Les challenges d’une transition générale
Les Américains ayant effectué le travail de recherche et développement nécessaire pour établir le cahier des charges des conflits actuels et futurs, ils pèsent de tout leur poids dans la balance et vont, en parallèle, inciter d’autres puissances militaires à les imiter. Hormis l’aspect financier, les armées de l’OTAN ont peu d’intérêt à faire un autre choix, car elles bénéficieront des mêmes avantages offerts par ce nouveau calibre.
D’un point de vue technique, il y a un impact sur l’entraînement des soldats et les contraintes dictées par les lois de la physique : une ogive plus lourde, propulsée avec une énergie supérieure afin d’obtenir un effet terminal plus puissant que le 5,56 mm va induire un fusil un peu plus imposant (notamment son boîtier, sa culasse, son canon) et plus lourd, de même que les chargeurs, qui seront plus lourds ou vont contenir chacun un nombre inférieur de munitions. Mais ces paramètres peuvent être contenus dans une enveloppe acceptable pour les engagés volontaires qui porteront ces armes, ce qui semble être le cas aux États-Unis : le XM‑7 pèse 3,8 kg à vide contre 2,88 kg pour le M‑4, et ses chargeurs passent à 20 coups contre 30 coups sur le M‑4. La dotation standard en déploiement était de 210 coups répartis en 7 chargeurs pour le fantassin armé d’un M‑4. Elle passe à 140 coups, toujours répartis sur 7 chargeurs avec le XM‑7 : le soldat embarque donc 70 cartouches de moins tout en portant 1,8 kg en plus. Si le Pentagone fait ce choix-là, c’est que l’infanterie estime s’y retrouver.
Enfin, la transition d’un système d’arme à un autre ne se fait jamais d’un coup : si un pays de l’OTAN vient de s’équiper en HK416, rien ne signifie que ces armes seront rendues inutiles dès le prochain engagement de ses troupes au seul prétexte que l’US Army est approvisionnée en 6,8 mm. Cette dernière va mettre dix ans à se faire livrer les 107 000 armes qu’elle a commandées et ce, uniquement à ses troupes de mêlée. À ce jour, l’US Marine Corps et l’USSOCOM ne lui ont pas concrètement emboîté le pas. Enfin, si la seule urgence est de maintenir l’interopérabilité de l’OTAN au combat, les autres pays membres peuvent se contenter d’en faire autant, tandis que les anciennes armes continueront de servir dans d’autres contextes jusqu’à ce qu’elles atteignent leur fin de vie.
Légende de la photo en première page : Tir au XM-7, le nouveau fusil d’assaut de l’US Army. Le poids politique des États-Unis va peser dans l’adoption d’une nouvelle norme otanienne, autant que les contraintes opérationnelles. (© US Army)