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Nona : un mortier-canon pour les VDV

Peu de 2S9 sont exportés, et le sont principalement en direction des anciennes républiques soviétiques. Ainsi, en 2022, l’Azerbaïdjan en alignait 18 ; le Kirghizstan, 12 ; la Moldavie, 9 ; l’Ouzbékistan, 54 ; le Turkménistan, 17 ; l’Ukraine, 62 ; et on en trouve un nombre indéterminé dans les rangs des forces séparatistes prorusses du Donbass ainsi que dans les forces syriennes. Il est à noter que l’Ukraine a développé et mis en service un nombre inconnu de BMP‑1 équipés d’une tourelle de 2S9. Outre l’intervention soviétique en Afghanistan, le 2S9 a été utilisé dans les deux guerres de Tchétchénie, en Géorgie, en Syrie et bien sûr, plus récemment, en Ukraine.

Analyse technique

Le 2S9 reprend le train de roulement du BTR‑D, qui se compose de six galets ajourés, pour un gain de poids, soit un de plus que celui du BMD‑1. Les chenilles de 25 cm de large sont supportées par cinq rouleaux porteurs qui viennent s’intercaler entre les galets lorsque le véhicule est en position basse, car il est doté de suspensions hydropneumatiques faisant varier la garde au sol de 45 à 10 cm pour être palettisé et aérolargué. Le blindage de la caisse (d’une longueur de 6 m pour 2,63 m de large) est en aluminium laminé ABT‑101 d’une épaisseur de 15 mm. Il est clair que le poids a été la priorité par rapport à la protection.

La caisse est divisée en trois compartiments. Le premier, à l’avant, abrite le pilote au centre qui dispose de trois épiscopes, dont le central peut être remplacé par un moyen infrarouge pour les déplacements nocturnes. Derrière lui, à gauche, se trouve le siège du chef de pièce dont le poste est lui aussi équipé de trois épiscopes, des moyens de communication, et des moyens de navigation. Au centre, dans la tourelle, prennent place le tireur à gauche et le chargeur à droite. Le premier dispose d’une lunette panoramique diurne sur le toit pour le tir indirect et d’une seconde lunette télescopique sur l’arc avant gauche de la tourelle pour les tirs directs, d’où la protubérance sur le flanc gauche pour pouvoir s’installer plus aisément. À sa droite, le chargeur dispose d’un seul épiscope. Il est assis sur un strapontin repliable lors des phases de tir. Tous deux disposent d’un volet de toit.

La tourelle, dont la rotation en gisement est limitée à 35° de part et d’autre de l’axe central, est, comme la caisse, constituée de plaques mécanosoudées en aluminium avec un blindage frontal de 16 mm. En nuque sont installés deux épiscopes TNPO‑170A pour l’observation arrière. Au centre trône le mortier L/24 2A51 de 120 mm dont le tube rayé avoisine 1,80 m. Chargées par la culasse, les munitions sont stockées en caisse entre la tourelle et le groupe motopropulseur (GMP). Leur chargement s’effectue par le biais d’une goulotte qui passe au-dessus du GMP pour les acheminer dans la caisse par une trappe sous la nuque de tourelle. Les munitions explosives (3OF49) ont une portée de 8,8 km, ou de 13 km avec propulsion additionnelle. Hautement létale, cette munition, dont la vitesse est de 367 m/s, projette 3 500 éclats pouvant traverser une plaque de blindage de 8 à 10 mm d’épaisseur à une distance de 20 m sur une surface de 2 200 m2 en creusant un cratère de 2 à 5 m de profondeur suivant la densité du sol. Les autres munitions tirées peuvent être antichars, dont le pouvoir de perforation est de l’ordre de 650 mm de blindage à 1 000 m pour une vitesse de 560 m/s, fumigènes, éclairantes ou guidées par laser, comme le Kitolov‑2 d’une portée de 9 km avec une probabilité de coup au but comprise entre 80 et 90 %.

Bien que le chargement soit manuel, le chargeur est aidé par un refouloir de chargement à assistance pneumatique avec son compresseur installé en caisse, ce qui facilite cette délicate procédure. Un obturateur permet de bloquer la munition dans le tube lorsqu’il est en site positif (− 4° + 80°) avant le départ de coup. La mise en batterie ne prend que 30 secondes, la cadence de tir est de l’ordre de 8 à 10 coups/min. Il est à noter que les suspensions sont en position haute pour le tir, pour une meilleure stabilité. Pour les opérations de maintenance, le tube se démonte en quatre parties en moins de trois minutes par un équipage expérimenté. À l’arrière, le GMP se compose du moteur diesel 5D20 de 240 ch couplé à une boîte de vitesses manuelle à cinq rapports avant et une marche arrière. Cet ensemble emmène les 8,7 t du 2S9 en ordre de combat à plus de 60 km/h sur route, sur une distance de 500 km, et 9 km/h sur l’eau. Il permet de gravir des pentes de 60 %, d’évoluer sur des dévers de 33 % et de franchir des marches de 80 cm et des tranchées de 1,80 m de large.

Le cas du 2S23

La tourelle du 2S9 peut être montée sur divers châssis, et lorsqu’elle est installée sur la caisse modifiée du BTR‑80 (8 × 8), le véhicule prend la dénomination 2S23 Nona SVK. Le 2S23 est développé à la fin des années 1980 par le bureau d’études de l’usine Motovilikha et est destiné à remplacer les mortiers de 120 mm M‑1943, 2B11 et 2B12 au sein des unités motorisées afin d’augmenter leur mobilité opérative. Après une rapide période d’essais, le 2S23 est présenté fin 1990 pour entrer immédiatement en service à hauteur d’une trentaine d’exemplaires. En 2009, la Chine, intéressée par le concept de mortier puissant et rapide monté sur roues, désire acheter une centaine d’exemplaires pour l’appui de ses unités motorisées. Mais Moscou refuse, et Pékin développe son propre projet, qui aboutira au PLL‑05 sur le châssis 6 × 6 du WZ‑551 qui sera révélé lors d’une parade dans la capitale en 2009. Le seul acquéreur étranger semble être le Venezuela qui en a acquis 13 exemplaires. Il est à noter que les premiers 2S23 ont été déployés en Ukraine en juillet 2023.

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