L’arrivée au pouvoir du Parti d’action nationale, parti d’opposition, a déstabilisé le contrôle que le PRI exerçait sur le trafic de drogue, l’ancien président Vicente Fox Quezada (2000-2006) ne voulant pas négocier avec lui. En conséquence, ces organisations ont commencé à se diviser et à proliférer de manière incontrôlée (entre Sinaloa et Jalisco).
Des relations de pouvoir complexes pour le contrôle du fentanyl
En dépit des plaintes déposées par le gouvernement américain contre le cartel de Sinaloa et les triades chinoises dans la distribution du fentanyl (un puissant opiacé de synthèse), l’origine du problème provient de la consommation immodérée établie par l’industrie médicale et pharmaceutique aux États-Unis (les premiers à découvrir les énormes retombées économiques produites par cet opiacé). Le docteur Aída del Carmen San Vicente affirme que dans les années 1990, l’entreprise pharmaceutique Purdue Pharma, spécialisée dans les analgésiques, a mis sur le marché l’OxyContin (un médicament de la famille des opiacés). En 2013, CNN a rapporté que, pour lutter contre l’abus de cet analgésique, il serait soumis à prescription médicale. Cette mesure prohibitionniste a entrainé des pénuries et un besoin croissant des patients dépendants de se procurer le médicament, ce qui a provoqué une augmentation du prix du médicament et des vols dans les pharmacies.
Ces situations ont attiré l’attention d’autres acteurs qui étaient jusqu’alors restés en marge de ce phénomène, notamment le crime organisé mexicain et les cellules criminelles chinoises basées à Los Angeles, en Californie, qui, face à cette demande croissante, ont détecté une opportunité de gains économiques énormes : un kilo d’héroïne produit un bénéfice de 80 000 dollars, tandis qu’un kilo de fentanyl produit entre 1 280 000 et 1 920 000 dollars (DEA, 2017). C’est pourquoi le trafic de fentanyl est rapidement devenu l’un des piliers économiques du trafic de drogue pour le « Cartel de Sinaloa », pour les triades chinoises et pour les entreprises pharmaceutiques aux États-Unis, car aucune autre drogue n’offre autant de profit (6).
Les luttes que l’on peut observer au Mexique, dans différents États, sont le résultat de la rivalité de pouvoir pour le contrôle de la production, de la vente et de la distribution du fentanyl entre ces trois acteurs. Si le gouvernement, aujourd’hui représenté par le parti Morena, continue d’impliquer ou de protéger le cartel de Sinaloa, toutes les initiatives de lutte contre le phénomène ne sont que des discours officiels destinés à calmer la population.
Notes
(1) Rosario Cardiel Marín, « La migración china en el norte de Baja California », in María Elena Ota Mishima (coord.), Destino México: un estudio de las migraciones asiáticas a México, siglos XIX y XX, El Colegio de México, 1997, p. 190-191.
(2) Bretón Jorge Alberto Trujillo, « La casa del silencio: chinos y mexicanos en el mercado ilegal del opio y sus derivados en Guadalajara », Jalisco, 1917-1950, International Journal of Political History and Legal Culture, vol. 9, no. 3, p. 361-390, 2017.
(3) Adela Cedillo, « Una breve historia de la “guerra contra las drogas” en Sinaloa (1930-1969) », Parte I, Historias de Fuego, Revista Común, 9 novembre 2020 (https://rebrand.ly/544e95).
(4) Ana Luz Ramírez Zavala, « La justificación higiénica sanitaria en la campaña china, 1924-1934 », Letras Históricas, Guadalajara, no. 14, p. 159-183, printemps-été 2016, p. 169.
(5) Luis Astorga, El siglo de las drogas, Plaza & Janes, Mexico, 2005.
(6) Miguel Ángel Acosta Sierra, mémoire de maitrise, « Impacto geopolítico del fentanilo a escala continental », Mexique, CESNAV, 4 juillet 2024.
* Traduit de l’espagnol.
Légende de la photo en première page : Le 20 janvier 2024, l’armée mexicaine procède à la saisie de méthamphétamines et de fentanyl dans un laboratoire clandestin dans l’état du Sinaloa, à Culiacan. (© Shutterstock)
