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Lettonie : « La paix n’est pas gratuite, la liberté et l’indépendance ne doivent jamais être tenues pour acquises »

Les États baltes ne sont pas seulement des voisins, ils sont aussi les amis et les alliés les plus proches les uns des autres. La coopération entre la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie est très intense, tant sur le plan bilatéral que sous de nombreuses autres formes : Conseil des États baltes, Force expéditionnaire commune (JEF), Initiative des trois mers, Assemblée balte, Nordic-Baltic 8 (NB8), OTAN, UE, ONU, etc. Nous travaillons également en étroite collaboration pour renforcer notre sécurité collective grâce à des achats militaires conjoints, à la participation à des exercices communs et au développement d’infrastructures, telles que la ligne de défense de la Baltique, qui renforcera la défense de la frontière extérieure orientale de l’OTAN. En outre, les États baltes montrent l’exemple en matière d’investissement dans la défense — ils se sont tous engagés à atteindre 5 % de leur PIB dans les années à venir — et les trois pays ont assuré leur indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, en cessant toute importation de pétrole et de gaz et en se déconnectant du réseau électrique russe et biélorusse (BRELL).

Actuellement, les États baltes travaillent ensemble pour renforcer la coopération avec les États-Unis dans les domaines de la sécurité et de la défense, de l’énergie et des technologies nouvelles et émergentes. Récemment (le 25 mars), les ministres des Affaires étrangères des États baltes — Margus Tsahkna, Kęstutis Budrys et moi-même — ont rencontré le secrétaire d’État américain Marco Rubio à Washington. Il s’agissait de la deuxième visite conjointe des ministres baltes aux États-Unis au cours des deux derniers mois.

En juin 2024, les autorités lettones ont annoncé leur intention de renforcer la frontière avec la Russie. La stratégie étant que « pas un seul centimètre du territoire letton ne soit laissé sans défense ». La Lettonie craint-elle une attaque russe sur son territoire ? Et si oui, comment se prépare-t-elle ?

Nous sommes vigilants et nous prenons notre sécurité et notre défense très au sérieux. Notre histoire nous a appris que la paix n’est pas gratuite, que la liberté et l’indépendance ne doivent jamais être considérées comme acquises et qu’il faut toujours être prêt à défendre ses valeurs. 

L’OTAN est l’épine dorsale de la sécurité collective euro-atlantique et le restera. La Russie continuera de représenter la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés. Bien que nous ne soyons pas confrontés à une menace militaire conventionnelle, le concept de guerre de la Russie comporte plusieurs éléments et elle déploie déjà tout l’éventail des méthodes non conventionnelles contre tous les pays occidentaux. Il s’agit notamment d’opérations d’information hostiles, de cyberattaques, d’activités de sabotage, d’assassinats, d’instrumentalisation des migrations, de brouillage des signaux GPS. Nous devons être prêts à faire face à différents scénarios. C’est pourquoi, pour 2025, la Lettonie a alloué le budget de défense le plus important de l’histoire du pays — plus de 1,5 milliard d’euros, soit 3,66 % du PIB — et a pris la décision d’augmenter ce montant à 5 %. Au cours des cinq prochaines années, la Lettonie a l’intention d’investir 303 millions d’euros dans le renforcement de sa frontière orientale, qui est également la frontière extérieure de l’OTAN et de l’UE. En 2025, 45 millions d’euros seront consacrés au renforcement militaire de cette frontière, en plus des 25 millions d’euros investis en 2024. Ce financement servira à l’acquisition, par exemple, d’obstacles de contre-mobilité, de capteurs, de systèmes d’artillerie, d’équipements miniers et d’un soutien supplémentaire aux gardes-frontières de l’État.

L’effort de préparation en Lettonie va bien au-delà de la dissuasion militaire et des capacités de défense. Nous travaillons à renforcer la résilience de l’ensemble de la société, ce qui implique de placer l’individu au centre de la préparation. Cela implique d’incorporer la défense civile et la préparation aux crises dans les programmes d’enseignement, d’étendre la conscription et la participation à la garde nationale et aux forces de réserve, de renforcer la protection des infrastructures critiques, parmi d’autres mesures.

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