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Royaume-Uni – Nouveau déclin capacitaire

Les débats autour du meilleur moyen de faire face à la « bosse budgétaire » – estimée entre 20 et 30 milliards de livres sur la prochaine décennie – se poursuivent, en dépit d’un retour à la croissance du budget de défense depuis 2015. Londres pourrait se séparer de capacités navales dans les prochains mois. Les débats, toujours en cours, ne seront pas sans conséquence sur les capacités ni même sur la posture stratégique britannique. Ainsi, deux des 15 chasseurs de mines de la Royal Navy n’ont pas été modernisés. Surtout, deux autres annonces sont plus inquiétantes. Deux des 13 frégates de Type‑23 quitteraient ainsi le service et seraient vendues d’occasion, le Brésil et le Chili se montrant intéressés ; en sachant que la sortie de service de trois frégates aurait, un temps, été évoquée. De plus, les deux LPD de classe Albion pourraient quitter prématurément le service. Ces bâtiments sont la colonne vertébrale des capacités amphibies britanniques – en particulier dès lors que le porte-hélicoptères Ocean va quitter le service fin février – qui ont un temps été les plus puissantes d’Europe. Il ne resterait alors à Londres que ses trois LSD de classe Bay… et sa brigade de Royal Marines, que la France a offert d’embarquer sur ses BPC.

La situation de la Royal Navy reste complexe. Certes, le porte-avions Queen Elizabeth a été admis au service actif le 7 décembre. Mais la marine britannique ne s’est pas encore approprié les F‑35B, qui arrivent au compte-gouttes ; pas plus qu’elle ne dispose encore des hélicoptères Merlin d’alerte avancée. Le porte-avions ne peut donc, pour le moment, que participer à des activités d’entraînement et n’est pas opérationnel. Par ailleurs, la Royal Navy va perdre dès le début des années 2020 une partie de ses capacités antinavires (les missiles Harpoon), en attendant l’arrivée des futurs missiles développés conjointement avec la France. Elle fait également face à des problèmes techniques récurrents, en particulier sur ses destroyers de la classe Daring, dont les six exemplaires étaient un temps cloués au port afin de réparer des pannes sur la propulsion. Comparativement, la modernisation des Type‑23 (installation de missiles Sea Ceptor et du radar Artisan 3D notamment) se poursuit, mais à un rythme assez faible ; en sachant que les navires, très utilisés, ont perdu de leur potentiel. La première Type‑26, destinée à les remplacer, sera disponible dans la première moitié des années 2020.

Le volume exact de F‑35 pourrait également être revu à la baisse. Actuellement, les commandes britanniques sont de 48 appareils pour 9,1 milliards de livres (soit 215,37 millions d’euros/pièce), en sachant que, début décembre, 13 avaient été livrés. Depuis l’édition 2015 de la Strategic Defense and Security Review, la cible, un temps réduite, avait à nouveau été portée à 138 appareils. Or, le secrétaire à la Défense a indiqué que le nombre final dépendrait d’une nouvelle revue en cours d’élaboration, la priorité étant à l’équipement du Queen Elizabeth et du Prince of Wales. De facto, il semble virtuellement impossible d’établir une planification budgétaire de défense dans des conditions où un programme aussi structurant que le F‑35 connaît des variations de coût unitaire aussi importantes… Entre-temps, on a par ailleurs appris que 16 Typhoon allaient quitter le service pour servir de réservoirs de pièces de rechange, permettant d’économiser 800 millions de livres sur leur durée de vie prévisionnelle.

Brève parue dans DSI n°133, janvier-février 2017, mise à jour le 14 février 2018

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