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Blindés. La queue du Jaguar est un dard de SCORPION

Le premier prototype est présenté le 16 mai 2018 chez Nexter à Satory, en amont du salon Eurosatory, lors duquel il sera révélé au grand public. En janvier 2022 arrivent à Canjuers les 20 premiers exemplaires, à tourelle non stabilisée, destinés à la formation des primo-formateurs. Ils ne tarderont pas à être rejoints par les 18 légionnaires et 20 chefs d’engin du 1er régiment étranger de cavalerie de Carpiagne, qui a été désigné pour l’expérimentation en unité. Les quatre premiers exemplaires ont ainsi été livrés le 25 août dernier au 1er escadron de l’unique régiment de cavalerie de la Légion étrangère. Le second régiment à percevoir le Jaguar sera le régiment d’infanterie chars de marine de Poitiers. La date n’est pas encore connue, car le programme accuse des retards importants dus à des problèmes de tourelle. Il est prévu qu’un régiment de Jaguar se compose de trois escadrons à quatre pelotons armés à quatre Jaguar et quatre VBAE, le remplaçant du VBL, dont les contours tardent à être définis.

À l’export, seule la Belgique est pour l’instant intéressée par le Jaguar avec la signature d’une lettre d’intention le 22 juin 2017, suivie par la ratification d’un accord intergouvernemental le 26 octobre 2018 qui porte sur l’achat de 60 Jaguar et 382 Griffon pour environ un milliard d’euros. Cet achat est motivé par une réelle volonté d’interopérabilité entre les deux armées et s’inscrit dans un partenariat stratégique entre Paris et Bruxelles. Ce dernier est notamment porté par le projet CaMo (Capacité motorisée) qui devrait permettre la renaissance de la cavalerie belge, dissoute en 2010 avec la disparition des chars Leopard 1A5BE. Il est ainsi prévu qu’un bataillon belge se compose de deux escadrons à trois pelotons armés par quatre Jaguar et de quatre véhicules légers à roues, JLTV américain ou VBAE français. Les premiers exemplaires doivent être livrés à partir de la fin de l’année 2026.

Les aspects techniques

Le train de roulement est un 6 × 4 crabotable en 6 × 6. Les essieux avant et arrière sont directionnels, mais jusqu’à une vitesse d’environ 20 km/h pour le second afin d’obtenir un rayon de braquage de 17 m. Chaque essieu est équipé d’une suspension indépendante à grand débattement qui permet une aisance en tout – terrain supérieure à celle de ses prédécesseurs tout en procurant une grande stabilité lors du tir en déplacement. Développé par la firme strasbourgeoise Quiri, le système de suspensions est oléopneumatique et doté d’un système de variation de garde au sol. La pression des pneumatiques peut être adaptée à la nature du terrain à partir du poste de pilotage grâce au système de variation de pression de gonflage.

La caisse est plus haute de 25 cm par rapport à celle de l’AMX‑10RCR, car le Jaguar est équipé d’une chaîne de transmission moins onéreuse en « I » optimisée contre les explosions de mines et d’IED, jusqu’à 10 kg de TNT, qu’il partage avec le Griffon. Les dimensions de la caisse sont de 7 m de long pour 2,98 m de large. Sa hauteur est variable et oscille entre 2 et 2,6 m pour une hauteur hors tout de 3,2 m. Elle se compose de plaques mécanosoudées en aluminium recouvertes de plaques de blindage modulaire évolutif à base d’acier de très haute dureté, de céramique ou de fibres aramides. Ce blindage répond à la classification OTAN STANAG 4569 de niveaux 3a et 3b et est capable de résister aux munitions de 14,5 mm et aux éclats d’obus de 155 mm à 30 mètres.

L’agencement du Jaguar est classique. Le pilote est à l’avant de la caisse au centre, la tourelle biplace au milieu, et le GMP (groupe motopropulseur) implanté à la poupe. Le pilote est protégé par un volet blindé s’ouvrant vers la droite et équipé de trois épiscopes, dont le central peut être remplacé par une optique de roulage de nuit. Il pilote grâce à un volant au centre d’un tableau de bord en trois parties avec écrans. Il dispose enfin d’une caméra de recul implantée à l’arrière de la caisse, devenue indispensable sur un blindé moderne.

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