Bâtir « une communauté de destin pour l’humanité » (嬣类暀运侺“体) à l’horizon de 2049
Bien que la Chine soit aujourd’hui un acteur incontournable de l’économie mondiale et des relations internationales, il lui reste encore plusieurs défis à relever afin de devenir la première puissance mondiale en 2049, année qui marquera le centenaire de la victoire communiste. Sa rivalité avec les États-Unis semble entrer dans une phase plus intense et structurelle, aux conséquences imprévisibles et possiblement dramatiques. Comment construire des relations bilatérales dans un contexte géopolitique et économique mondial de plus en plus tendu et polarisé ? La pandémie de Covid-19, l’affirmation politique décomplexée de la Chine et la guerre en Ukraine ont contribué à la formation d’une sorte de consensus contre la Chine au sein du « Global West », qui pourrait déboucher sur l’adoption d’une stratégie commune et mettre un frein à l’extension de l’influence et de la présence chinoise globale. Dans la perspective plus courte, le défi majeur continue d’être la réunification avec Taïwan, une question que Xi Jinping semble vouloir résoudre dans un délai assez bref. Quels moyens choisirait-il pour y parvenir ? L’accélération récente de la modernisation de l’APL et l’intensification des pressions militaires, économiques et diplomatiques sur Taïwan semble indiquer que la solution pacifique est encore envisagée, même si l’idée d’une opération militaire contre l’île paraît désormais recevoir un large soutien auprès de la population chinoise.
La Chine vise à construire un monde multipolaire, non seulement en termes de puissance économique ou militaire mais aussi de point de vue civilisationnel. L’horizon temporel de ses ambitions, on l’a vu, est souvent situé en 2049, qui marquera le centième anniversaire de la prise du pouvoir par le Parti communiste, redevenu central dans les discours politiques de Xi Jinping, bien davantage marqués d’une connotation idéologique que ceux de ses prédécesseurs. Il ne s’agit pas pour autant pour la Chine de renverser les États-Unis, mais de prendre la première place, ce qui pose un problème majeur pour Washington. Le concept de « menace chinoise » est ainsi affaire de perception : l’ascension chinoise n’est pas dirigée contre les États-Unis, mais ceux-ci perçoivent ce bousculement comme une menace et l’échec de l’idée, finalement très infatuée, de la nécessaire convergence de la Chine vers le modèle occidental à la faveur de la mondialisation. À l’inverse, que la Chine ne cesse de répéter qu’elle souhaite une ascension pacifique ne suffit pas, elle doit également prendre en compte les craintes des acteurs régionaux et globaux. À l’idéal d’homogénéité inspirée par les expériences historiques et valeurs occidentales, la Chine avance sa propre vision du monde dans laquelle différents modèles politiques et économiques pourraient cohabiter. S’agirait-il d’une coexistence pacifique 2.0 fondée sur le principe de la non-ingérence dans les affaires internes et la parité stratégique Pékin-Washington, ou bien d’un nouveau système de gouvernance globale avec la Chine à son centre ?
Légende de la photo en première page : Illustration de Mao Zedong, fondateur de la République populaire de Chine (RPC) en 1949. Aujourd’hui, Pékin ne s’en cache pas : son objectif est d’atteindre le statut de première puissance mondiale à l’occasion du centenaire de la création de la RPC, en 2049. (© Shutterstock)