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Des drones de surveillance maritime endurants : pour quoi faire ?

Définir les drones de surveillance maritime

Les UAV tactiques embarqués sur les navires de guerre ou de garde-­côtes contribuent à l’allongement de la portée de détection et d’engagement des systèmes d’armes de leurs porteurs. Ils ne sont pas conçus pour assurer la surveillance d’un théâtre aéromaritime. À ce jour, la majorité des USM en service est constituée d’UAV basés à terre, non armés, bien que certains constructeurs fassent étalage de ces capacités.

Dans ce contexte, un USM se caractérise par :

• un vecteur aérien adapté au milieu marin (anticorrosion, motorisation, endurance, énergie électrique, etc.) ainsi qu’à une vitesse de croisière élevée ;

• une charge utile composée d’un radar de détection aéromaritime (5), d’une tourelle d’imagerie électro-­optique et infrarouge, d’un système de guerre électronique, d’un AIS (Automatic Identification System) et d’un système permettant son intégration dans la circulation aérienne générale (SAA, Sense and avoid) ;

• des liaisons de données sécurisées permettant le contrôle du vecteur aérien et de sa charge utile à longue distance (BLOS (6)) ainsi que l’échange des informations collectées – au travers de stations de contrôle et d’exploitation opérationnelle – avec d’autres unités (navires, aéronefs, sous-­marins, autres UAV de tous types…).

Des charges optionnelles font progressivement leur apparition :

• système de largage de bouées et de relais des signaux acoustiques ;

• largage de charges : marqueurs, armes, munitions… ;

• système embarqué de traitement des signaux acoustiques et/ou électromagnétiques.

La capacité de traitement de signaux acoustiques ou électromagnétiques à bord de l’UAV constitue une option à examiner avec précaution. L’avantage conféré par un délai de réaction réduit doit être évalué au regard de la classification élevée qu’un tel système conférerait à un UAV susceptible de tomber aux mains d’un adversaire.

L’ensemble de ces caractéristiques font de ces drones des vecteurs aériens destinés aux opérations aéromaritimes. Certains constructeurs proposent l’adaptation de MALE aéroterrestres, tels que le MQ‑9A Reaper, pour des missions maritimes, mais les performances de tels systèmes demeurent limitées par rapport à des engins spécifiquement conçus ou adaptés pour de telles missions.

Comparaison entre le Triton et le SeaGuardian

Comparer les deux systèmes permet d’apprécier les différences séparant un UAV HALE d’un MALE, en termes de concept d’emploi et de performances, le tout appliqué à un emploi maritime. Lors de la compétition BAMS, le Northrop Grumman MQ‑4C Triton était en concurrence directe avec la première version du General Atomics SeaGuardian, à l’époque désignée Mariner. Pourtant, ces deux cellules opèrent dans des catégories très différentes.

Les différences principales entre le Triton et le SeaGuardian portent ainsi sur la masse de charge utile embarquée, bien plus importante sur le Triton que sur le SeaGuardian, sur la vitesse maximale plus élevée du Triton (320 nœuds vs 210 nœuds), ainsi que sur l’altitude opérationnelle supérieure pour le Triton (17 000 m environ, contre 8 000 à 12 000 m pour le MQ‑9). L’endurance annoncée de part et d’autre est proche (24 à 36 h) bien qu’aucun des constructeurs ne précise la masse de charge utile correspondant à cette durée de vol. La vitesse de croisière supérieure du Triton lui permet néanmoins d’opérer sur de plus longues distances. Outre ces performances, le Triton et le SeaGuardian diffèrent par :

• leur système de propulsion (réacteur pour Triton, turbopropulseur pour le SeaGuardian) ;

• leur masse maximale au décollage (14,6 t pour le Triton, 5,67 t pour le SeaGuardian) ;

• leur envergure (39,9 m pour le Triton, contre 24 m pour le SeaGuardian) ;

• leur longueur hors tout (14 m pour le Triton, contre 11,7 m pour le SeaGuardian).

À propos de l'auteur

Christophe Pipolo

Contre-amiral (2S), directeur de recherche au cabinet de synthèse stratégique La Vigie (www.lettrevigie.com).

À propos de l'auteur

Marc Grozel

Capitaine de frégate (R), expert drones (terre, air, mer et espace) pour Affinis Défense.

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