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L’heure de gloire des amphibies à pont continu ?

Reste que cette conception, acclamée comme un facteur de liberté de manœuvre en Indopacifique et offrant une présence à la mer plus dense de capacités aéronavales, a aussi ses limites. D’une part, parce qu’autant il est possible de placer ces bâtiments sous l’ombrelle protectrice d’un autre groupe aéronaval, autant les ressources en escorte pour qu’ils opèrent de manière indépendante manquent. D’autre part, parce que les Marines eux – mêmes ont indiqué que les prochains bâtiments de la classe, dits « Flight I », récupéreront leur radier et perdront donc en capacités aéronautiques. Et ce, alors même que les besoins des Marines en radiers tendent à diminuer en fonction de leurs récentes évolutions doctrinales (11). Le deuxième développement est cette fois chinois. Avec l’arrivée des premiers LHD Type‑075, Pékin se dote de navires qui pourraient atteindre 40 000 t.p.c. et qui pourraient être dotés à terme d’appareils STOVL (12). Cette évolution semble encore éloignée, mais le fait qu’elle soit évoquée est clairement indicateur d’une conscience de l’utilité de ces systèmes. 

Notes

(1) Jean-Jacques Mercier, « Le LHD, nouveau navire de premier rang ? », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 16, février-mars 2011.

(2) Ils sont aussi, contrairement aux Tarawa, optimisés pour la mise en œuvre des barges de débarquement.

(3) Si le navire dispose d’un ascenseur entre le pont et le hangar, ce dernier est avant tout réservé aux véhicules.

(4) Véronique Sartini, « Le BPC Mistral : 1er retour d’expérience », Défense & Sécurité Internationale, no 19, octobre 2006.

(5) Philippe Langloit, « LP-X Dokdo. Quel avenir pour la flotte amphibie de Séoul ? », Défense & Sécurité Internationale, no 98, décembre 2013.

(6) Philippe Langloit, « Trieste : un LHD pour Rome », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 74, octobre-novembre 2020.

(7) Thomas Lockhart, « Quelles évolutions pour le BPC ? », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 20, octobre-novembre 2011.

(8) Brice Erbland, Dans les griffes du Tigre, Les Belles Lettres, Paris, 2013.

(9) Les Iwo Jima, mais aussi les porte-avions essentiellement utilisés comme porte-hélicoptères – et qui n’ont pas bénéficié de l’installation d’un pont à angle.

(10) Joseph Henrotin, « Classe Izumo : le grand saut japonais vers le porte-aéronefs ? », Défense & Sécurité Internationale, no 97, novembre 2013 et « Porte-avions en Asie : derrière les annonces, le piège de la crédibilité », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 62, octobre-novembre 2018.

(11) Joseph Henrotin, « Enjeux doctrinaux de la concrétisation du multidomaine. Les évolutions au sein de l’US Army et des Marines », Défense & Sécurité Internationale, no 160, juillet-août 2022.

(12) Alexandre Sheldon-Duplaix, « Les nouveaux transports d’assaut chinois Type‑075 », Défense & Sécurité Internationale, no 145, janvier-février 2020.

Légende de la photo en première page : Le Juan Carlos espagnol. Les Canberra et l’Anadolu en sont très proches extérieurement, avec des variations en termes de capteurs ou encore d’aménagements intérieurs. (© US Navy)

Article paru dans la revue DSI hors-série n°94, « Porte-avions et guerre aéronavale », Février-Mars 2024.
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