Pouvez-vous, en quelques mots, nous rappeler votre parcours ? Comment en êtes-vous venue à travailler pour le GICAT ?
Comme beaucoup de femmes dans la défense, j’ai un parcours assez atypique, puisque j’ai d’abord passé un DEA d’histoire de l’art et d’archéologie à la Sorbonne Paris IV avant de bifurquer vers un Master de l’Institut français de presse, à l’université Panthéon-Assas. J’ai été ensuite journaliste pendant près de 20 ans, exerçant pour différents titres de presse.
J’en suis arrivée à travailler dans le secteur de la défense un peu par hasard. Parallèlement à mes activités de journaliste, j’ai commencé à m’intéresser au monde de l’évènementiel, pour Airbus notamment, ce qui m’a menée au COGES Events, la filiale du GICAT qui organise des évènements internationaux de défense et de sécurité, notamment Eurosatory. C’est justement sur l’édition 2014 de ce salon que l’on m’a demandé de faire du renfort protocolaire. L’année suivante, on m’a confié un poste qui venait de s’ouvrir au GICAT, celui de responsable événementiel et de chef du protocole. Je suis ensuite devenue directrice communication et événementiel en 2019. Mais avant cela, j’ai dû parfaire ma culture militaire en devenant auditrice de la 55e session nationale « armement et économie de défense » à l’IHEDN. Je suis par ailleurs lieutenant-colonel de réserve opérationnelle auprès de l’armée de Terre.
Et qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans ce secteur de la défense que vous avez découvert sur le tard ?
Ce qui rend ce secteur intéressant, ce sont les hommes et les femmes qui constituent cette BITD. Ils viennent tous d’horizons très différents, mais partagent tous la même fierté pour notre industrie, la même volonté de bien faire. Hommes et femmes, quel que soit le poste occupé, nous partageons ces valeurs communes : un certain esprit de corps, la cohésion d’équipe, mais aussi le goût pour la technologie et l’innovation, et l’envie de relever des défis. C’est une ambiance et une atmosphère que l’on ressent très rapidement quand on commence à travailler dans ce milieu, qui s’avère très accueillant pour les nouvelles recrues. Et j’ai d’ailleurs constaté que beaucoup de femmes dans le secteur de la défense ont eu la même expérience : elles sont entrées dans la BITD après un stage ou une alternance et se sont rapidement senties très à l’aise. En quelque sorte, si l’industrie de la défense est encore assez peu féminisée, ce n’est pas parce que les femmes y sont mal reçues, mais parce qu’elles ignorent à quel point elles seront bien accueillies !
Malgré tout, la BITD française est un milieu plutôt masculin. Quelles actions avez-vous mises en place, que ce soit auprès des entreprises ou des écoles, pour essayer d’inverser cette tendance ?
Le secteur industriel couvert par le GICAT, à savoir celui de l’industrie de l’armement terrestre et aéroterrestre, souffre d’un problème d’attractivité bien réel. Tous les secteurs recrutent, et il est parfois difficile de convaincre les jeunes diplômés de se lancer dans l’industrie, notamment celle de la défense, et tout particulièrement dans le domaine de l’armement terrestre, qui ne possède pas l’aura – sans doute fantasmée – des secteurs de l’aviation ou de la marine.
Chez nos adhérents, environ 10 % des postes sont à pourvoir, tous métiers confondus. Il nous faut donc communiquer pour attirer des populations qui, spontanément, ne viennent pas vers nous. Et c’est particulièrement vrai pour les femmes. Nous le savons : les jeunes lycéennes et étudiantes sont brillantes, mais elles s’interdisent parfois des carrières dans lesquelles, pour des raisons socioculturelles bien souvent, elles ne se sentent pas légitimes. En plus de cela, nous avons encore en France une culture de l’ingénieur très présente dans l’industrie, et les écoles d’ingénieurs ont encore du mal à attirer et à fidéliser les profils féminins. Mais nous essayons de faire changer les choses, en nous associant notamment à des collectifs spécialisés sur ces questions. Nous sommes ainsi partenaires de l’association Elles Bougent, qui cherche à susciter des vocations féminines pour les métiers d’ingénieure et de technicienne, y compris dans le secteur de la défense. Cela permet de proposer des programmes de mentorat, avec des marraines déjà bien établies dans l’industrie pouvant accompagner les jeunes sur des parcours technologie et défense. Enfin, tout au long de l’année 2023, le GICAT a mené sur LinkedIn sa campagne de communication « Nos industriElles ont du talent » afin de mettre en avant des profils et des histoires de femmes ayant fait carrière dans notre secteur d’activité.