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De la nécessité d’une Europe puissante dans un monde qui vacille

Quid des États-Unis ? Que penseraient-ils d’une Europe puissante ?

Washington a un problème : celui d’être sur tous les fronts à la fois. C’est d’ailleurs l’une des forces de la candidature de Trump qui est le seul à dire qu’il faut arrêter une logique impérialiste. C’est un changement assez profond de la puissance américaine. Les États-Unis considèrent désormais qu’ils ne peuvent plus continuer d’être dans la même logique que lorsqu’ils étaient la seule grande puissance.

Ainsi, se dire qu’ils peuvent se focaliser sur leur rival principal qui est la Chine, sans être appelés en même temps à la rescousse en Europe ou au Moyen-Orient, est important.

À court terme, peut-être que certains industriels américains de l’armement n’accueilleront pas d’un bon œil l’arrivée d’une Europe puissante sur la scène internationale. Mais à l’échelle de l’intérêt de sécurité principal des États-Unis, cela devrait être marginal. Il faut en effet savoir que pour certains nationalistes américains, à choisir, ils préféreraient avoir une Europe forte plutôt qu’une Europe dépendante qui achète du matériel militaire américain. Cette industrie est déjà prospère et elle continuera de toute façon à exporter. En revanche, une Europe capable de résister à la Russie sans faire appel à des centaines de milliers de soldats américains serait un atout majeur pour Washington.

Une Europe plus forte serait donc davantage un vecteur de stabilisation. À l’inverse, c’est aujourd’hui la faiblesse européenne qui est déstabilisatrice.

Propos recueillis par Thomas Delage le 9 octobre 2024 dans le cadre des Rencontres stratégiques de la Méditerranée.

Légende de la photo en première page : Le 15 mars 2024, le chancelier allemand et le président français attendent l’arrivée du Premier ministre polonais à l’occasion d’un sommet trilatéral organisé en urgence pour parler de l’Ukraine afin de « mobiliser toute l’Europe ». Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonçait en 2019 que la Commission qu’elle dirigerait serait « géopolitique » et que le Haut représentant Josep Borrell a rappelé de son côté que l’UE devait « apprendre à parler le langage de la puissance », le défi reste encore entier. À ce titre, le conflit ukrainien constitue la véritable épreuve pour la crédibilité de l’Europe puissance. (© Shutterstock)

Article paru dans la revue Diplomatie n°130, « L’Union européenne face à ses défis », Novembre-Décembre 2024.

Pour aller plus loin sur les questions européennes : www​.touteleurope​.eu.

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