Magazine Diplomatie

Le Moyen-Orient au défi du chaos, un demi-siècle d’échecs et d’espoirs

D’après vous, les relations internationales sont devenues plus complexes et plus dangereuses. Quel regard portez-vous sur le métier et les responsabilités des ambassadeurs aujourd’hui ?

Jusqu’en 1945, les relations diplomatiques se faisaient essentiellement entre des pays européens ou, comme aux États-Unis et en Amérique latine, entre des dirigeants d’origine européenne. À l’exception de quelques pays comme le Japon, la Chine ou l’Égypte, les diplomates partageaient la même culture avec les mêmes codes. Après le cycle des indépendances, la communauté internationale s’élargit pour accueillir au total plus de 190 pays. La « relation entre soi », qui existait jusqu’au milieu du XXe siècle ne fonctionne plus : les capacités d’adaptation en face d’interlocuteurs issus de différentes cultures sont davantage sollicitées.

Par ailleurs, le passage au XXIe siècle est marqué par l’essor des nouvelles technologies qui diffusent une information foisonnante et anarchique à travers le monde. Concurrencée par les fake news, leur véracité doit maintenant être vérifiée par les ambassadeurs au contact des gouvernements étrangers et du terrain. Ils assument, plus que jamais, le rôle essentiel d’authentification et de de décryptage des nouvelles diffusées. Leurs responsabilités de représentation, de communication et de transmission d’informations fiables sont devenues centrales. Enfin, le monde est devenu de plus en plus dangereux. Les conflits se multiplient et la question de la protection des ressortissants nationaux mettent les ambassadeurs en première ligne pour faire face à des crises de plus en plus complexes. On pense au rôle qu’ils ont joué récemment, tant à Kaboul qu’à Kiev, dans des pays meurtris par la guerre. L’époque des salons feutrés appartient désormais au passé, les diplomates sont plus que jamais exposés et indispensables.

Propos recueillis par Alicia Piveteau le 8 février 2022, revus le 24 mars 2022.

Notes

(1) Le pacte de Bagdad, ou Traité d’organisation du Moyen-Orient, est un traité de défense signé en 1955. Il avait pour objectif d’unir la région, de la Turquie au Pakistan, afin d’endiguer l’influence de l’Union soviétique au Moyen-Orient.

Légende de la photo en première page : Washington DC. États-Unis, 13 septembre 1993. Yitzhak Rabin, d’Israël, et Yasser Arafat, de l’OLP, se serrent la main sur la pelouse sud de la Maison Blanche après avoir signé les accords de paix, sous le regard du président Bill Clinton. © mark reinstein/shutterstock

Article paru dans la revue Diplomatie n°115, « Algérie / Maroc : vers un inévitable affrontement ? », Mai – Juin 2022.

À propos de l'auteur

Denis Bauchard

Conseiller pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à l’Institut français des relations internationales (IFRI), ancien ambassadeur en Jordanie (1989-1993) et au Canada (1998-2001), directeur pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères (1993-1996) et président de l’Institut du monde arabe (2002-2004). Auteur de Le Moyen Orient au défi du chaos (Hémisphères éditions, 2021).

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