Magazine Les Grands Dossiers de Diplomatie

Les risques géoéconomiques du changement climatique

Les migrations climatiques 

Véritable « cygne noir » au sens de son imprévisibilité à ce jour, les migrations climatiques constituent un risque géoéconomique crucial. Le changement climatique et ses effets (élévation du niveau de la mer, phénomènes météorologiques extrêmes et désertification) déclenchent des flux migratoires massifs vers l’émergence de conflits autour des ressources rares et de l’accès aux terres indispensables à la sécurité alimentaire. La gestion de l’intégration sociale de ces populations — ressources, main-d’œuvre — sera de plus en plus difficile du fait de l’impact du choc de l’offre négatif. Il s’agit d’un risque géopolitique crucial.

Spirale infernale de la confrontation : quelle issue ? 

La spirale infernale de la confrontation que nous venons d’esquisser est aggravée par l’absence d’institutions de gouvernance capables de médiation et de dialogue vers la détente. Les institutions internationales — ONU, OMC, les G7 et G20 du « vieux monde occidental » — n’opèrent plus. « Les nouveaux pouvoirs » (BRICS) tardent à définir leurs contre-propositions et les espaces de détente. Or, nous avons besoin d’une diplomatie climatique. L’issue peut être la rupture. Les analystes de la Brookings Institution ont conçu le concept d’« action non diplomatique », suggérant de changer la politique — outils et méthodes de décision — en « se concentrant sur les niches, l’innovation, les petits groupes capables de mener des actions ». Dès lors, il convient d’inventer des alliances stratégiques capables de partager une intelligence et une prospective des ruptures et des risques. Elles ouvriront la voie à l’encastrement du diagnostic scientifique du GIEC dans l’agir économique pour redonner du sens à la table des négociations et mettre fin à « la tragédie des horizons » pour inclure celui des générations à venir. 

Notes

(1) World Economic Forum, « The Global Risks Report 2023, 18th Edition », Genève, 2023.

(2) Christian Harbulot, Lucie Laurent, Nicolas Moinet (dir.), « Guerre économique : qui est l’ennemi ? » Centre de recherche 451, École de guerre économique, Paris, 2022.

(3) Marie Delcas, « Le canal de Panama au ralenti, victime d’une sécheresse historique », Le Monde, 17 septembre 2023 (https://​rb​.gy/​5​7​2ii).

(4) Julie Ansidei, Noam Leandri, La finance verte, La Découverte, Paris, 2021.

Légende de la photo en première page : À Pékin, en Chine, en juin 2023, une touriste se protège du soleil avec un sac en papier au Temple du Ciel. Si le secteur du tourisme devra s’adapter aux effets du changement climatique, selon une estimation d’Allianz Trade, l’ensemble des dérèglements du climat pourraient amputer le PIB mondial de près de 0,6 point en 2023. D’après l’étude, la première explication en serait la baisse de productivité lors des vagues de chaleur. (© Xinhua/Ju Huanzong)

Article paru dans la revue Les Grands Dossiers de Diplomatie n°76, « Géopolitique du changement climatique », Octobre-Novembre 2023.
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