L’Ukraine : nouvel utilisateur pour les canons sans recul suédois
Développé dans les années 1980 par Saab Bofors Dynamics, l’AT4 est un canon sans recul à usage unique de calibre 84 mm, conçu pour pouvoir être emporté et mis en œuvre par un fantassin en plus de son arme principale grâce à un poids réduit (de 6,7 à 9,3 kg selon la version). À l’heure actuelle, plus de 20 000 AT4 ont déjà été cédés à l’Ukraine, principalement par la Suède et les États-Unis, ce qui pourrait bien en faire l’arme antichar occidentale la plus répandue du conflit. Plusieurs pays devant se doter prochainement de la nouvelle variante à plus longue portée de l’AT4, dérivée de l’AT4 F2 conçue pour la France, il est probable que des stocks d’AT4 de première et de deuxième génération se libèrent dans les mois à venir afin de renforcer les unités d’infanterie ukrainiennes.
Il en va d’ailleurs de même pour l’autre grand succès de l’industrie de défense suédoise, le Carl Gustaf. Conçu à la fin des années 1940, le Carl Gustaf est également un canon sans recul de 84 mm, mais rechargeable. Opéré par deux à trois soldats, il peut tirer une douzaine d’obus différents, dont plusieurs modèles conçus spécifiquement pour la lutte anti-blindés. Comme l’AT4, sa portée maximale varie entre 600 et 1 000 m, selon la version de l’arme et le type de cible. Malgré son calibre réduit, le Carl Gustaf est un cauchemar non seulement pour les véhicules de transport de troupes, mais aussi pour les chars de combat les plus récents. La défense territoriale de Kharkiv a ainsi diffusé des images de destruction supposée de chars T-90M. Assez rapidement après l’invasion, le Canada a annoncé son intention d’offrir une centaine de Carl Gustaf M2, une version assez ancienne et plus lourde du lanceur (14 kg), mais toujours efficace. Les États-Unis et très probablement la Suède auraient fourni des variantes plus récentes, de type M3 (10 kg) ou M4/M3E1 (7 kg).
Des armes non guidées à profusion
Outre les deux best-sellers suédois, l’Ukraine a reçu un grand nombre d’autres systèmes antichars non guidés, qu’il s’agisse de canons sans recul (munitions de type obus) ou de lance-roquettes (munitions propulsées). Après l’AT4, l’armement non guidé le plus fourni à l’Ukraine est probablement le M72 LAW, un lance-
roquettes à usage unique de calibre 66 mm. Conçu aux États-Unis dans les années 1960, il est aujourd’hui produit en Norvège et dans ce pays par la société scandinave Nammo. Plus de 10 000 lanceurs ont été fournis en Ukraine, majoritairement par le Canada, mais également la Norvège, le Danemark, la Finlande ou encore la Belgique.
Si ces armes ont été livrées en assez grandes quantités pour pouvoir équiper des régiments entiers, d’autres munitions antichars ont été fournies à l’Ukraine dans de plus petites proportions, permettant néanmoins d’équiper quelques unités de protection territoriale, de reconnaissance ou de forces spéciales opérant en première ligne. C’est notamment le cas du Panzerfaust 3, un lance-roquettes semi-consommable de calibre 110 mm expédié à plusieurs centaines d’exemplaires par les Pays-Bas et l’Allemagne. Outre les Javelin et les Carl Gustaf, les États-Unis ont également offert quelques centaines de M141 BDM, des lance-roquettes anti-infrastructures ayant aussi été utilisés contre des blindés russes. Parallèlement à ces dons internationaux, l’Ukraine a passé commande à l’Allemagne de plusieurs milliers de RGW 90 Matador, un armement anti-blindés/anti-structures de calibre 90 mm, livrés dès le mois de mars. L’Espagne, de son côté, a annoncé dans les premiers jours du conflit la livraison d’au moins 1 300 armes antichars, principalement des lance-roquettes à usage unique C90-CR (90 mm) et Alcotán-100 (100 mm).
Ces armes occidentales, grâce à leur flux d’approvisionnement continu, viennent compléter des stocks d’armes d’origine soviétique, souvent produites localement, notamment les lance-roquettes RPG-7, ou encore les RPG-18 et RPG-22. On notera que les forces ukrainiennes se sont également vu offrir des PSRL-1, une copie américaine du RPG-7, mais aussi des RPG-75 d’origine tchèque, des Bullspike AT bulgares et des RPG-76 polonais. La Grèce a fourni au moins 800 RPG-18, mais également plus de 15 000 munitions de 73 mm pour les canons antichars sans recul SPG-9, montés sur trépieds.