Les enjeux sont multiples. D’un point de vue militaire, le changement de régime tactique observé en Ukraine implique des investissements massifs dans les domaines liés aux drones, à l’artillerie ou encore à la guerre électronique et à l’intelligence artificielle. L’Ukraine elle-même produisait mensuellement, dès fin avril 2025, 36 obusiers 2S22 Bohdana et, début juillet, 200 000 drones de tous types. Ce véritable succès – source de bien des retours d’expérience – reste insuffisant, en particulier dans le domaine de la défense aérienne où la dépendance à l’étranger est presque totale – et alors que 25 000 Shahed ont été tirés entre janvier et juillet 2025 contre 14 000 pour 2023 et 2024. D’un point de vue stratégique, la guerre d’Ukraine constitue un test de cohésion européenne – au risque de la fragmentation – tout comme le rappel quotidien que le monde de la charte de Paris de 1990 n’a plus guère de valeur, et est, à n’en pas douter, observée de près par d’autres États dans un contexte où l’emploi de la force n’est plus un tabou.
Notes
(1) Joseph Henrotin, « Renouveau de la dissuasion conventionnelle ? Du tir de l’Oreshnik et de ses conséquences », Défense & Sécurité Internationale, no 175, janvier-février 2025.
(2) Joseph Henrotin, « Défense de l’Europe, an 2. Recompositions et adaptations à l’ère des perturbateurs », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 97, août-septembre 2024.
(3) Il faut ici rappeler qu’une bonne partie de la flotte américaine de transport maritime stratégique, datant des années 1980, est en mauvais état et que de nombreux bâtiments vont quitter prochainement le service sans être remplacés. Or cette flotte serait appelée à transporter l’essentiel des matériels américains en cas d’engagement en Europe, les APS (Army prepositionned stocks) étant insuffisants.
(4) À tempérer par leur nature propre. Voir les articles de Renaud Bellais et de Maxime Cordet dans ce hors-série.
(5) Joseph Henrotin, « De la durabilité de la puissance militaire française », Défense & Sécurité Internationale, hors-série no 31, août-septembre 2013.
(6) Y compris par des systèmes de barrage tactique et la sortie des traités sur les mines antipersonnel.
(7) Non sans critiques : la microflotte impliquerait un effet d’éviction quant à d’autres capacités, et ne peut être ravitaillée en vol par les Voyager, ne disposant pas de perches adéquates.
(8) Voir l’article qui est consacré à l’initiative dans ce hors-série.
(9) D’autant plus que la brigade est puissante : un bataillon blindé (44 Leopard 2A7), un bataillon mécanisé (44 Puma), un bataillon d’artillerie, des compagnies de reconnaissance.
(10) Il faut y ajouter près de 10 milliards en assistance humanitaire et en aide financière à l’État.
Légende de la photo en première page : Exercice des forces finlandaises. Les pays baltes et scandinaves consacrent d’importants efforts à leur remontée en puissance. (© Puolustusvoimat)














