bataillons de cavalerie permettant d’accueillir les 60 Jaguar s’ajoutera le rétablissement d’une artillerie de campagne. Si la commande de neuf CAESAR est intervenue, avec un contrat signé en mai 2022, 18 ou 19 autres devraient être commandés, permettant de reformer un bataillon. S’y ajoutent quatre bataillons d’infanterie sur Griffon, deux bataillons du génie, un bataillon ISR (avec le Luxembourg) et deux batteries de mortiers qui seront dotées de MEPAC. Théoriquement, cette structure permettrait de générer deux brigades motorisées (contre une actuellement).

D’autres aspects entrent en compte d’un point de vue matériel, comme 351,6 millions d’euros d’investissements liés au VBAE (Véhicule blindé d’aide à l’engagement), en commun avec la France ; 358,68 millions d’euros pour des capacités anti – drones et de défense aérienne rapprochée – une capacité qui avait été abandonnée – et une série d’investissements annexes, en matière de communication, de logistique (avec notamment la création d’un Theater logistics battalion) ou encore de génie. Autre unité majeure de la composante terrestre, le régiment d’opérations spéciales va recevoir, outre les véhicules déjà commandés, des missiles antiaériens tirés à l’épaule ou encore des systèmes anti – drones. Surtout, il va directement bénéficier d’investissements au niveau de la composante aérienne, pour de nouveaux hélicoptères.

La composante aérienne

Si la force aérienne ne disposera pas d’autres F-35 que les 34 prévus, 102,14 millions d’euros sont budgétés pour une capacité qualifiée de « Manned-Unmanned Teaming Phase 1 » qui renvoie à des effecteurs déportés, mais au – delà de 2030 et dans une logique qui s’apparente à une exploration du domaine. On note également que 238,13 millions sont prévus pour la « Continuous Capability Development 2031-2035 » du F-35. Par ailleurs, outre la modernisation des A400M (notamment avec des systèmes de contre – mesures IR directionnels), il est question d’un deuxième A330MRTT pour 272,38 millions d’euros à partir de 2026 – sachant qu’ils sont intégrés dans une flotte multinationale. Dans le domaine des drones, un troisième système de deux MQ-9B sera acheté, et la Belgique participera à la capacité AGS (Alliance ground surveillance) de l’OTAN avec du personnel et prévoit une participation au programme HAPS (High altitude platform station) mené dans le cadre de la Coopération structurée permanente de l’Union européenne.

Par ailleurs, de nouveaux programmes sont lancés :

• cinq appareils STOL (Short take-off landing) pour 309,13 millions d’euros. Ils seront regroupés dans un nouveau wing ;

• trois appareils de transport léger pour 170,24 millions d’euros ;

• 15 hélicoptères légers pour 250,85 millions d’euros, particulièrement destinés aux opérations spéciales. Ils remplaceront les quatre NH90 TTH et les derniers A109 ;

• de « 8 à 10 » hélicoptères de transport lourd certifiés pour les opérations spéciales pour 612,86 millions d’euros ;

• quatre hélicoptères de recherche et sauvetage achetés « à très court terme », de sorte que les quatre NH90 NFH seront pleinement affectés aux missions de lutte anti – sous – marine en appui des frégates.

Par ailleurs, l’une des ambitions de la Vision stratégique de 2015 portait sur la défense antimissile. Elle se traduit par la recherche de l’acquisition d’une batterie de missiles surface-air à longue portée (317,8 millions d’euros à l’horizon 2031) intégrée au système BMD de l’OTAN. S’y ajoute une batterie de missiles surface – air à courte portée et pouvant être projetée (209,96 millions d’euros à l’horizon 2031), mais aussi une série d’investissements dans le domaine du commandement/contrôle. On note d’ailleurs qu’une capacité de contrôle aérien projetable incluant un radar mobile est également planifiée.

0
Votre panier