Le 158 Phoenix est un 8 × 8 permanent, qui reprend la technologie qui a fait le succès de Tatra depuis des décennies, c’est-à‑dire un châssis avec poutre centrale dans laquelle passent les organes de transmission, sur lequel viennent se greffer les quatre essieux, dont les deux avant sont directeurs. La cabine blindée, pressurisée NBC, abrite les cinq personnels tout en servant de cabine de tir. Le système de suspensions est à demi – essieux indépendants avec ressorts et amortisseurs pour les deux essieux avant, et à ressorts et lames pour l’arrière. Afin d’améliorer l’aisance en tout – terrain, le conducteur dispose d’un système de variation de pression de gonflage afin d’adapter la pression des pneumatiques à la nature du terrain.
Le 4.0 est mû par un moteur américain turbodiesel six cylindres PACCAR MX‑13. D’une cylindrée de 12,9 l, il délivre une puissance de 483 ch et est couplé à une boîte de vitesses automatique à 16 rapports. Une boîte de transfert à deux étages avec blocage de différentiel permet d’évoluer sur les terrains les plus difficiles. Cette motorisation permet aux 28 t du 2S22 en ordre de combat d’atteindre la vitesse maximale sur route de 90 km/h et de franchir des marches de 60 cm, des tranchées de 2,1 m de large et des gués de 1,2 m de profondeur. Les 350 l de carburant embarqués assurent une autonomie d’environ 800 km.
À l’arrière de la caisse est installé le tube de 155 mm calibre 52. Les ingénieurs ukrainiens ne sont pas partis d’une feuille blanche, car ils semblent s’être inspirés du canon D‑22 de 152 mm de calibre 27 qui équipe la pièce automotrice 2S3 Akatsiya. Le tube a bien sûr été rallongé, et est désormais dépourvu d’évacuateur de fumée, n’étant plus sous tourelle. Il conserve néanmoins son embase striée et son frein de bouche caractéristique de forme triangulaire à deux évents. Compatible avec les munitions OTAN, le 2S22 peut tirer un large éventail de munitions, y compris l’obus Excalibur. Vingt munitions avec charges sont embarquées dans les coffres latéraux et la cadence de tir est de l’ordre de six coups par minute. Grâce à un système de géolocalisation autonome, la mise en batterie ne prend qu’une minute et demie.
Le calculateur balistique, développé par l’allemand Siemens, est installé dans la cabine de tir. Prévu pour être intégré à une chaîne de commandement artillerie, son ordinateur est pourvu d’un écran de contrôle principal alors qu’un second est installé sur un pupitre à l’extérieur à l’arrière gauche de la caisse. Cette technologie permet au 2S22 de délivrer des feux dans la profondeur du dispositif ennemi avec une grande précision jusqu’à 42 km avec des munitions HEIAP (High explosive incendiary armor piercing) et à plus de 50 km avec des munitions assistées par fusée.
Lors de la mise en batterie, une plateforme équipée de deux bêches d’ancrage est déployée à l’arrière par deux puissants vérins hydrauliques préservant l’essieu arrière du recul des départs de coups. Le chargement du canon semi – automatique est semblable à celui du 2S7 Pion, avec un bras de chargement monté à droite de la culasse alors que le poste tireur avec sa lunette se trouve à gauche du tube.
Légende de la photo en première page : La version initiale, sur châssis KrAZ-6322. (© Ukraine MoD)