La fin du mirage des ressources des grands fonds marins ?
Dans ses ZEE ultramarines, la France pourrait compter aussi d’importantes ressources minérales qui sont encore loin d’être toutes investiguées. Depuis le début des années 1970, la France, sous l’égide de l’IFREMER, a maintenu une recherche en pointe dans le domaine de l’exploration et de l’exploitation des fonds marins et dans leurs technologies d’accès. Toujours dans cette perspective d’exploitation, la France a systématiquement demandé des extensions de son plateau continental, l’accroissant jusqu’à en faire le premier du monde avec 11 millions de kilomètres carrés. Mais les doutes sur les conséquences environnementales d’une exploitation ont commencé à apparaitre dans le contexte du changement climatique. En novembre 2022, le président de la République a fixé une nouvelle position pour la France, celle du moratoire sur l’exploitation, dans l’attente des expertises environnementales. Actuellement, à l’occasion des négociations sur le futur code minier dans le cadre de l’Autorité internationale des fonds marins, 27 États ont rejoint la proposition de la France d’un moratoire. Cette position constitue un revirement complet de la position française. Elle aura du sens si la communauté internationale nous rejoint sur notre position, mais c’est loin d’être acquis. Car, dans le même temps, des États comme la Norvège, la Chine ou Nauru poussent les feux pour commencer l’exploitation.
La lutte contre les activités illicites en mer
Le XXIe siècle connait de profonds soubresauts géopolitiques, mais il est surtout caractérisé par un niveau de criminalité inédit. Avec la banalisation des technologies et la mondialisation des échanges, les réseaux mafieux savent tirer profit de cette situation pour transporter leurs cargaisons illicites d’un continent à un autre.
Les Antilles sont devenues une importante base de lutte en mer contre le trafic avec l’implantation sur place d’une antenne de l’OFAST (Office anti-stupéfiants) et, en mer, des moyens d’interception appartenant à la Marine nationale et à la douane. Pour les unités de la Marine agissant à partir des Antilles, la lutte contre le narcotrafic est devenue la mission principale et tous les capteurs de l’État sont orientés vers l’interception d’éventuels narcotrafiquants. Ce combat est régional car la coordination des opérations de lutte peut aussi être effectuée par la Joint Interagency Task Force South (JIATF-S) dirigée par les États-Unis et basée en Floride, qui réunit une vingtaine de pays de la zone. Cette lutte implique aussi La Réunion, mais à un degré moindre. En effet, une des routes maritimes du trafic d’héroïne, en provenance d’Iran, passe par le Nord de l’océan Indien pour aller vers les pays d’Afrique de l’Est et rebondir ensuite vers d’autres destinations, dont l’Europe.
Grace à ce prépositionnement de moyens dans les Outre-mer français, la Marine nationale est celle qui, en Europe, réalise les plus importantes saisies. En 2021, elle a intercepté 44,8 tonnes de drogue sur tous les océans (33 tonnes en 2023), ce qui a représenté une valeur de deux milliards d’euros. Ce résultat fait de la France un des premiers acteurs mondiaux de la lutte en mer contre ce fléau.
Le nouveau défi de la protection de l’environnement en mer
La protection de l’environnement en mer est devenue un enjeu sensible pour une nation océanique comme la France. Elle passe, notamment, par la création d’aires marines protégées (AMP) dont le concept est né en 1992. Un grand nombre d’États, en raison de leurs engagements internationaux, ont établi des aires marines protégées. Désormais, ce sont 28 millions de kilomètres carrés qui sont sous ce statut, soit 7,7 % des espaces maritimes.
La France a une politique offensive dans ce domaine. Dans sa stratégie nationale pour les aires protégées, elle a déjà fait sien l’objectif 30×30 (4) de la Convention sur la biodiversité biologique en déclarant le classement en aires protégées de 34,9 % de ses espaces maritimes. Avec 3,5 millions de kilomètres carrés d’espaces maritimes en AMP, la France est le leader mondial, devant les États-Unis (3,3 millions de km2).
97 % de ces AMP se trouvent dans les eaux ultramarines françaises qui recèlent 80 % de la biodiversité française. C’est là que la France a créé la deuxième plus grande aire du monde, celle des Terres australes françaises avec 1,6 million de km2 de superficie. Les autres grandes AMP sont celles de la Polynésie, du parc naturel de la mer de Corail en Nouvelle-Calédonie (1,3 million de km²) et des parcs naturels marins couvrant toutes les ZEE de Mayotte, des Glorieuses et de la Martinique.