Cette hypothèse d’embargo soulève en outre la question de l’interdépendance et celle de la capacité des pays fournisseurs à se couper d’un marché chinois en croissance et rémunérateur, révélant des interdépendances fortes et une asymétrie moins importante qu’il ne semble au premier abord. La Chine se révèle en effet le premier client des États-Unis et du Canada en céréales.
Le commerce et la mondialisation n’ont donc pas abouti à une pacification des relations internationales, mais au contraire à une accentuation des rapports de force, notamment à travers l’utilisation de l’agriculture. La montée en puissance de la Chine sur la scène internationale en est un des derniers exemples en date.
Notes
(1) Alice Ekman, Dernier vol pour Pékin, éditions de l’Observatoire, 2022.
(2) Jamie Critelli, Gustavo Ferreira, « Does China Have Enough Food to Go to War?: Practical Indicators for U.S Military and Policy Makers », Military Review, Army University Press, juillet-août 2022, p. 84-96 (https://www.armyupress.army.mil/Portals/7/PDF-UA-docs/Ferreira-UA.pdf).
Légende de la photo en première page : Un étudiant de l’Institut de développement rural de l’Université agricole de l’Anhui, dans l’Est de la Chine, mesure le couvert végétal du blé dans une base expérimentale agricole à Hefei, en mars 2023. Si l’autonomie et la sécurité alimentaire du pays sont un enjeu crucial, Xi Jinping a déclaré lors de la visite d’un champ de blé résistant à la sécheresse et à l’alcalinité que « la ligne rouge de 120 millions d’hectares doit être maintenue et les 33,3 millions d’hectares de terres salines et alcalines doivent être pleinement développées et utilisées. Le développement des cultures tolérantes au sel et aux alcalins jouera un rôle important pour assurer le grenier et le bol de riz de la Chine ». Le pays mise aussi sur les OGM, pour le maïs et le soja, espérant augmenter de 50 % ses rendements. (© Xinhua/Zhang Duan)