Le 9 novembre, la France organise une conférence humanitaire à Paris qui regroupe à la fois des États, les Nations Unies et ses agences compétentes, de même que les principales ONG présentes à Gaza. Très impressionné par les témoignages évoqués à cette occasion, le président Macron appelle à une trêve conduisant à un cessez-le-feu. Tout en reconnaissant « le droit pour Israël à se défendre, en éliminant les groupes terroristes dont le Hamas », le président Macron estime que ceci doit être obtenu par « des actions ciblées en préservant les populations civiles ». Il exhorte Israël à arrêter les bombardements qui touchent les civils. La France contribue à hauteur de 100 millions d’euros à l’aide humanitaire apportée à la population gazaouie.
Enfin, dès le début de la guerre, la France rappelle que seule une solution politique de la question palestinienne peut mettre fin à la guerre et estime que la solution des deux États est « la seule solution crédible » sans cependant en détailler les modalités. Elle condamne toute idée de rétablissement de colonies à Gaza, réclamé par une certaine extrême droite israélienne, et vise, à l’exemple des États-Unis, un certain nombre de colons par des sanctions. La France estime nécessaire la mise en place d’une nouvelle Autorité palestinienne et condamne toute déclaration ou intention d’Israël de procéder à des transferts de population vers la Jordanie ou vers l’Égypte.
La France reste en contact étroit avec les États-Unis, et appuie l’action des pays directement concernés que sont l’Égypte, la Jordanie, le Liban mais aussi de certains pays du Golfe comme le Qatar. Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense vont sur place à plusieurs reprises pour rassurer nos interlocuteurs arabes.
Le président Macron se rend les 24 et 25 octobre au Moyen-Orient et rencontre Benyamin Netanyahou, Mahmoud Abbas, le roi Abdallah et le maréchal Sissi. Il peut constater que la position française est mal comprise tant par les dirigeants que par les opinions publiques, du côté arabe comme du côté israélien. Des manifestations ou des actes hostiles ont visé plusieurs de nos ambassades. Les ambassadeurs français de la région Afrique du Nord – Moyen-Orient alertent Paris sur cette situation et font évoluer la position française, qui se veut plus dans la tradition équilibrée de la politique menée depuis le début de la Ve République. La France vote ainsi le 25 mars 2024 en faveur du cessez-le-feu immédiat demandé par la résolution déposée par le Brésil et les Émirats arabes unis, alors que les États-Unis s’abstiennent. Mais elle s’abstient le 5 avril lors du vote du Conseil des droits de l’homme, qui « appelle Israël à rendre des comptes pour d’éventuels crimes de guerre et réclame un embargo sur les armes à sa destination ». Elle prend une attitude de neutralité lors de la mise en cause de l’UNRWA par Israël et propose que la présidence de la commission d’enquête établie par le secrétaire général de l’ONU soit confiée à Catherine Colonna, ancienne ministre des Affaires étrangères.
Par ailleurs, la France s’efforce d’éviter un embrasement de la région et de convaincre aussi bien Israël que le Hezbollah et l’Iran, avec lesquels les contacts sont maintenus, d’éviter toute action qui pourrait conduire à une telle évolution. Sur ce point, ces appels, comme ceux des États-Unis, ne sont guère entendus, comme on peut le constater avec la hausse des attaques de part et d’autre, notamment celle du 1er avril contre le consulat iranien à Damas. Il est vrai que des deux côtés, certains éléments tels les Gardiens de la révolution et une partie du cabinet de guerre israélien, ne cachent pas leur souhait d’en découdre. L’attaque massive, mais annoncée et calibrée, menée par l’Iran le 13 avril sur le territoire israélien et la réplique probable de l’État hébreu peuvent faire craindre qu’un tel embrasement ne survienne malgré les pressions et les appels à la retenue, notamment des États-Unis.
Cependant, à Paris comme dans les autres capitales européennes, on est conscient des limites d’une action diplomatique dans un conflit où seuls les États-Unis disposent de moyens de pression efficaces sur Israël. Encore faudrait-il qu’ils passent des avertissements verbaux à des actions concrètes, ce qui est, en termes de politique intérieure, risqué.