SCORPION et ses évolutions aujourd’hui et demain et puis TITAN après-demain : la feuille de route est bien là… Mais tout n’y est pas encore complètement inscrit. Quels aspects de SCORPION doivent/peuvent être poussés plus avant ?
Le programme SCORPION contribue à la modernisation de l’armée de Terre, mais sans la résumer. Il porte sur la modernisation du segment médian des forces terrestres, soit le remplacement des VAB et des AMX‑10RCR par les Griffon, les Serval et les Jaguar. TITAN, autre projet structurant de l’armée de Terre, complétera cette modernisation en se focalisant sur le segment de décision.
SCORPION, c’est aussi le SICS, un système de communication qui optimise la logique de l’infovalorisation et qui permettra de mener un combat plus horizontal, presque neuronal, au sein d’une « bulle » de mobiles interconnectés pour s’appuyer d’emblée mutuellement. C’est le « combat collaboratif ». Mais il faut bien distinguer transformation et modernisation. SCORPION est un programme d’équipement : il relève de la modernisation. Cela ne couvre pas l’ensemble des capacités qui nous manquent, notamment en matière de feux en profondeur ou de défense sol‑air.
Ce que nous appelons l’« esprit SCORPION », c’est la révolution culturelle que nous attendons du combat collaboratif, qui se fondera sur la subsidiarité et l’accélération du tempo décisionnel. C’est là que se trouve la rupture majeure, du côté du SICS. Nous œuvrons à distiller cet état d’esprit en généralisant l’appropriation du SICS et attendons avec impatience le système CONTACT qui permettra de maximiser l’infovalorisation.
Le liant dans SCORPION, ce sont les systèmes d’information qui intègrent dans une seule boucle rapide le niveau tactique et le niveau corps d’armée. Cela accélère tous les processus décisionnels, parce que la situation tactique de référence, qui inclut le partage immédiat des positions amies comme ennemies, est partagée en temps réel. Des solutions de tir sont proposées immédiatement, ce qui permet d’exploiter instantanément les opportunités et d’accélérer un tempo déséquilibrant pour l’adversaire, sur la zone des contacts, mais également en profondeur.
La dernière Loi de programmation militaire, dite de « réparation », nous a permis de tenir les objectifs du programme : 45 % de la cible de livraison globale en 2025 devraient être tenus, le premier jalon a été franchi en 2021 comme prévu avec la projection d’un GTIA Griffon au Sahel. Un deuxième jalon nous attend pour la fin de 2023, qui verra le déploiement en exercice d’une brigade « scorpionnisée ». Ce sera le rendez – vous clé pour démontrer les capacités détenues.
Je souligne enfin que le programme SCORPION est aussi un facteur d’intégration multinationale. Je pense au programme CAMO (Capacité motorisée) que nous développons avec l’armée belge, qui se dote d’unités sur Jaguar et Griffon. Bien au-delà d’un simple partenariat capacitaire, nos deux pays convergent en matière de doctrine d’emploi et de formation.
