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« Le ciel pour champ de bataille » : à propos de la nouvelle vision stratégique

Prenez les programmes les plus structurants : ils reposent tous sur ces principes de C2 intégré et de rapidité du ciblage (alerte avancée, défense antimissile, frappe dans la profondeur par exemple). Effectivement, cela ne va pas de soi, mais c’est clairement l’objectif. En ce qui concerne l’AAE, la modernisation du C2 avance, dans l’Air avec la modernisation du Système de commandement et de conduite des opérations aériennes (SCCOA) et la transition vers le système otanien Air command and control system (ACCS). Dans l’Espace enfin, nous franchirons cette année des jalons très importants : l’inauguration de notre première base aérienne à vocation spatiale à Toulouse en juillet, puis celle du bâtiment du Commandement de l’espace en fin d’année sur cette même BA 101. Notre C2 Espace prend corps. Quant à la perspective d’avenir, c’est la convergence des C2 Air et Espace.

Le recrutement est traditionnellement un point de vigilance dans les forces, tant il est essentiel pour le futur. Comment se présente la situation ?

Le recrutement dans l’AAE est aujourd’hui satisfaisant. Notre image d’une armée moderne et experte de l’Air et de l’Espace nous permet de rester très attractifs. Nous atteignons nos cibles de recrutement sans transiger sur le niveau d’entrée exigé. Nous multiplions les liens avec la jeunesse, et plus largement les actions en faveur de la cohésion nationale, comme d’ailleurs tous nos camarades des autres armées. Nous avons également des objectifs très ambitieux en ce qui concerne la réserve opérationnelle, qui doit doubler d’ici à 2030. Tous ces efforts sont pilotés et suivis de près par la direction des ressources humaines et par l’état-major de l’AAE.

Mes points d’attention concernent davantage la formation et la fidélisation. Nos métiers requièrent un haut niveau de technicité ; par conséquent, nos formations sont longues et coûteuses, et nous devons donc tout faire pour garder nos aviateurs aussi longtemps que possible. En termes de fidélisation, rien n’est définitivement gagné, mais il faut se réjouir du bilan 2024 qui marque un redressement clair des courbes. C’est le constat partagé par l’ensemble du ministère un an après le lancement du plan « fidélisation 360° ». En termes de formation, le cas des pilotes est particulièrement représentatif de nos défis. Nos écoles sont excellentes, mais en forte tension s’agissant notamment du nombre d’instructeurs que nous sommes en mesure d’y affecter depuis les unités de combat. Après des années de réduction des formats, la remontée en masse de nos effectifs ne peut se faire du jour au lendemain. Nous y travaillons résolument.

Propos recueillis par Joseph Henrotin, le 28 avril 2025.

Légende de la photo en première page : Un Rafale de l’escadron 1/4 Gascogne. Le passage au standard F4 se poursuit. (© US Air Force)

Article paru dans la revue DSI hors-série n°102, « Aviation de combat : vers un changement d’époque », Juin-Juillet 2025.
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