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Drones tactiques : le triomphe du Bayraktar

L’appareil est contrôlé à travers un circuit à triple redondance et les communications offrent une bonne résistance au brouillage et à la guerre électronique. Le TB2 dispose d’une charge utile maximale de 150 kg (sur une masse maximale de 650 kg) répartie entre des capteurs et son armement. Le principal capteur est une boule optronique Wescam MX‑15D, ensuite remplacée par une Aselsan CATS (canaux électro – optiques, infrarouge et désignation laser) de 61 kg. Dans les deux cas, elles sont positionnées sous le ventre. Un radar SAR‑GMTI (Synthetic aperture radar – Ground moving target indicator) à antenne AESA Meteksan Milsar (30 kg, 27 km de portée) peut aussi être embarqué. L’armement comprend une large gamme de munitions turques, mais les principales armes utilisées sont les MAM‑C (6,5 kg) et surtout les MAM‑L de 22 kg, à guidage laser (1). Leur portée peut atteindre 15 km et elles sont dotées d’une charge antiblindage ou thermobarique. D’autres configurations sont également évoquées, incluant des roquettes guidées par laser Bozok et Cirit, des missiles air-surface Kuzgun et antichar L‑UMTAS, mais n’ont pas encore été observées en service opérationnel.

Succès commercial majeur

La simplicité du design et de sa prise en main tout comme son efficacité opérationnelle ont été déterminantes pour son succès à l’export. La Turquie est le client historique : l’armée de terre et la marine l’utilisent, mais aussi les garde – côtes, la gendarmerie, la police ou encore les renseignements. Le nombre précis de drones commandés n’est pas connu, mais est supérieur à 230. Le Qatar a commandé six machines en 2019, la Libye en recevant quelques exemplaires la même année. L’Ukraine a passé commande pour ses 12 premiers exemplaires en 2019, puis pour 48 autres en 2020. Avec la guerre, elle en a reçu un grand nombre depuis la Turquie, mais également au terme de financements participatifs – en Ukraine et en Lituanie. L’Azerbaïdjan est lui aussi client depuis 2020.

En 2021, plusieurs autres États on acquis le système : le Maroc (19), l’Éthiopie (4), le Kirghizstan et la Somalie. Le Pakistan s’est également porté acquéreur, sans que l’on sache précisément en quelle année : 2021 ou 2022. La Pologne commandait également 24 drones. L’année 2022 a quant à elle vu une remarquable série de commandes, notamment en Afrique : Djibouti, le Togo, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria et le Rwanda se sont portés acquéreurs. Au Moyen-Orient, les Émirats arabes unis négocient depuis mars 2022 un contrat qui porterait sur 120 drones et les munitions associées (a priori, 100 par drone) pour deux milliards de dollars. En Asie, le Bangladesh s’est montré intéressé, mais n’a pas encore passé commande. L’année 2022 aura aussi été fructueuse en Europe orientale. La Roumanie s’est déclarée intéressée par le système, avec une cible de 18 unités, en plus de services de soutien et de formation. L’Albanie a pour sa part indiqué fin septembre qu’elle allait signer un contrat pour un nombre non précisé de ces drones tandis qu’un peu plus tôt, la Serbie annonçait, par la voie de son président, vouloir acheter le système.

En réalité, le nombre de clients est plus important. Début septembre, l’agence de presse turque Anadolu publiait ainsi une interview de Haluk Bayraktar, dirigeant de Baykar, selon qui 24 pays s’étaient portés acquéreurs. Il donnait également des précisions sur la capacité industrielle de l’entreprise à répondre à la demande. De fait, elle étonne, avec de premières livraisons quelques mois seulement après les commandes. Concrètement, il indiquait que la capacité de production annuelle du TB2 était de 200 unités, mais qu’il prévoyait de la porter à 500 à partir de 2023. De quoi donc absorber de futures commandes et y répondre rapidement, du moins en théorie. En réalité cependant, le goulet d’étranglement ne se situe pas tant au niveau de la fabrication des cellules qu’à celui des composants clés : motorisation, optronique, liaisons de données, etc. Dans le même temps, le TB2, devenu best-seller de l’industrie de défense turque, focalise aussi l’attention des sous – traitants : pareil marché n’est pas à prendre à la légère…

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