Mais force est également de constater que les ressources en eau sont devenues critiques pour nos sociétés hyper-connectées, soucieuses de leur confort. Il faut en effet beaucoup d’eau pour climatiser les appartements, remplir les piscines et refroidir les centres serveurs. C’est sans doute ici que l’on peut être légitiment inquiet, quand il est estimé qu’à horizon 2030, 13 % de l’électricité mondiale sera consommée par des data centers. Il va ainsi falloir mobiliser de plus en plus d’eau pour l’énergie : afin d’assurer le refroidissement des centrales nucléaires ; pour faire fonctionner la houille blanche, plus communément appelée énergie hydroélectrique ; sans compter les volumes colossaux d’eau nécessaires à l’extraction des métaux critiques pour la transition énergétique. Le lithium, le cobalt ou encore le nickel qui sont utilisés dans les batteries lithium-ion des véhicules électriques, de même que le cuivre dont la demande est appelée encore à augmenter en réponse aux nouvelles attentes de mobilité, sont très consommateurs en eau. Or, nombreux sont déjà les pays producteurs en stress hydrique avancé. C’est en particulier le cas du Chili, du Pérou, de l’Australie et de la Chine, alors que ces États sont définitivement devenus stratégiques en matière de production de métaux critiques.
Toutes ces raisons nous incitent à l’action, et, plus que jamais, à écrire que, sur fond de modifications climatiques dont le premier marqueur est l’eau, la sécurité hydrique est devenue un sujet de défense et de souveraineté qui doit être traité au premier rang des préoccupations nationales et internationales.
Notes
(1) https://rb.gy/neymmz
(2) Cour pénale internationale, Chambre préliminaire, 12 juillet 2010. Deuxième décision relative à la requête de l’Accusation aux fins de délivrance d’un mandat d’arrêt, n°ICC-02/05 – 01/9, para. 38, concernant Omar Hassan Ahmad Al Bachir. Cité par la juriste internationale Laurence Boisson de Chazournes lors de sa leçon inaugurale au Collège de France, le 12 janvier 2023 (https://rb.gy/lbttki).
Légende de la photo en première page : En 2015, les Nations Unies rappelaient l’importance capitale de garantir un accès universel à l’eau potable et aux services d’assainissement en imposant cet enjeu mondial comme le 6e objectif de développement durable (ODD) pour l’horizon 2030. Depuis, les dérèglements climatiques, dont la multiplication et l’intensification des épisodes de sécheresses sont l’une des conséquences, ternissent les perspectives : la pénurie d’eau affecte plus de 40 % de la population selon l’ONU. Un chiffre qui serait en augmentation, car plus de 1,7 milliard de personnes vivent près de bassins fluviaux où l’utilisation de l’eau dépasse la quantité disponible. (© Shutterstock)
