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Leopard 2 über alles ?

Quel que soit le domaine de production industrielle, il y existe des incontournables. Dans celui des chars de bataille, le Leopard 2 fait partie de manière indubitable des best-sellers, comme l’ont été à leur époque le Renault FT, le M‑4 Sherman ou le T‑34 soviétique. Le Leopard 2 est, depuis un peu plus de 40 ans, la colonne vertébrale des forces blindées allemandes et de nombreuses autres à travers le monde. Développé dans le but d’enrayer la déferlante soviétique en Europe occidentale, il représente encore de nos jours le parfait équilibre en matière de char de bataille, alliant mobilité, protection et puissance de feu.

Au fur et à mesure des manœuvres et des exercices dans le cadre de l’OTAN, Le Leopard 2 va démontrer toutes ses qualités intrinsèques en faisant preuve d’une grande fiabilité sur le plan mécanique, et d’une très grande précision lors des challenges de tir interalliés. C’est ainsi que, lors de ces prestations et grâce à des versions sans cesse améliorées, il a acquis une reconnaissance internationale, lui ouvrant les portes du marché de l’exportation, et ce dès 1982, trois ans seulement après sa mise en service au sein de la Bundeswehr. Enfant de la guerre froide, il naît de l’abandon du projet commun germano-­américain du MBT‑70, après que 830 millions de deutschemarks ont été dépensés. Ce projet est définitivement arrêté en janvier 1970, car les options souhaitées par les deux parties ne font pas l’unanimité. Néanmoins, l’état-­major allemand avait anticipé la défection des États-Unis dès 1967, année des premières dissensions au sein du projet commun, en débutant le développement du futur char sans leur aide.

Le ministère de la Défense ouest-­allemand demande alors à la firme Porsche de poursuivre le programme de développement, appelé « Vergoldeter Leopard », à partir du dernier modèle de la série produite en 1967. Il sera dénommé par la suite Keiler (« sanglier »). La firme Krauss-Maffei de Munich est chargée de l’assemblage de deux prototypes, alors que Porsche demeure impliqué dans la conception du châssis, et Wegmann, dans celle de la tourelle. Ils seront terminés en 1969 pour l’un et en 1970 pour l’autre. Début 1970, le futur chancelier Helmut Schmidt, alors ministre de la Défense, porte un œil particulier sur le développement du nouveau char. C’est sous son ministère que le programme va prendre un réel essor. La firme MTU de Friedrichshafen est désignée comme le motoriste principal et Krauss-­Maffei est confortée dans la fonction de maître d’œuvre du projet. Les essais vont être menés durant deux ans, de 1972 à 1974, et suivis par une période d’expérimentation en unité. En 1975, quatre prototypes sont expédiés au Canada afin d’être testés en conditions climatiques extrêmes. Après avoir été exposés à des températures de − 30 °C en février et mars 1975, ils sont envoyés à Yuma, dans le désert d’Arizona, afin de subir une nouvelle série d’essais, mais par 45 °C en avril et mai 1975. Le 20 juin 1977, trois chars de présérie sont commandés. Ils seront livrés le 11 octobre 1978 à l’école des blindés allemands (Kampftruppenschule 2, de Munster), afin de subir de nouveaux tests et ce, jusqu’en 1979. Le quatrième exemplaire est livré 25 octobre 1979.

De l’A4 à l’A6

Au cours de sa longue carrière, le char ne va cesser de recevoir de nombreuses améliorations et de briller sur le marché de l’exportation. Des secteurs comme la puissance de feu, la protection, la conduite de tir, les moyens optiques, les systèmes de communications et anti-incendie vont continuellement évoluer jusqu’à nos jours. Ainsi, 2 125 exemplaires, d’A0 à A4, sortent des ateliers de Krauss-­Maffei Wegmann, situés à Kassel, pour la Bundeswehr. En 1992 est programmée la revalorisation de 700 Leopard 2A4 en Leopard 2A5 pour un montant de 1,1 milliard de dollars. Il faudra attendre 1995 pour que les premiers exemplaires sortent des usines. L’effectif de chars est revu à la baisse en 1996 et seuls 225 seront revalorisés.

Le Leopard 2A5 succède ainsi au Leopard 2A4, retiré du service en 2008 dans la Bundeswehr. Le projet de Leopard 2A5 est lancé dès le début des années 1980 afin de faire face aux nouveaux chars soviétiques T‑64B et T‑80 armés du nouveau canon de 125 mm, tirant des missiles antichars par le tube. Au début, en 1982, une coopération avec la France est envisagée, mais une nouvelle fois, comme à la fin des années 1960, les deux parties font valoir leurs priorités et le projet commun de char franco-­allemand est annulé. Les ingénieurs allemands explorent, seuls, de nouvelles pistes, sans écarter le développement d’un tout nouveau char dénommé Leopard 2I. Mais les restrictions budgétaires l’emportent et seule est retenue une nouvelle version réalisée à partir du Leopard 2, beaucoup moins onéreuse. L’agencement du Leopard 2A5 demeure semblable à celui des versions précédentes, mais les améliorations sont notables. Elles portent principalement sur le châssis, sur le volet pilote à ouverture électrique et sur l’installation d’une caméra de recul d’un champ horizontal et vertical de 65°. Cette caméra, installée au-dessus de la partie supérieure arrière de la caisse, est reliée à un moniteur permettant au pilote de reculer à grande vitesse sans se faire guider par le chef de char.

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